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Questions orales

     

 Questions du 18/01/06

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 L’obligation scolaire et son contrôle ...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Arena, Ministre Présidente du Gouvernement de la Communauté française, concernant:
« L’obligation scolaire et son contrôle »


Madame la Ministre-Présidente ?
Il y a un an se mettait en place le service du contrôle de l’obligation scolaire. Avec lui, certaines modifications législatives récentes donnent néanmoins des outils supplémentaires à l’administration en matière de prévention, dans le cadre du signalement relatif à l’absentéisme scolaire.

Plusieurs interventions ayant déjà été faites sur le sujet, c’est sous l’angle de l’évaluation quantitative de fonctionnement après un an que je l’aborde à mon tour.

Dans le cadre de la mission du service, il semble que certaines collaborations, comme avec la Direction Générale de l’Aide à la Jeunesse et la Direction générale de l’enseignement obligatoire fonctionnent très bien. Par contre, la mise en relation avec les autres niveaux de pouvoir pour les matières concernées resterait un champ à investiguer.

Parmi les missions du service figure celle d’assurer les réinscriptions des élèves qui ont été exclus ou accompagnés temporairement. La réalisation de cette mission entraîne un investissement accru dans les contacts avec le jeune et avec sa famille, l’établissement fréquenté ainsi que l’ensemble des intervenants concernés, dans l’intérêt du jeune.

Il arrive cependant qu’en fin de parcours d’accompagnement, après un constat de décrochage scolaire grave, le contrôle aboutisse à une dénonciation à la justice.

Mes questions seront les suivantes, Madame la Ministre-Présidente :

Après un an de fonctionnement, combien de cas de réinscriptions le service a-t-il traité dans le cadre des élèves exclus ou accompagnés ?
Est-il possible de confronter ces chiffres par rapport à des objectifs préalablement fixés ?
Disposez-vous de données statistiques sur le taux de rescolarisations réussies parmi ces réinscriptions ?
Combien y a-t-il eu de dénonciation à la justice ?
Combien ont débouché sur des suites judiciaires ?
Combien ont donné suite à une rescolarisation a posteriori des élèves concernés ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Aréna,
Je dois m’excuser auprès de M. Reinkin et préciser que les statistiques relatives aux exclusions nous parviennent ici. Vous en disposerez donc directement

Les statistiques relatives aux exclusions d’élèves et fondées sur les données reçues par l’administration en 2005 ne concernent que l’enseignement organisé par la Communauté française, car les responsables des différents pouvoirs organisateurs n’ont pas l’obligation légale de transmettre les dossiers d’exclusion à l’administration. Seuls sont transmis à l’administration les dossiers concernant l’exclusion d’élèves mineurs pour lesquels une réinscription n’a pas été possible.

Depuis l’année scolaire 1999-2000, le nombre de dossiers introduits auprès de l’administration a progressivement augmenté : il est passé de 776 à 1 365 dossiers pour l’année scolaire 2004-2005. Je précise que le nombre de dossiers émanant de l’enseignement subventionné s’élève à douze, alors qu’il était en moyenne d’une cinquantaine par an. Ces dossiers concernent des élèves qui n’ont pu être réinscrits au sein du réseau. Une telle variation s’explique par l’application de l’article 8 du décret du 12 juillet 2001 qui vise à améliorer les conditions matérielles des établissements de l’enseignement fondamental et secondaire. L’article susmentionné confère aux organes de représentation et de coordination de l’école le droit d’imposer, à l’un des pouvoirs organisateurs qu’il représente, l’inscription d’un élève exclu d’un établissement du même réseau.

Sur ces 1 365 dossiers, 969 concernent des élèves exclus en cours d’année scolaire ; 396 concernent des exclusions en fin d’année scolaire, ce qui équivaut à des non-réinscriptions.

La ventilation des dossiers par province est la suivante : 23 % pour le Hainaut, 13 % pour Namur et Liège, 7 % pour le Luxembourg, 5 % pour le Brabant wallon. La Région de Bruxelles-Capitale regroupe 38% des dossiers. Ces chiffres sont relatifs car ils peuvent dissimuler, pour certaines provinces, une propension des chefs d’établissement à recourir à une exclusion à l’amiable. Cela signifie soit qu’un accord est conclu entre directions, en tenant compte de l’avenir de l’élève, soit que les parents sont incités à changer leurs enfants d’école afin d’éviter la procédure d’exclusion.

En examinant la répartition des élèves exclus par année d’étude et par forme d’enseignement, on constate qu’à partir du deuxième degré, 80 % des élèves exclus proviennent de l’enseignement qualifiant et que l’année d’étude la plus concernée est de loin la troisième année de l’enseignement professionnel.

Les motifs d’exclusion sont variables et souvent cumulés par un même élève. On peut citer notamment : les absences non justifiées (32 %) ; la violence physique entre élèves (15 %) ; la violence vis-à-vis d’un membre du personnel (7 %) ; les actes racistes (1,4 %) ; la vente ou l’usage de drogue (11 %); le vandalisme (6 %) ; le vol (8 %) ; le racket (2 %) ou le port d’armes (3 %).

Penchons-nous maintenant sur le suivi des dossiers d’exclusion scolaire. L’administration contrôle systématiquement si les élèves mineurs exclus sont réinscrits dans un établissement scolaire ou font l’objet d’un accompagnement spécifique par un organisme dépendant de l’Aide à la jeunesse et entrant dans le cadre légal de l’obligation scolaire. En outre, pour les refus de réinscription, l’administration n’intervient dans l’aide à la réinscription qu’à la demande des parents de l’élève exclu.

Près de 78% des élèves mineurs sont réinscrits dans un autre établissement scolaire ou dans un centre organisé par l’IFAPME, ou le CFPME s’il s’agit de Bruxelles.

Pour les autres étudiants, on peut relever que 6,7 % sont orientés vers un service agréé comme le prévoit l’article 30 du décret du 30 juin 1998 et que 3,5 % d’élèves étrangers ne résidant pas en Communauté française ne formulent pas de demande de réinscription. En outre, 2%d’élèves ont fait l’objet d’un avis du SAJ : 0,4 % furent placés en IPPJ et 0,15%en Institut médico-pédagogique.

Il est très difficile de répondre quantitativement à vos questions sur les dénonciations à la justice pour les raisons évoquées ci-dessus. Souvent celles-ci ont lieu pendant la procédure d’exclusion en fonction de la gravité des faits reprochés, soit par le chef d’établissement, soit par la victime.

À l’heure actuelle, pour avoir une vue d’ensemble de ce phénomène, la méthode de l’extrapolation est la seule qui nous fournisse des indications sur la situation dans les autres réseaux. Même si le nombre d’exclusions définitives augmente chaque année, le phénomène reste marginal par rapport à l’ensemble des élèves inscrits dans un établissement scolaire. Néanmoins, il convient de ne pas traiter cette question avec légèreté vu le chiffre de plus de mille élèves pour le réseau de la Communauté française.

Ces statistiques me confortent dans mon souci de privilégier toutes les mesures de prévention du décrochage scolaire. Je reste toutefois attentive à la nécessité de penser la rescolarisation en intégrant socialisation et approche pédagogique différenciée.

Philippe Fontaine,
Je remercie la ministre de cette réponse particulièrement précise et détaillée. Même si le nombre d’élèves exclus n’est pas très important, il est néanmoins significatif. J’encourage la ministre à poursuivre le travail préventif. Au-delà des exclusions quasi inévitables dans certains établissements, il faut donner une chance à des élèves en difficulté qui, à défaut d’être raccrochés, risquent de rester à la rue.