Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
– Vous êtes particulièrement bien informé ; la commission de sélection et d’évaluation créée par le décret du 24 mars 2006
relatif à la mise en œuvre, la promotion et le renforcement des collaborations entre la Culture et l’Enseignement, s’est
effectivement réunie les 15 et 22 juin 2006, afin de sélectionner les projets de collaborations durables et ponctuels
commençant à la rentrée scolaire prochaine. La ministre de la Culture et moi-même devons recevoir incessamment les
résultats des travaux de la commission afin de proposer au gouvernement les projets de collaborations qui feront l’objet
d’une subvention.
Le choix du gouvernement a été de lancer les appels à projets dès cette année, afin de ne pas pénaliser les écoles, malgré
les délais très courts et l’ampleur de la tâche pour l’administration. Nous pouvons néanmoins nous féliciter de ce choix
puisque la cellule « culture enseignement » a enregistré pas moins de 421 projets de collaborations durables et 115
projets de collaborations ponctuelles pour le premier semestre de l’année scolaire. Je ne vous ferai pas l’injure de vous
rappeler que la sélection est opérée par une commission de sélection et d’évaluation pluraliste et indépendante sur la
base des critères fixés par le décret voté il y a un peu plus de trois mois.
Je n’apprécie pas du tout votre interprétation « partisane » des choix ; en effet, d’une part, je n’ai pas encore
connaissance des projets et, d’autre part, le décret établit des critères là où, hier, régnait le flou. Le décret prévoit
par ailleurs que le conseil de concertation, organe de conseil du gouvernement créé par le décret, puisse affiner certains
de ces critères ou en proposer de nouveaux s’inscrivant dans l’esprit du texte.
Durant la première année d’application du décret, la commission a mis le doigt sur certaines précisions à apporter par le
conseil de concertation pour les futures sélections. Après en avoir débattu, la commission a décidé de faire remonter au
conseil la problématique de la limitation du nombre de projets par opérateur culturel. Les autres gardes-fous que vous
évoquez pourront sans nul doute y être également examinés. Quant à l’asbl Éclat et les projets de collaboration introduits
par cette dernière, sachez que ces dossiers ont été jugés recevables par la cellule « culture et enseignement », au vu des
critères de recevabilité (délai, forme, etc.) énoncés dans le décret.
C’est ce qui a justifié l’envoi de courriers informant du transfert du dossier en commission, auquel vous faites allusion.
Par ailleurs, la commission de sélection a été contrainte d’écarter les projets de collaboration auxquels l’opérateur
culturel prenait part, soit qu’il n’était tout simplement pas identifié, soit qu’il ne répondait pas à la définition
d’opérateur culturel telle qu’établie notamment dans les décrets « arts de la scène », « musées », « centres culturels ».
À cet égard, vous conviendrez que l’asbl Éclat ne peut être qualifiée en tant que telle d’opérateur culturel.
La ministre de la culture n’a en tout cas pas estimé qu’il s’agissait d’une asbl opérant dans le secteur de la création
artistique et ayant fait l’objet d’un rapport d’inspection de la part de la direction générale de la culture dans le but
d’accéder, le cas échéant, à un financement. Les soirées de présentation des projets de promotion culturelle dans les
écoles en discrimination positive ont lieu depuis 1999 et connaissent un réel succès. Le secrétaire général à l’initiative
de cette opération a estimé qu’il serait gratifiant et motivant pour les élèves et leurs professeurs de présenter le
résultat de leur travail à leurs parents ainsi qu’aux autres élèves et enseignants. Mme la ministre de la Culture et
moi-même avons soutenu ce concept. Sur le plan de l’organisation de cette soirée de présentation, la Ville de Mons a mis à
disposition la salle du théâtre et c’est le secrétaire général qui a pris en charge les frais relatifs à l’événement, à
savoir le déplacement des élèves en car ainsi que les boissons. Enfin, vous me demandez si nous favorisons l’accès de tous
à la culture. En toute modestie, je crois pouvoir répondre « oui » en ce qui concerne les élèves.
Oui, car un nouveau Prix des lycéens du Cinéma belge francophone a attiré plus de 3.500 élèves des classes terminales et
leur a fait découvrir un autre cinéma, proche d’eux mais parfois si souvent méconnu d’eux. Oui, car dès la rentrée
prochaine, les groupes scolaires bénéficieront de la gratuité pour accéder aux musées. Oui, car ce sont déjà 170 projets de
collaboration écoles-opérateurs culturels qui seront soutenus dès cette rentrée scolaire ; il faudra y ajouter la
cinquantaine de projets de collaboration ponctuelle durant le second semestre contre 156 projets pour l’entièreté de
l’année scolaire.
Nous ne comptons pas en rester là. Je pense donc que les objectifs sont atteints et pourront même être dépassés par ce
décret « CultureÉcole ».
M. Philippe Fontaine (MR).
– Je remercie Mme la ministre, mais je ne comprends pas son irritation.
Mme Marie Arena,
– Je n’accepte pas qu’on me traite de partisane !
M. Philippe Fontaine (MR).
– Permettez-moi de terminer, madame la ministre. Manifestement, la répartition des projets retenus par la commission est
contestable.
Vous nous dites que vous n’avez pas encore les dossiers mais, au cours des débats, nous avons assisté à quelques
revirements. Je ne suis pas sûr que tout se soit passé dans la sérénité absolue. La commission est revenue sur des
décisions prises le 15 juin ; par la suite, nous avons assisté à un retour vers des décisions déjà prises. Mais je ne
polémiquerai pas sur des dossiers en particulier.
Il faut retenir qu’une asbl subventionnée par la Communauté française n’est pas considérée comme opérateur culturel alors
qu’elle avait été chargée d’une mission particulière en la matière et qu’elle est présidée par le secrétaire général. Il
s’agit d’une asbl à caractère pluraliste qui avait fourni divers projets dans les années précédentes.
Avec ce type de sélection, sur laquelle nous reviendrons, une répartition géographique est difficile à obtenir et je le
regrette. À mon sens, il est anormal de trouver des concentrations à certains endroits. Il convient d’examiner cet élément.
Madame la ministre, puisque vous n’avez pas encore les dossiers, il vous est loisible de remédier au problème.