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Questions orales

     

 Questions du 06/12/05

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 L’organisation d’événements par les fédérations...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Arena, Ministre-Présidente du Gouvernement de la Communauté française, concernant:
« L’organisation d’événements par les fédérations mutuellistes au sein des établissements scolaires »


Madame la Ministre-Présidente,
L’asbl « Ampli junior » de la mutualité socialiste du Centre et de Soignies propose d’organiser dans les établissements scolaires une exposition « Accro, moi non plus », exposition interactive sur le thème des assuétudes. Cette exposition est destinée à tout public (ados, jeunes adultes, parents, monde médical, etc).

Le caractère interactif de cette exposition se concrétisera en donnant l’occasion aux divers visiteurs de « vivre » par jeux interposés, des situations de crises et d’y réagir. Un biais qu’utilisent les organisateurs pour amener le public à poser un certain nombre de questions et se sensibiliser à la problématique. A la sortie de l’exposition, chaque visiteur recevra un cd-rom contenant des informations utiles et des adresses de contact.

On le voit cette initiative est très louable et la démarche d’organiser ce type d’événement au sein même des écoles est certainement très intéressante pour faire comprendre au public visé comment il peut d’étape en étape franchir les limites comportementales qui l’amènent à une situation de dépendance et les difficultés que cela peut représenter ensuite pour en sortir. La méthodologie est en effet ludique mais pratique sans ton culpabilisateur ou moralisateur.

Mes questions seront les suivantes, Madame la Ministre :

existe-t-il un cadre « légal » dans lequel s’inscrit cette action - ce n’est d’ailleurs pas la seule - chapeautée par une fédération mutuelliste socialiste ?
Ne craigniez-vous pas qu’il y ait une assimilation, abusive au demeurant, entre l’objectif de sensibilisation recherché, prémunir nos jeunes face à toute forme d’assuétude, et une politisation de l’initiative ?
Quelles mesures comptez-vous prendre pour éviter cette assimilation tout en garantissant de maintenir ce type d’initiative ?
Ne pensez-vous pas que ce type d’événements aurait , à tout le moins, le même impact, si il était organisé par une structure pluraliste et proposé aux écoles par cette structure pluraliste ?

Merci déjà pour les réponses que vous voudrez bien me donner
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
Les mutualités, qu’elles soient socialistes, neutres, chrétiennes ou autres, ont réalisé un travail remarquable en développant des outils pédagogiques relatifs à la prévention santé, notamment en ce qui concerne le sida et les assuétudes.

En termes de prévention des assuétudes, le milieu scolaire représente une cible importante. Nous devons nous inquiéter de la consommation de cannabis par les publics les plus jeunes. Même si certains considèrent le cannabis comme une drogue douce, il n’en perturbe pas moins le comportement des jeunes. Dans les prochains mois, en concertation avec les régions et le fédéral, nous présenterons des actions concrètes et concertées de lutte contre les assuétudes.

Parmi les outils que les associations spécialisées mettent à la disposition des écoles, figure effectivement l’exposition Accro, moi non plus proposée aujourd’hui par l’ASBL Ampli Junior. J’ai pu constater que c’est effectivement un outil pertinent, dynamique et ludique pour lutter contre les assuétudes. Comme le conseillent de nombreux experts, ce projet travaille dans le cadre d’une approche globale des assuétudes, qu’il s’agisse du tabac, de l’alcool ou du cannabis. Par ailleurs, l’exposition a une approche des drogues sans tabou. Enfin, elle aborde le sujet sous tous ses aspects : la question de la norme, les raisons qui poussent le jeune à consommer ces produits ou, encore, sa capacité à dire non lorsqu’ils lui sont proposés.

L’appartenance de cette ASBL à une fédération mutuelliste socialiste ne me semble pas problématique dans la mesure où d’autres mutualités ont développé des produits similaires qui peuvent être présents dans les écoles. Nombreuses sont en effet les mutualités qui ont une expérience en matière de promotion et de prévention santé et qui élaborent des outils à destination des jeunes. Il faut d’ailleurs les en féliciter. À partir du moment où cette expérience est reconnue comme pertinente par les chefs d’établissements, je pense qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Je fais donc entièrement confiance aux établissements pour utiliser ce genre d’outil. Nous avons d’ailleurs procédé à la lecture des textes et n’y avons relevé aucune volonté de propagande mais, au contraire, une volonté de promotion et de prévention en matière de santé publique.

Par ailleurs, un plan concerté de prévention, d’aide et de soins en matière d’assuétudes en Région wallonne et en Communauté française est en cours d’élaboration. Un collège d’experts a en effet remis, en juin de cette année, un rapport comportant des recommandations en la matière. Celles-ci concernent notamment la question de la prévention des assuétudes dans le milieu scolaire. À la suite de ce rapport, divers groupes de travail thématiques se sont constitués. Ils travaillent actuellement à rendre ces recommandations opérationnelles. Ils clôtureront leurs travaux avant le printemps 2006.

On peut cependant dès à présent en extraire certaines conclusions. Ainsi, les experts constatent que si l’offre de prévention en milieu scolaire est généralement de bonne qualité, il est important d’aider les écoles à se prémunir contre des interventions inadaptées comme les projets émanant d’organismes commerciaux, pour lesquels la vigilance est de mise. Dans une discussion relative à la lutte contre le tabac ou contre l’alcoolisme, nous avions déjà évoqué la question des firmes purement commerciales qui cherchent à faire la promotion de leurs produits et à inciter à la consommation. Une mutualité, par contre, n’a pas un produit de consommation à présenter, et je ne pense pas que son souci soit de promouvoir ses services de mutualité auprès des élèves. Le danger résulterait de la présence d’un seul pilier dans les écoles. Or, les outils dont nous parlons sont souvent présents dans les différentes mutualités et il existe un consensus sur leur approche pédagogique.

Philippe Fontaine,
Je n’ai aucune objection à formuler quant au fond et à l’objectif. Comme la ministre-présidente, j’estime qu’il faut se méfier des démarches commerciales. En effet, les mutualités se livrent à une concurrence assez rude entre elles et n’hésitent pas à faire la promotion de leurs services sur les ondes de la radio ou à la télévision.

Je ne souhaite pas que les outils proposés par les mutualités soient pour elles une manière déguisée de promouvoir leurs services et de susciter des affiliations. Certains jeunes fréquentant l’enseignement secondaire sont à l’âge adulte et auront bientôt à choisir eux-mêmes leur propre mutualité. Je ne voudrais pas que le cd-rom qui sera distribué contienne, outre l’information pédagogique utile, de la publicité pour une mutualité particulière.