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Avis sur : L’interdiction de fumer dans les écoles : serait-il interdit d’interdire… ?
L’entrée en vigueur dès ce 1er janvier 2006 de l’interdiction de fumer sur le lieu de travail a été reçue de manière globalement positive et les fumeurs ont plutôt tendance à envisager de réduire voire d’arrêter de fumer que d’annoncer la resquille comme nouveau sport des Wallons. Cette mesure est complétée par une autre que la Chef de groupe MR au Parlement de la Communauté française, Françoise Bertieaux, et moi-même avons déposée visant à interdire le tabac à l’école. A l’occasion de la journée mondiale sans tabac, le point a été fait sur l’évolution de la consommation de tabac dans notre pays. Si l’on doit se réjouir de la diminution significative de la consommation de tabac en Belgique, il est un constat alarmant : la consommation de tabac chez les jeunes a très fortement augmenté. Les lieux où les jeunes peuvent fumer leur première cigarette sont nombreux mais il y en a un par excellence où elle doit être bannie : c’est l’école. Plusieurs études démontrent qu’ après avoir touché à la première cigarette, le lien qu’il y a entre fumer la cigarette et fumer du cannabis peut également être établi. On diminue donc fortement les chances pour un jeune d’entrer dans cet engrenage s’on restreint les possibilités de fumer et surtout là où il y a une forte concentration de jeunes … à l’école en premier lieu et au quotidien. Il existe plusieurs législations en la matière relatives à la lutte contre le tabagisme, interdisant de fumer dans certains lieux publics ou encore depuis le 19 juillet 2004, interdisant la vente de tabac aux mineurs de moins de 16 ans mais cette législation est insuffisante puisque ne règle pas le cas des lieux « ouverts ». La proposition faite par Françoises Bertieaux et moi-même s’inscrit dans l’arsenal législatif existant mais va beaucoup plus loin en tendant à interdire totalement l’usage du tabac dans l’enceinte de l’école ainsi qu’au cours des activités organisées par un établissement scolaire en dehors de son enceinte, tels, par exemple, les excursions et voyages scolaires, les activités culturelles, … Elle vise par ailleurs à renforcer les actions préventives de lutte contre le tabagisme en milieu scolaire. Cette proposition ne vise cependant pas les enseignants , ils sont eux soumis à l’Arrêté royal du 19 janvier 2005 prévoyant une interdiction de fumer sur les lieux de travail, excepté dans le local expressément prévu à cet effet, et dans les équipements sociaux.
Le corps enseignant applaudit notre initiative. « Sur le fond du problème, on ne peut que saluer ce courage et approuver votre initiative » me dira le proviseur d’un Athénée Royal de la Communauté française mais évoque une difficulté de faire respecter l’interdiction sur le terrain.
Il est clair que les adolescents ont envie de transgresser les interdits , nous en sommes conscients, mais l'interdiction de fumer à l'école et pendant les activités organisées par elle n'est certainement pas le seul interdit que le milieu scolaire imposerait aux ados. La proposition de décret que nous avons déposée Françoise Bertieaux et moi le 1er juin dernier prévoit aussi qu'une information sur les dangers de l'usage du tabac soit dispensée dans les classes régulièrement et que des informations sur le sujet soient affichées dans les écoles, il n’est donc pas question de faire l’impasse sur la prévention. Elle doit être associée à l’application de la proposition. Dans le même ordre d’idée, il a semblé indispensable de prévoir un accompagnement tant du milieu éducatif que des élèves eux-même. Des amendements seront déposés en ce sens et toutes les idées sont les bienvenues. Lors de l'examen en commission ,nous avons commencé par entendre des personnes issues de l'enseignement : préfet, éducateur du libre et de l'officiel, médecin scolaire, responsable de PMS, la ligue du cancer et un médecin tabacologue. Tous ont marqué un accord sur l'importance d’émettre d'un signe fort comme l'interdiction mais avec des nuances sur l'application et ils ont insisté sur la nécessité de réfléchir à la sanction en fonction du projet éducatif de l'école. Ce que nous voulons n'est pas interdire pour le plaisir d'interdire mais c'est donner un signal fort à un moment où le monde des adultes est, lui, soumis à une interdiction très dure sur les lieux du travail et dans les lieux publics. Tout le monde en est parfaitement convaincu, et j’en suis le premier persuadé, que le meilleur moyen de s'arrêter de fumer, c'est de ne pas commencer. |