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Questions orales

     

 Questions du 15/06/06

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  La charte de collaboration entre le...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Fadila Laanan, Ministre de la Culture, concernant : « La charte de collaboration entre le Palace des Frères Dardenne et les autres salles « Art et essais » de la Région bruxelloise »

Madame la Ministre,
Le 19 janvier 2006, je vous interrogeais sur le projet de rénovation et d’équipement de l’ancien Cinéma PALACE à Bruxelles. Mes questions portaient surtout sur la manière dont le projet des Frères Dardenne avait été choisi parmi plusieurs autres projets d’autant qu’il ne semblait pas être le plus rentable a priori. Un autre aspect que j’abordais était de savoir comment il avait été tenu compte dans ce projet des autres salles de cinéma d’art et d’essai soutenues par la Communauté française afin de ne pas mettre en péril des salles audacieuses mais parfois marginales qui ne font pas salle comble très souvent.

Si vous vous êtes retranchée derrière l’appréciation du Comité d’experts pour la faisabilité du projet vous vous êtes bien gardée de vous prononcer sur sa viabilité reconnaissant au passage que les chiffres de fréquentation des salles étaient en recul depuis justement l’analyse qu’avaient faite les experts du projet Dardenne.

En ce qui concerne l’ouverture d’un nouveau complexe dans un créneau qui est loin de remplir les salles, vous parliez de « garanties conventionnelles apportées par les Frères Dardenne et consorts. »

Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :

le Gouvernement de la Communauté française vient d’approuver la mise à disposition du cinéma LE PALACE ainsi que le contrat-programme de l’asbl qui va mettre en place et piloter le projet des frères Dardenne. On peut cette fois augurer qu’un nouveau complexe dédié au cinéma d’art et d’essai verra le jour dès 2008 , le temps que le bâtiment soit rénové. La Communauté française a approuvé fin 2005, un budget de rénovation de 2,5 millions d’euros pour rénover le bâtiment et l’équiper mais il semble aujourd’hui qu’il ne s’agisse que d’une première phase de travaux. Prévoit- on d’autres phases ? Lesquelles ? quel en est le montant ? Ces phases seront-elles financées par la Communauté française ?

Depuis janvier 2006 et avant que la Communauté française donne son blanc seing au projet, la rentabilité de celui-ci a-t-elle été recalculée au vu de la réalité de 2006 en matière de fréquentation des salles de cinéma en général et des salles spécialisées en particulier ? Pouvez-vous dès lors vous prononcer sur la viabilité du projet  ou continuez-vous à faire référence aux conclusions d’un comité d’experts qui datent de 2003 ?

En cas de déficit du projet, à l’heure où la fréquentation des salles est en baisse, la Communauté française a-t-elle prévu des compensations ? existe-t-il des engagements allant dans ce sens tant vis-à- vis du projet Dardenne que vis-à-vis des salles qui verraient chuter leur fréquentation ?

Pour éviter une concurrence déloyale vis-à-vis des salles d’art et d’essai, vous déclarez que le contrat-programme prévoit une charte de collaboration entre l’asbl et les autres salles. En quoi consiste cette charte de collaboration ? Sur quoi porte –t-elle ? Précise-t-elle la nature des films partagés ? Vous parliez de « garanties conventionnelles apportées par les Frères Dardenne et consorts » s’agit-il de cette charte ou d’autre chose ? Et quoi ?

A contrario, cette obligation écrite de fournir des copies des films projetés au PALACE aux autres salles, ne risque-t-elle pas de mettre en péril le projet PALACE lui-même ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
L’asbl Palace prévoyait effectivement dans son plan, qui a été soumis sous la précédente législature, la création d’une quatrième salle de projection. Néanmoins, le gouvernement n’a pas pris d’engagement à ce sujet. Ce projet n’a pas été planifié et aucun engagement budgétaire – ou d’étude de faisabilité – n’a été fait pour en financer sa réalisation. Vous semblez mettre en doute sa rentabilité et voir le Palace déjà fermé alors qu’il n’est pas encore ouvert !

Donnez-lui sa chance.

Je pense que les frères Dardenne s’y connaissent suffisamment pour qu’on ne remette pas en cause leur expertise ! Le contrat-programme dispose que cette asbl devra respecter son plan financier. Aucune compensation n’est prévue en cas de perte. Des mesures d’évaluation y sont précisées comme pour tous ces types d’accord. Enfin, le Palace devra développer un maximum de synergies avec les autres cinémas de la Communauté française.

C’est bien dans cette optique de collaboration que les salles doivent évoluer. Cette préoccupation suit les « priorités culture » de la déclaration de politique communautaire. Le Palace s’est engagé à discuter l’élaboration d’une charte de collaboration avec les autres cinémas d’art et d’essai.

Il ne s’agit pas d’un joug qui a pour but d’étouffer ce secteur. Il s’agit d’un accord de développement passé directement entre les salles. En attendant, pour assurer davantage de sécurité à l’ensemble des opérateurs, des clauses de non-concurrence ont été précisées dans le contrat-programme.

Elles permettent d’assurer à toutes les salles un accès à tous les films distribués par Cinéart, membre de l’asbl Palace. Elles prévoient aussi de faire appel à un médiateur en cas de difficulté. Ces conditions ayant été négociées, je ne pense pas que les responsables du Palace les auraient acceptées si elles étaient de nature à mettre en péril le projet. Vous pouvez également constater que cet opérateur veut s’inscrire dans une dynamique positive. Il vise le développement du cinéma d’art et d’essai en Communauté française en offrant aux films une plus grande diffusion.

Il désire un projet rentable et souhaite inscrire son travail dans une réelle volonté de collaboration. Pour sa part, la Communauté française a assuré par ce contrat programme la sécurité nécessaire tant au Palace qu’aux autres salles.

M. Philippe Fontaine (MR).
– Je prends acte qu’actuellement, il n’est pas prévu de financer une quatrième salle.

Madame la ministre, vous interprétez mal ma question en prétendant que je suis contre ce projet parce que je m’interroge sur sa viabilité. Je n’y suis pas opposé !

C’est simplement notre responsabilité – vous en tant que ministre et nous en tant que parlementaires chargés de contrôler le gouvernement – d’examiner si des initiatives ont des chances d’aboutir. Personnellement, je suis favorable au développement des films d’art et d’essai et du cinéma de qualité, mais il ne faudrait pas qu’un projet, à défaut d’être correctement évalué ou réadapté, finisse par aboutir à l’éradication de ce type de salles si ces dernières sont toutes en difficulté au bout d’un certain temps.

Il importe d’y réfléchir.

Ceux qui lancent le projet n’ont évidemment nulle envie d’échouer, sinon ils ne démarreraient pas leur activité ! Mais il est de notre responsabilité et de la responsabilité de ceux qui soutiennent ou qui financent ce type de projet, de vérifier régulièrement si on ne met pas d’autres acteurs en péril. Le cinéma d’art et d’essai n’est pas un secteur marchand, un secteur où la concurrence ou l’arrivée d’un nouvel acteur peut avoir des conséquences sur le développement économique. Il est purement culturel et il connaît jusqu’à ce jour une faible fréquentation.

Le problème est de savoir si on va pouvoir diffuser ce type de films auprès d’un public plus large. J’attendais une réponse en ce sens. Mais jusqu’à présent, je n’en ai pas. . .