Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
L’asbl Palace prévoyait effectivement dans son plan, qui a été soumis sous la précédente législature, la création d’une
quatrième salle de projection. Néanmoins, le gouvernement n’a pas pris d’engagement à ce sujet. Ce projet n’a pas été
planifié et aucun engagement budgétaire – ou d’étude de faisabilité – n’a été fait pour en financer sa réalisation. Vous
semblez mettre en doute sa rentabilité et voir le Palace déjà fermé alors qu’il n’est pas encore ouvert !
Donnez-lui sa chance.
Je pense que les frères Dardenne s’y connaissent suffisamment pour qu’on ne remette pas en cause leur expertise !
Le contrat-programme dispose que cette asbl devra respecter son plan financier. Aucune compensation n’est prévue en cas de
perte. Des mesures d’évaluation y sont précisées comme pour tous ces types d’accord. Enfin, le Palace devra développer un
maximum de synergies avec les autres cinémas de la Communauté française.
C’est bien dans cette optique de collaboration que les salles doivent évoluer. Cette préoccupation suit les « priorités
culture » de la déclaration de politique communautaire. Le Palace s’est engagé à discuter l’élaboration d’une charte de
collaboration avec les autres cinémas d’art et d’essai.
Il ne s’agit pas d’un joug qui a pour but d’étouffer ce secteur. Il s’agit d’un accord de développement passé directement
entre les salles. En attendant, pour assurer davantage de sécurité à l’ensemble des opérateurs, des clauses de
non-concurrence ont été précisées dans le contrat-programme.
Elles permettent d’assurer à toutes les salles un accès à tous les films distribués par Cinéart, membre de l’asbl Palace.
Elles prévoient aussi de faire appel à un médiateur en cas de difficulté. Ces conditions ayant été négociées, je ne pense
pas que les responsables du Palace les auraient acceptées si elles étaient de nature à mettre en péril le projet. Vous
pouvez également constater que cet opérateur veut s’inscrire dans une dynamique positive. Il vise le développement du
cinéma d’art et d’essai en Communauté française en offrant aux films une plus grande diffusion.
Il désire un projet rentable et souhaite inscrire son travail dans une réelle volonté de collaboration. Pour sa part, la
Communauté française a assuré par ce contrat programme la sécurité nécessaire tant au Palace qu’aux autres salles.
M. Philippe Fontaine (MR).
– Je prends acte qu’actuellement, il n’est pas prévu de financer une quatrième salle.
Madame la ministre, vous interprétez mal ma question en prétendant que je suis contre ce projet parce que je m’interroge
sur sa viabilité. Je n’y suis pas opposé !
C’est simplement notre responsabilité – vous en tant que ministre et nous en tant que parlementaires chargés de contrôler le
gouvernement – d’examiner si des initiatives ont des chances d’aboutir. Personnellement, je suis favorable au
développement des films d’art et d’essai et du cinéma de qualité, mais il ne faudrait pas qu’un projet, à défaut d’être
correctement évalué ou réadapté, finisse par aboutir à l’éradication de ce type de salles si ces dernières sont toutes en
difficulté au bout d’un certain temps.
Il importe d’y réfléchir.
Ceux qui lancent le projet n’ont évidemment nulle envie d’échouer, sinon ils ne démarreraient pas leur activité ! Mais il
est de notre responsabilité et de la responsabilité de ceux qui soutiennent ou qui financent ce type de projet, de vérifier
régulièrement si on ne met pas d’autres acteurs en péril. Le cinéma d’art et d’essai n’est pas un secteur marchand, un
secteur où la concurrence ou l’arrivée d’un nouvel acteur peut avoir des conséquences sur le développement économique. Il
est purement culturel et il connaît jusqu’à ce jour une faible fréquentation.
Le problème est de savoir si on va pouvoir diffuser ce type de films auprès d’un public plus large. J’attendais une réponse
en ce sens. Mais jusqu’à présent, je n’en ai pas. . .