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Questions orales

     

 Questions du 19/04/06

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 Les enfants à haut potentiel...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Arena, Ministre-Présidente du Gouvernement de la Communauté française, concernant :
« Les enfants à haut potentiel »


Madame la Ministre-Présidente,
Pendant les vacances, le presse revenait sur un dossier qui m’est cher, celui des enfants à haut potentiel.

Je me réjouis que la recherche interuniversitaire initiée sous la législature précédente par Pierre Hazette visant à améliorer le quotidien scolaire et relationnel des jeunes à haut potentiel aboutisse enfin. Je me dois de souligner que vous avez décidé très utilement de poursuivre cette recherche qui visait à intégrer dans les meilleures conditions possibles dans le milieu scolaire ces enfants au profil mental particulier mais surtout particulièrement prometteur à condition de mettre en place les structures et l’encadrement qui leur permettraient de maximiser ce qui n’ est un potentiel qu’ une fois détecté.

Parmi les résultats attendus, deux avancées concrètes sont relevées : un relevé statistique et des modules de formation pour les enseignants qui semblent cependant être rebutés par ce projet tant il leur en est demandé toujours plus.

Dans le même temps la revue de l’ULB « Esprit libre » publiait un dossier sur le même sujet où les trois rôles du réseau d’écoute et d’accompagnement interuniversitaire réunissant les universités francophones était présenté : l’accueil et l’information des personnes concernées ; la recherche et le développement par la construction d’un savoir et d’une expertise ; un interface ressource pour la communauté et la recherche scientifique.

Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre-Présidente :

En quoi consistera plus précisément le "relevé statistique". Quelles informations y figureront et à quelles fins ces informations sont-elles collectées (fins scolaires ou autres) ?

En ce qui concerne la formation des professeurs, si la question les rebute, y aura-t-il des incitants à suivre ces formations ?
Ne vaut-il pas mieux mettre l'accent sur la formation initiale (c'est prévu mais seulement au stade de la sensibilisation ) Dans quelle mesure ?
Pensez-vous que pour aborder des enfants qui sont soit supérieurement intelligents soit scolairement en difficultés, un simple sensibilisation, soit suffisante ?

Les premières informations dont nous disposons à travers ces articles tendent à montrer l'utilisation préférentielle par les JHP du raisonnement inductif au détriment du raisonnement cognitif. Sachant cela, quelles stratégies peuvent-être mises en place pour répondre à ce problème ?

Dans les rôles du réseau interuniversitaire, celui de « ressource et d'interface pour la Communauté et la recherche scientifique » prévoit un accompagnement d’équipes éducatives dans la mise en œuvre de démarches psychopédagogiques adaptées aux jeunes HP : quel accompagnement ? Quelles démarches psychopédagogiques ?

Merci pour les réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre-présidente Marie Arena,
Relevons quelques-unes des avancées qu’a permises le travail inter-universitaire.

Premièrement, le relevé statistique. Lorsque j’ai pris en main le dossier en 2004 et que les travaux de l’équipe inter-universitaire m’ont été présentés, j’ai été très étonnée du fait qu’aucun recensement quantitatif et systématique du travail accompli n’était réalisé jusqu’à présent. Ainsi, nombreux étaient les jeunes à haut potentiel qui fréquentaient le réseau, mais il était impossible d’avoir une vue globale des caractéristiques de cette population. À ma demande, le réseau interuniversitaire met aujourd’hui l’accent sur cette question, et chaque enfant suivi est désormais intégré anonymement dans une base de données. Celle-ci permet d’avoir une vision plus globale du phénomène en Communauté française. On constate, par exemple, que ce sont majoritairement des garçons qui fréquentent le réseau interuniversitaire et que si peu d’élèves à haut potentiel éprouvent des difficultés scolaires dans le primaire, ils sont beaucoup plus nombreux à les éprouver dans le secondaire. Petit à petit, nous développons un outil d’analyse et d’étude très utile sur le long terme.

Les modules de formation continuée et de sensibilisation seront opérationnels durant l’année scolaire prochaine.

Aurait-il été plus efficace de se concentrer sur la formation initiale des enseignants ? Je ne le pense pas. Je suis en revanche certaine que nous devions agir, puisque rien n’a été fait dans ce domaine. Les professeurs étant en place, travailler sur la formation continue est notre première urgence.

Dès l’année prochaine, nous serons plus à même de juger du succès de ces modules de formation continue et de l’intérêt que les enseignants leur portent. Prenons le temps de constater comment ils se mettent en place avant d’envisager la suite et leurs extensions.

Quant aux interventions faites à la demande des professionnels de l’éducation, je préciserai que celles-ci sont adaptables à la carte en fonction de la requête formulée, mais aussi du contexte et des caractéristiques des élèves concernés. Un enfant à haut potentiel est un être particulier, mais reste aussi un enfant. Nous ne pouvons donc pas parler d’uniformité au sein de cette catégorie.

Les interventions du réseau inter-universitaire, même si elles se fondent sur un socle commun d’intervention et de soutien psychopédagogique, sont elles aussi différentes les unes des autres. Cette méthode a son efficacité et sa souplesse par rapport aux besoins rencontrés.

Philippe Fontaine,
Vous avez répondu à trois de mes quatre questions, madame la ministre-présidente. Vous n’avez en effet pas abordé le problème du raisonnement inductif au détriment du raisonnement cognitif. Je reviendrai donc sur ce point, car j’ai bien l’intention de continuer à suivre ce dossier.

Nous pouvons nous réjouir de l’apport offert par les travaux statistiques. Notre connaissance de l’ensemble des enfants concernés par la problématique s’en trouve accrue. Il est vrai que la mise en place d’une action, quelle qu’elle soit, dans ce domaine paraît épineuse tant que les caractéristiques du public cible sont ignorées.

Pour ce qui est de la problématique de la formation continue, votre choix me paraît pertinent. Nous devons effectivement attendre la fin de l’année scolaire pour l’évaluer. Je vous donne dès lors rendez-vous à ce moment-là.