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Questions orales

     

 Questions du 14/11/06

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  Le programme Erasmus et ...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon à Marie Dominique Simonet, Ministre de l’Enseignement Supérieur, concernant :
« Le programme Erasmus et les pays anglo saxons »


Madame la Ministre ,
Ce 18 avril 2006, je vous interrogeais déjà sur le programme Erasmus et en particulier sur la croissance des échanges d’étudiants ce dont il faut se réjouir bien que notre pays ne compte que 2114 étudiants qui sont allés étudier à l’étranger sur 144.037 en 2004-2005.

D’une manière générale, vous m’appreniez qu’il y avait des destinations, comme l’Espagne, l’Italie ou la France qui étaient plus courtisées que d’autres. Les pourcentages alignés venant confirmer vos dires par le volume d’échange que cela représente.

Les pays qui restent en arrière, et pourtant non des moindres, sont les pays anglo saxons. Une information diffusée pendant les vacances confirme que sur les 2114 jeunes qui ont choisi cette voie en 2004-2005 le Royaume Uni en comptabilise seulement 177.

En réalité, j’apprends là que les demandes sont en fait très fortes pour les pays anglo saxons mais que ce sont ces pays qui ne nous envoient pas assez d’étudiants. Il devient donc difficile de satisfaire à toutes les requêtes puisque le principe est bien basé sur des échanges qui doivent être relativement équilibrés. Ainsi, seulement 51 étudiants sur 570 partants tous pays confondus partiront pour la Grande Bretagne alors que les inscrits là-bas pour venir en Belgique ne sont que 12 sur 380 partants. Les universités anglaises pourraient dès lors restreindre leur offre à l’avenir.

Mes questions seront les suivantes Madame la Ministre :

Votre réponse à ma précédente question sur le sujet faisait état de notre capacité d’accueil plus restreinte pour justifier d’être loin du peloton de tête en matière d’échanges Erasmus. Je veux bien entendre l’argument mais alors pourquoi ne joue-t-il pas aussi pour les pays qui représentent les destinations les plus prisées avec lesquels nous devons bien aussi respecter le principe de l’échange et donc assumer l’accueil des arrivants de ces pays ? Autrement dit, les pays les plus prisés monopolisent-ils toute la capacité d’accueil ne laissant rien pour d’autres pays qui se retrouvent alors nécessairement dans le peloton de queue alors que la demande est forte ?

Si tel est le cas, pourquoi une forme de « priorité » serait-elle donnée à certains pays plutôt qu’à d’autres ?

On pourrait remettre cet état de fait sur le succès des nouveaux pays tels que la Tchéquie, la Hongrie ou la Turquie mais ces destinations bien qu’en hausse restent encore assez marginales. Le Royaume-Uni connaît-il un déficit de promotion de notre pays dans ses Universités expliquant le phénomène ?

Vous évoquiez également l’importance de l’argument de la qualité de l’enseignement ainsi que des critères socio-économiques dans les critères de choix. Il y a donc fort à parier que nos étudiants trouvent dans l’enseignement anglo-saxon la qualité qu’ils recherchent et jugent la Grande Bretagne comme socio économiquement intéressante. N’en serait-il pas de même de la part des étudiants anglais envers la Belgique ? Pourquoi ?

Quelles mesures comptez-vous prendre pour explorer cette situation plus avant ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner .
Réponse de la Ministre Marie Dominique Simonet,
– Je n’ai pas beaucoup plus de détails à vous fournir que ceux que j’ai fourni lors de ma réponse le 18 avril dernier. Dans le système Erasmus, une université n’aura une grande capacité d’accueil pour les étudiants d’une autre institution que si cette dernière accepte de recevoir beaucoup de jeunes en retour, mais également si ses propres étudiants souhaitent aller dans l’université qui invite.

C’est une sorte d’échange de réciprocité : si on a envie d’envoyer des étudiants à l’étranger, on doit pouvoir accueillir des étudiants étrangers et donc créer des places à cet effet.

Il n’y a pas de priorité. La seule priorité réside dans le chef de chaque étudiant.
Il a la liberté d’avoir envie, pour des raisons académiques, d’intérêt pour une culture ou personnelles, d’aller dans tel ou tel pays.
Comme je l’ai indiqué récemment, l’apprentissage de l’anglais reste généralement la priorité de nos étudiants, mais aussi sans doute de la majorité des étudiants européens non anglophones.
Cela explique le fait qu’il y a plus d’étudiants non anglophones dans les programmes Erasmus que d’étudiants anglophones.
Il y a donc une pression très forte sur le Royaume-Uni et l’Irlande.
Une des raisons du développement de nouvelles destinations tient au fait que les nouveaux pays européens, mais aussi les pays scandinaves, offrent des cours bilingues.
Généralement, ils offrent également une formation en anglais.
Cela permet à nos étudiants de concilier plusieurs apprentissages.
On constate par contre que traditionnellement, les anglophones sont moins tentés d’apprendre une autre langue.
Enfin, pour creuser cette question, il faudrait faire une enquête sur la motivation des étudiants à partir en Erasmus.
Comment ont-ils choisi, comment ont-ils sélectionné leur pays, est-ce sur la base d’une étude, de la qualité d’une formation spécifique correspondant à leur cursus ? Si le futur Conseil supérieur de la mobilité des étudiants dans l’enseignement supérieur estime qu’il s’agit d’une priorité, je ne manquerai pas d’y prêter toute mon attention.

M. Philippe Fontaine (MR). – Votre réponse explicite un peu vos propos du mois d’avril, madame la ministre. Je reste persuadé qu’il faut essayer de comprendre davantage les raisons pour lesquelles les anglophones ne viennent pas chez nous.
Cela crée en effet un handicap pour nos étudiants, qui auront des difficultés à trouver des possibilités d’échange dans le cadre d’Erasmus dans le futur.
Je pense donc qu’il serait intéressant de s’en préoccuper dès à présent, et non d’attendre que cela devienne une urgence.
Nous avons intérêt à ce que nos étudiants utilisent ces programmes, notamment dans les pays anglo-saxons.
Il faut donc essayer de trouver un moyen pour rétablir l’équilibre.
Sachant que les Anglo-saxons ont peut l’envie d’aller dans des pays où l’on parle une autre langue que l’anglais, l’équilibre ne se rétablira pas de lui-même.
Le déséquilibre sera permanent si l’on n’agit pas.