Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
L’opération « Avocats dans l’école » me tient particulièrement à cœur. Nous avons d’ailleurs décidé de soutenir l’édition
d’un livre, rédigé par un journaliste du journal LeSoir, qui explique aux enfants les mécanismes de la justice et qui sert
de soutien à l’opération.
Deux éléments nous ont incité à reconduire et à soutenir financièrement l’opération, à hauteur de 85 % de son budget total.
Le premier est le succès rencontré par cette initiative. Le second, fondamental, résulte du constat suivant : si les
citoyens manquent de confiance en la justice, c’est notamment par manque de connaissance de son fonctionnement, ou parce
que la connaissance qu’ils en ont au travers des feuilletons télévisés et des procès médiatisés est confuse. Or, l’école
reste l’un des premiers vecteurs de connaissance.
Cette opération contribue à faire de l’élève, en l’initiant au droit et à la justice, un citoyen à part entière. Elle
attire l’attention des jeunes sur leurs droits, mais aussi sur leurs devoirs. En outre, elle explique aux jeunes que la
justice ne concerne pas que les adultes, mais aussi les enfants et adolescents et qu’elle ne sert pas qu’à punir, mais aussi
à résoudre des conflits. Elle fait comprendre aux jeunes citoyens la démarche et le fonctionnement de l’État de droit dans
lequel ils vivent au quotidien.
J’ajouterai que ce type d’opération a le mérite de créer des vocations. De plus en plus de jeunes ont envie de devenir
avocats, juges ou encore journalistes, parce qu’ils ont rencontré, à un moment donné, une personne qui est venue leur
parler de son métier avec autant de conviction que d’engagement. On parle beaucoup de promotion des métiers techniques. Il
faut aussi promouvoir la profession d’avocat, en offrant peut-être sur elle un regard différent de celui donné par des
séries américaines.
Concernant l’organisation pratique, l’opération « Avocats dans l’école » se déroule sur une période de deux mois, entre
février d’avril. Je tiens à votre disposition un tableau détaillé qui reprend les chiffres relatifs à l’édition 2005. Plus
de 20 000 élèves ont été touchés par cette opération, soit près de 1 000 classes, pour plus de 550 avocats. L’opération,
qui existe depuis quatorze ans, connaît un succès croissant. Un pic a été atteint en 2004, en raison de l’actualité
judiciaire – le procès Dutroux – qui a justifié une demande et des moyens supplémentaires.
On parle davantage de répartition par arrondissement judiciaire que par province. En effet, à l’échelon local, l’opération
est gérée par le barreau de chaque arrondissement, avec lequel les écoles prennent directement contact. La répartition par
barreau est proportionnelle à leur taille. En 2005, par exemple, on dénombrait 155 classes de l’enseignement primaire
visitées à Bruxelles, 103 à Liège, 8 à Marche et 15 à Neufchâteau. Aucun problème de disponibilité n’a, à ce jour, été
constaté pour les avocats. Chaque école a toujours vu sa demande satisfaite. Si des difficultés éventuelles venaient à
surgir à ce propos, il serait toujours possible d’allonger la période de l’opération, aujourd’hui limitée à deux mois.
Cette année, un questionnaire sera remis à chaque enseignant par l’avocat à l’issue de sa visite en classe. Le but est de
faire évoluer l’opération « Avocats dans l’école » vers une meilleure adéquation avec les attentes du public scolaire.
(Mme Arena transmet les tableaux à la présidente de la commission)
Philippe Fontaine (MR).
– Votre réponse me satisfait, madame la ministre-présidente. Comme vous, je considère que ce type d’opération est
intéressant. Il est important de démythifier la justice et, surtout, d’y intéresser les jeunes le plus tôt possible. En
effet, on constate dans la vie de tous les jours qu’une bonne partie de nos concitoyens ne comprennent rien au
fonctionnement de la justice, ni à ses principes de base, qui sont finalement ceux de notre démocratie. On rencontre
régulièrement des personnes qui critiquent la justice, surtout lorsqu’elles doivent être indemnisés. Elles réagissent
différemment lorsqu’elles se trouvent « de l’autre côté de la barrière ». Il faut donc faire comprendre à la population
les équilibres sur lesquels est fondée la justice. Cette opération est donc également intéressante à ce titre.