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Questions orales

     

 Questions du 03/05/06

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 Secteurs professionnels,faire affluer des jeunes...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Arena, Ministre-Présidente du Gouvernement de la Communauté française, concernant :
« Les mesures prises pour faire affluer des jeunes qualifiés et motives vers certains secteurs professionnels »


Madame la Ministre-Présidente,
Il y a quelques temps, je vous interrogeais sur « ces métiers qui manquent de bras » et que l’on appelle les « fonctions critiques ».

Souvent ces secteurs professionnels souffrent d’un problème d’image doublé, trop souvent, d’un décalage entre l’école et la réalité du travail.

On sait que ce n’est pas la faute des écoles et encore moins celle des enseignants qui, eux, sont obligés de ramer comme ils peuvent. Un autre critère qui entre en ligne de compte chez ces jeunes est l’évolution très rapide que connaissent certaines techniques utilisées dans ces secteurs. Cette nécessité de formation permanente, mal présentée – vous évoquiez dans votre réponse le manque d’information, rebute beaucoup de jeunes qui boudent alors les secteurs.

Je vous demandais alors si une concertation était mise en place pour mettre face à face les réalités de ces secteurs et les écoles afin de rapprocher les programmes des seconds avec les exigences des premiers.

J’ai trouvé un élément de réponse récemment dans la presse spécialisée à travers les accords que la Communauté française a passé avec la Fédération belge de l'industrie automobile et du cycle (FEBIAC). Le secteur de l’automobile, curieusement peut-être, souffre d’un déficit d’image et de jeunes qualifiés pour y faire carrière.

Depuis quelques années la branche automobile FEBIAC, FEDERAUTO et EDUCAM ont décidé d’unir leurs efforts pour proposer des formations complémentaires gratuites aux travailleurs du secteur mais aussi depuis cette année à 30 enseignants francophones et 30 enseignants néerlandophones des différents réseaux. Cette synergie a été formalisée à la demande des coupoles d’enseignements dans un accord de coopération entre FEBIAC et l’enseignement.

Des actions de communication spécifiques sont aussi prévues pour informer tant élèves que parents et enseignants sur toutes une série de modalités très concrètes concernant ce secteur.

Mes questions seront les suivantes Madame la Ministre-Présidente :

Cette initiative a été prise par le secteur pour lui même et la Communauté française est arrivée assez tard dans le processus. Ne pensez-vous pas qu’elle soit un bon exemple à reprendre et à décliner dans les autres secteurs professionnels confrontés aux mêmes problèmes de déficit d’image et donc de candidats à la carrière ?

Avez-vous d’autres projets d’accord de coopération avec des secteurs professionnels qui connaissent ce genre de problèmes ?

Avez-vous l’intention de prendre l’initiative d’approcher ces secteurs ?

La Febiac, a mis en place des dispositifs pour renforcer la communication vers le public en créant notamment un site portail d’information. Vous me répondiez aussi que le manque d’information était en partie à l’origine de ces situations de pénurie. Quelles mesures avez-vous prises, en collaboration avec les secteurs « déficitaires » ou non, pour remédier à ce problème ?

A ce sujet, le « Guide liant métiers, formations et entreprises du secteur » dont vous déploriez l’inexistence est-il finalisé ou à tout le moins en préparation ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
Le manque d’intérêt des jeunes pour certains secteurs est au centre de nos préoccupations à la Communauté française comme à la Région wallonne. Le plan stratégique transversal II sur lequel nous travaillons vise à impulser l’orientation, l’information et la promotion des métiers. Nous avons le même type d’activité avec la Région bruxelloise pour les métiers en pénurie.

L’orientation scolaire et l’information insuffisante expliquent en partie la pénurie mais d’autres facteurs interviennent dans le choix d’un métier.

L’image d’une profession dépend en effet également de ses conditions d’exercice. Le degré de pénibilité et de dangerosité, la perspective de mobilité par la formation professionnelle et la rémunération ainsi que les possibilités de carrière déterminent l’orientation vers un métier ou un secteur. Il est par conséquent parfois un peu difficile de différencier la véritable pénurie et les effets de piège à l’emploi. C’est la raison pour laquelle le ministre Marcourt et moi-même avons initié, avec le département d’économie appliquée de l’ULB, une enquête sur la réalité objective des pénuries.

Pour apporter des réponses concrètes au déficit d’image, j’ai décidé de contacter les secteurs professionnels et de revoir les accords de coopération relatifs à l’enseignement et la formation professionnelle. L’objectif est d’établir des synergies efficaces entre les partenaires. Le secteur automobile est privilégié, mais tous les secteurs présents sur le territoire de la Communauté française doivent être rencontrés.

Bon nombre de formations dispensées par les secteurs professionnels dans les centres de compétence font désormais partie des formations proposées aux enseignants en cours de carrière. Mon souci est de rassembler les offres de formation afin de les concentrer de manière cohérente au bénéfice de l’enseignement et de la formation professionnelle. Lorsque les enseignants auront été formés dans les centres de compétence sectoriels, les élèves pourront eux aussi suivre la formation des enseignants.

Afin de permettre une meilleure articulation entre l’enseignement, la formation et le monde du travail, un outil informatique est en préparation. Il s’agira d’un portail commun à la Communauté française et à la Région wallonne. Il fournira une information crédible, exhaustive et actualisée sur les métiers, les filières d’enseignement et de formation qui conduisent à l’exercice de ces métiers, et sur les dispositifs de validation des compétences. Ce portail permettra ainsi d’améliorer l’orientation scolaire, d’informer les demandeurs d’emploi et de favoriser la mobilité pour la formation professionnelle ainsi que l’insertion des chômeurs de longue durée. Il sera bien entendu accessible aux Bruxellois. La base de donnée sera en permanence mise à jour et alimentée notamment par les travaux de la Commission communautaire des professions et des qualifications (CCPQ). Nous espérons pouvoir disposer de ce portail dans le courant de cette année.

Par ailleurs, un dispositif permanent et décentralisé sera développé reposant sur trois axes : l’organisation de journées de découverte des métiers à l’attention des instituteurs, des professeurs du premier degré, des centres PMS et des conseillers d’orientation, en collaboration avec les secteurs professionnels ; la médiatisation des actions de valorisation des métiers comme le mondial des métiers, le trophée de l’alternance ; l’organisation de journées portes ouvertes dans les centres de compétence à destination des enseignants et des élèves dès la fin du fondamental et jusqu’à la fin de l’enseignement qualifiant. L’objectif de ces actions est de redonner envie aux jeunes d’apprendre ces métiers.

Philippe Fontaine (MR).
– Il est important que tous les efforts aillent dans le même sens et qu’il y ait un partenariat avec les secteurs. Le problème n’est pas le manque d’information, mais le manque de structuration de l’information. Il faut donc que les acteurs de la formation aient accès à ce type d’information et que les parents puisse s’y retrouver.

Tout ce qui va dans le sens de la cohérence et de la simplification est positif. Le travail sera long et il faut encore améliorer la collaboration avec les secteurs. En effet, on entend souvent parler de pénurie sans que le secteur de l’éducation en soit conscient. Il s’agit parfois d’effets de piège à l’emploi. Il faut voir quels types de métiers sont offerts par les secteurs ; il faut que ceux-ci proposent des emplois de qualité et ne s’arrêtent pas à un simple constat de pénurie momentanée.