Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
– Je voudrais rappeler qu’en terme de fréquentation, le secteur de la lecture publique est le deuxième
opérateur culturel, juste après les salles de cinéma.
Parmi les politiques culturelles de la Communauté française, c’est celle qui a le meilleur rendement.
En 2004, 586 941 citoyens et 10 832 groupes ont fréquenté les bibliothèques publiques.
Cela représente pour le public individuel 14%de la population et 16% de fréquentation si l’on y ajoute les
collectivités.
Il n’entre pas dans mes intentions de nier la baisse tendancielle de visites des bibliothèques.
Je voudrais néanmoins nuancer votre constat.
Le taux de fréquentation des bibliothèques a chuté d’un peu moins de 2 %, c’est exact.
En revanche, il n’y a pas eu 9 % de nouvelles bibliothèques reconnues.
Durant la période que vous envisagez, j’ai conclu six nouveaux contrats-programmes et en ai supprimé quatre
pour des raisons de non-respect de la législation en matière de lecture publique.
Il y a donc deux réseaux de plus et au total, c’est de 1,7 % que le nombre d’implantations locales augmente.
En outre lorsque nous reconnaissons une bibliothèque, il s’agit généralement d’un établissement existant et
non d’une création.
À quel titre devrais-je refuser à certains pouvoirs organisateurs locaux le soutien que j’accorde à d’autres ?
Quelles que soient les nouvelles fonctions des bibliothèques et leur offre de ce que vous appelez les
« produits dérivés », je souhaite affirmer que la mission première de la bibliothèque reste le prêt du livre.
Certaines au demeurant n’assument que cette tâche.
L’objectif des bibliothèques lorsqu’elles se tournent vers d’autres activités n’est pas de camoufler la
diminution du nombre d’usagers, mais de trouver des solutions pour tenter d’y remédier.
Le « produit dérivé » le plus utilisé au sein des bibliothèques est l’animation, dont l’objectif est
précisément d’attirer de nouveaux publics, et d’en faire des lecteurs réguliers.
Il est donc inexact de dire que les bibliothèques mènent des activités qui encouragent à mettre le livre de
côté.
Mon but est bien d’amener de nouveaux publics à la lecture et certainement pas de créer un écran de fumée
destiné à masquer quelques difficultés.
La légère diminution de fréquentation par les publics scolaires a amené les bibliothécaires à faire de gros
efforts pour les faire revenir ; les rapports 2005 et 2006 devraient en rendre compte.
En conclusion, vous avez raison de souligner que les bibliothèques voient leur nombre d’usagers diminuer.
C’est préoccupant, mais ce n’est pas dramatique.
Je mettrai tout en oeuvre dans les années à venir pour trouver des solutions à ce problème.
La modernisation du secteur de la lecture publique nécessite une révision de la législation, qui tienne
compte des nouvelles missions des bibliothèques, et des moyens budgétaires importants.
Sous réserve des marges disponibles, j’ai prévu une augmentation de deux millions d’euros pour 2008 dans le
cadre des « priorités culture ».
La législation en cours de révision favorisera les collaborations entre les bibliothèques et les autres
acteurs culturels et éducatifs de manière à conquérir de nouveaux publics.
J’ai également programmé une grande campagne de revalorisation de l’image des bibliothèques qui s’étendra de
l’automne 2007 à la fin 2008.
Je ne puis que vous recommander la lecture du cahier du Centre de lecture publique de la Communauté française
consacré à l’évolution du réseau de la lecture publique en 2004, dont les chiffres sont un peu plus détaillés
et permettent de compléter l’analyse de la feuille de liaison Faits et gestes, qui n’est qu’un résumé.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je crois madame la ministre que nous ne sommes pas loin de penser la même
chose.
Si ce n’est qu’en tant que parlementaire, j’ai une analyse des chiffres un peu plus critique que la vôtre.
La lecture publique est effectivement une des activités qui donne le meilleur rendement en Communauté
française.
Mais à partir du moment où on constate une baisse ou une stabilisation, il est logique qu’on s’interroge.
Je pense qu’il faut veiller à ce que les autres secteurs de la communication n’entraînent pas une diminution
du goût des jeunes pour la lecture.
On ne lit pas un livre comme on lit sur un écran d’ordinateur.
L’activité intellectuelle est différente et il faut tout faire auprès des jeunes et dans les milieux
scolaires pour que le goût du livre et de la lecture, qui amène à la réflexion, soit développé.
Je crains que la lecture ne soit remplacée par le surf sur Internet ou le zapping télévisuel.
Je lirai avec intérêt le document que vous m’avez remis.
Tous les acteurs de la culture devraient aujourd’hui se soucier de la désaffection du livre.