Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
Monsieur le député, je crois beaucoup à l’importance des salles d’art et d’essai et je pense l’avoir montré.
Celles-ci constituent l’un des principaux lieux de diffusion des films artistiques de qualité. Elles proposent
au public un cinéma différent, intéressant, de qualité, de diversité. Elles sont soutenues par la Communauté
française et s’organisent grâce à Diagonale.
Ce réseau développe plusieurs objectifs et offre de nombreux avantages. Il permet en premier lieu la mise en
place de synergies entres les différents cinémas. Déjà dans la note « priorités culture », document de
conclusion des États généraux de la culture, je mettais l’accent sur l’importance de développer de telles
synergies, tant entre opérateurs qu’au niveau de la diffusion ou de l’identité.
En deuxième lieu, Diagonale devient un lieu de dialogue entre les exploitants et il permet des synergies. Il a
pour mission de développer toutes les initiatives utiles à la défense d’un cinéma de qualité et à la
promotion du réseau d’art et d’essai. Cela se traduit, notamment, par l’événement dont vous avez eu écho.
Enfin, le réseau est devenu un partenaire privilégié de concertation entre la Communauté française et les
opérateurs qui le composent. Dans ce cadre, le réseau reçoit une subvention de 100 000 euros pour
l’organisation d’événements ou encore pour l’achat de matériel numérique.
Contrairement à ce que vous affirmez, ce n’est pas la première action du réseau, bien que la projection du
film finlandais La lumière du faubourg soit – selon les opérateurs – le début d’une communication plus
importante et d’actions plus régulières.
En effet, dans un premier temps, le réseau s’est organisé et plusieurs concertations ont eu lieu. Cela s’est
traduit de manière concrète par l’achat d’un nouveau matériel de projection qui permet désormais aux salles
de projeter des films numériques n’existant pas sur pellicule.
Le réseau a également organisé une journée commune de projection au cours de laquelle le prix du billet
d’entrée fut réduit et des animations particulières furent organisées.
Il est d’autant plus important de soutenir l’art et l’essai que la tendance générale de fréquentation des
salles de cinéma, commerciales ou d’art et d’essai, n’est globalement pas très favorable ces dernières
années, comme votre question l’a souligné. L’année 2006 venant de s’achever, je n’ai pas encore en ma
possession les chiffres complets de fréquentation. L’offre cinématographique est fort importante, mais la
fréquentation des salles d’art et essai est évidemment nettement moindre que celle des salles commerciales.
C’est pourquoi il est important de continuer à sensibiliser toujours plus le public et de promouvoir ces
salles.
Quant au Palace, le contrat-programme de ce cinéma précise bien les conditions de non concurrence avec les
autres salles. Toutefois, le réseau représente avant tout le développement de synergies entre les salles et
la concrétisation d’actions communes. Il s’agit donc de réaliser un travail de communion. Dans ce cadre,
il serait heureux que le Palace intègre le réseau une fois en activité.
En ce qui concerne les travaux du Palace, l’architecte désigné se penche actuellement sur l’avant-projet en
se basant sur une enveloppe budgétaire fermée. Les adjudications pourront se faire ensuite, une fois cette
étape franchie et les permis délivrés. Les travaux débuteront au plus tôt à la fin de l’année 2007. Aucun
dépassement de budget n’aurait donc pu se dessiner actuellement. Par ailleurs, je me permets de vous
rappeler que c’est l’asbl Le Palace qui est maître d’ouvrage pour ce chantier.
En conclusion, il me semble essentiel, à une époque où l’offre cinématographique est omniprésente, mais
soumise à une forte pression commerciale, de faire découvrir des films en veillant à défendre la diversité
culturelle. C’est pour cette raison que la Communauté française soutient les salles d’art et d’essai. Si
j’ai également décidé de soutenir le réseau, c’est parce que je pense que cette action engendrera un résultat
fructueux. Nous serons donc tous attentifs au développement de ces projets. Dès que je serai en possession
des chiffres pour 2006, je ne manquerai pas de vous les communiquer.
M. Philippe Fontaine (MR). – Madame la ministre, je suis moins rassuré par la présente réponse que par
la précédente, non que je sois inquiet au sujet de votre intérêt pour le cinéma d’art et d’essai ; je le suis
plutôt au sujet des risques pour la survie de divers lieux, risques engendrés par la multiplication de
l’offre. C’est pourquoi disposer des chiffres nous aurait permis d’établir une comparaison de l’évolution.
Sans doute suis-je trop pressé ; j’attendrai.
Quant à l’enveloppe fermée destinée au Palace, vous me répondez simplement qu’elle existe et qu’il s’agit
d’une asbl. D’accord, mais si elle ne suffit pas, vous serez bien forcée d’ouvrir votre bourse ; dans le cas
contraire, l’asbl ne pourrait pas faire face à ses obligations. Aussi restons attentifs. Je ne dis pas que
l’augmentation est effective, mais des bruits courent à ce propos et, parfois, les rumeurs se confirment.
Je n’aime pas véhiculer des rumeurs, mais je préfère faire part de mes inquiétudes car, parfois, elles
peuvent se transformer en certitudes.
En ce qui concerne le réseau Diagonale, ce film finlandais constituait la première manifestation publique
réellement médiatisée ; c’est pourquoi je ne relevais que ce seul événement. Je vous remercie donc de nous
avoir expliqué que des réunions techniques avaient été organisées et que des achats de matériel avaient déjà
été effectués. J’y reviendrai lorsque les chiffres seront disponibles.