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Questions orales

     

 Questions du 15/02/06

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 L’évaluation de l’opération Avocats dans l’école...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Arena, Ministre-Présidente du Gouvernement de la Communauté française concernant :
« L’évaluation de l’opération Avocats dans l’école »


Madame la Ministre-Présidente,
Depuis 14 ans se déroule l’opération « Avocats dans l’école » destinée à faire se rencontrer élèves des classes terminales du primaire et du secondaire et gens de robe. Comme le dit le site internet consacré à l’opération, le principe est de contribuer à faire de l’élève un citoyen du futur en l’initiant au droit et à la justice.

Depuis ce 01 février 2006, vous avez relancé une nouvelle édition de cette opération avec le recul nécessaire pour en apprécier toute la portée sur les enfants. Elle se prolongera jusqu’aux vacances de Pâques.

Un des arguments mis en avant est l’intérêt grandissant des jeunes pour ce monde très fermé a priori suite à la médiatisation des grandes affaires.

Pour recevoir la visite d’un ou de plusieurs avocats, il suffit aux enseignants de prendre contact avec les responsables des différents barreaux francophones et germanophones . Un avocat prendra ensuite contact avec eux pour déterminer les jours et heures de la rencontre.

Mes questions seront les suivantes Madame la Ministre-Présidente :

Pouvez-vous me rappeler les critères qui aujourd’hui président à reconduire cette opération dans les écoles ?

Quelle est la durée d’une telle opération ?

Disposez-vous d’information qui permettent de se rendre compte de ce qu’une telle opération peut apporter à l’enfant ?

Cette opération existant depuis 14 ans pouvez-vous en dresser un bilan ?
Combien d’écoles participent à cette opération et pouvez-vous nous en donner une répartition par provinces ?
Cette participation est-elle en augmentation au fil du temps ?

Disposez-vous d’information sur la participation de chaque barreau ?
Certains d’entre eux n’ont-ils pas un problème de disponibilité des avocats pour se rendre dans les écoles ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
L’opération « Avocats dans l’école » me tient particulièrement à cœur. Nous avons d’ailleurs décidé de soutenir l’édition d’un livre, rédigé par un journaliste du journal LeSoir, qui explique aux enfants les mécanismes de la justice et qui sert de soutien à l’opération.

Deux éléments nous ont incité à reconduire et à soutenir financièrement l’opération, à hauteur de 85 % de son budget total. Le premier est le succès rencontré par cette initiative. Le second, fondamental, résulte du constat suivant : si les citoyens manquent de confiance en la justice, c’est notamment par manque de connaissance de son fonctionnement, ou parce que la connaissance qu’ils en ont au travers des feuilletons télévisés et des procès médiatisés est confuse. Or, l’école reste l’un des premiers vecteurs de connaissance.

Cette opération contribue à faire de l’élève, en l’initiant au droit et à la justice, un citoyen à part entière. Elle attire l’attention des jeunes sur leurs droits, mais aussi sur leurs devoirs. En outre, elle explique aux jeunes que la justice ne concerne pas que les adultes, mais aussi les enfants et adolescents et qu’elle ne sert pas qu’à punir, mais aussi à résoudre des conflits. Elle fait comprendre aux jeunes citoyens la démarche et le fonctionnement de l’État de droit dans lequel ils vivent au quotidien.

J’ajouterai que ce type d’opération a le mérite de créer des vocations. De plus en plus de jeunes ont envie de devenir avocats, juges ou encore journalistes, parce qu’ils ont rencontré, à un moment donné, une personne qui est venue leur parler de son métier avec autant de conviction que d’engagement. On parle beaucoup de promotion des métiers techniques. Il faut aussi promouvoir la profession d’avocat, en offrant peut-être sur elle un regard différent de celui donné par des séries américaines.

Concernant l’organisation pratique, l’opération « Avocats dans l’école » se déroule sur une période de deux mois, entre février d’avril. Je tiens à votre disposition un tableau détaillé qui reprend les chiffres relatifs à l’édition 2005. Plus de 20 000 élèves ont été touchés par cette opération, soit près de 1 000 classes, pour plus de 550 avocats. L’opération, qui existe depuis quatorze ans, connaît un succès croissant. Un pic a été atteint en 2004, en raison de l’actualité judiciaire – le procès Dutroux – qui a justifié une demande et des moyens supplémentaires.

On parle davantage de répartition par arrondissement judiciaire que par province. En effet, à l’échelon local, l’opération est gérée par le barreau de chaque arrondissement, avec lequel les écoles prennent directement contact. La répartition par barreau est proportionnelle à leur taille. En 2005, par exemple, on dénombrait 155 classes de l’enseignement primaire visitées à Bruxelles, 103 à Liège, 8 à Marche et 15 à Neufchâteau. Aucun problème de disponibilité n’a, à ce jour, été constaté pour les avocats. Chaque école a toujours vu sa demande satisfaite. Si des difficultés éventuelles venaient à surgir à ce propos, il serait toujours possible d’allonger la période de l’opération, aujourd’hui limitée à deux mois.

Cette année, un questionnaire sera remis à chaque enseignant par l’avocat à l’issue de sa visite en classe. Le but est de faire évoluer l’opération « Avocats dans l’école » vers une meilleure adéquation avec les attentes du public scolaire. (Mme Arena transmet les tableaux à la présidente de la commission)

Philippe Fontaine (MR).
– Votre réponse me satisfait, madame la ministre-présidente. Comme vous, je considère que ce type d’opération est intéressant. Il est important de démythifier la justice et, surtout, d’y intéresser les jeunes le plus tôt possible. En effet, on constate dans la vie de tous les jours qu’une bonne partie de nos concitoyens ne comprennent rien au fonctionnement de la justice, ni à ses principes de base, qui sont finalement ceux de notre démocratie. On rencontre régulièrement des personnes qui critiquent la justice, surtout lorsqu’elles doivent être indemnisés. Elles réagissent différemment lorsqu’elles se trouvent « de l’autre côté de la barrière ». Il faut donc faire comprendre à la population les équilibres sur lesquels est fondée la justice. Cette opération est donc également intéressante à ce titre.