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Avis sur : De la conservation... … ?
Qu’il s’agisse de notre patrimoine artistique ou de nos archives administratives, constituant l’un et l’autre, dans des registres différents, notre mémoire collective, la Région wallonne se distingue une nouvelle fois par ses manques. Interrogés par votre serviteur, les Ministres Daerden et Courard se sont retranchés pour l’un derrière le manque de budget et l’autre derrière la plus totale ignorance de la situation. La Belgique compterait jusqu’à 1500 peintures murales remarquables dont la plupart datant du Moyen-âge. Faute sans doute d’avoir fait l’objet d’un véritable intérêt, nombreuses d’entre elles doivent être protégées et restaurées au plus vite sous peine d’être définitivement perdues. En Région wallonne, le Ministre en charge du patrimoine n’a qu’une vague idée de ce que peut représenter ce patrimoine, preuve de l’intérêt qu’on lui porte. Le Ministre cite néanmoins le chiffre très approximatif de 150 œuvres. A la question de savoir s’il ne serait pas opportun de s’y pencher, le Ministre Daerden invoque « des contraintes d’ordre budgétaire qui obligent à faire des choix. » Tout au plus, le Ministre manifeste son intention « d’examiner l’opportunité de réaliser l’inventaire des peintures monumentales du Moyen Age en Wallonie. » Que l’administration du patrimoine, ou son clone créé par Jean-Claude Van Cauwenbergh, l’Institut du Patrimoine Wallon, ne dispose pas d’un budget illimité je veux bien l’admettre. Mais là où je dénonce de nouveau une gestion très socialiste des choses, c’est dans la manière dont ce budget est réparti entre plusieurs centres d’intérêt. Il faut en effet savoir que 70 à 80% de ce budget est consacré à la restauration de grands édifices dont le caractère prioritaire est parfois discutable. Que penser en effet de la restauration du lavoir triage de Binche pour grosso modo 1 milliard d’ancien francs pour satisfaire les ambitions sous-locales soi-disant patrimoniales de certaine ?
La même question peut être posée pour la restauration de la plupart des grands édifices de notre Région wallonne qui « mangent » annuellement le budget patrimoine. Le solde doit alors être réparti entre le patrimoine privé, qui récolte peanuts et surtout attend des années pour une subsidiation de quelques milliers d’euros et les éventuels nouveaux projets « après examen de l’opportunité de s’y pencher » bien entendu.
Incendiaire, provocateur pensez-vous ? Pas tant que ça, juste une réflexion sur une meilleure répartition des ressources disponibles pour satisfaire le plus de projets possible et les vraies urgences. Ne pourrait-on pas étaler un peu plus la restauration de certains édifices budgétivores, publics et inutilisés depuis parfois des dizaines d’années, au bénéfice de projet moins coûteux mais à forte valeur historique et patrimoniale ? La question est posée … comme celle d’ailleurs de nos archives administratives, judiciaires ou policières. Souvent assimilées à un tas de papier poussiéreux, et ce n’est pas faux, ce type de documents n’en renferme pas moins des pans entiers de notre histoire, consignés depuis des décennies et constituant aussi une forme de mémoire susceptible d’être fouillée et d’alimenter recherche, critique ou vérité historiques. Mais voilà, ici encore, en interrogeant le Ministre des Affaires intérieures, Philippe Courard, il a bien du avouer, lui, ne pas avoir conscience du problème, donc ne parlons même pas de son ampleur. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre mémoire, c’est notre passé comme assise de notre avenir. Sans doute faudra-t-il encore des années et bien des archives ou des peintures murales perdues pour se rendre compte de ce que certains ont laissé de côté en privilégiant les « grands » projets. Un chose est sure, je ne perdrai pas la mémoire pour le rappeler régulièrement aux ministres concernés. |