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Questions orales

     

 Questions du 07/12/05

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 Pénurie d’animateurs et de coordinateurs de...
Question orale du député Philippe FONTAINE à Madame Catherine Fonck, Ministre de la Santé, de l’Enfance et de l’Aide à la Jeunesse concernant notre
« Inquiétude face à une éventuelle pénurie d’animateurs et de coordinateurs de Centres de vacances ».


Le décret « Centres de vacances » entré en vigueur le 20 septembre 2001 a été d’un apport indéniable. Il a permis de clarifier la situation quant à l’organisation et l’animation de ces Centres. Il a aussi apporté aux parents des garanties quant à la qualité des activités proposées.

Chaque année des dizaines de milliers d’enfants sont en effet encadrés par des milliers d’animateurs dans le cadre d’initiatives développées par des mouvements de jeunesse, des associations locales ou des pouvoirs publics.

Globalement, le décret et ses arrêtés d’application :
- déterminent les conditions de reconnaissance et de subventionnement des plaines, séjours et camps de vacances organisés au cours des vacances de Noël, Pâques ou d’été ;
- fixent les normes d’encadrement, qu’ils s’agissent du nombre d’animateurs ou de leur qualification ;
- et garantissent des subventions plus importantes à l’ensemble des centres de vacances et particulièrement à ceux qui accueillent des enfants moins valides ou issus de milieux socio-économiquement moins favorisés.

Les parents et les différents opérateurs des Centres de vacances se sont réjouis de ces nouvelles exigences concernant entre autres la formation des animateurs et des coordinateurs de ces centres.

Seulement, dans la réalité du terrain, de moins en moins d’animateurs sont en possession de ce fameux brevet de formation demandé et reconnu par la Communauté française (pour obtenir la subsidiation). Nous sommes donc inquiets quant à la poursuite de ces activités sur le long terme. Aura-t-on dans l’avenir suffisamment de jeunes brevetés ?


Pour pallier à ce danger, nous tenions à vous faire deux propositions concrètes :
Ne peut-on pas imaginer des campagnes de sensibilisation dans les écoles à destination des jeunes de 16-17 ans (5èmes et 6èmes humanités). En effet, ceux-ci ont alors le temps de se former. Et à 18 ans, ils seront opérationnels immédiatement comme animateurs.
Deuxièmement, parallèlement à la formation, il existe une équivalence à ce brevet par l’expérience de 150h qui peut être acquise dans un centre de vacances reconnu par la Communauté française. Ne peut-on pas imaginer une équivalence un peu plus souple ? Il existe de nombreux exemples. Prenons le cas d’un instituteur primaire, personne, qui on ne peut pas le nier à un lien éducatif fort avec les enfants, il part chaque année en classe verte avec les enfants ou bien il a fait des camps avec la mutuelle ou des mouvements de jeunesse. Ne pourrait-on pas apprécier l’équivalence ?

Car on risque de passer à côté de bons candidats qui n’ont peut être pas le temps ou l’envie de passer en plus la formation.
Pour s’en sortir, certains centres de vacances engagent à « leurs frais » des animateurs qui acquièrent l’expérience chez eux. Le problème est alors que durant cette période, ils passent à côté de leurs subsides. Ce qui est désolant quant on connaît les difficultés qu’ils ont souvent à joindre les deux bouts. Seuls les Centres « les plus favorisés » ne pourraient alors bénéficier du subsides. Je ne crois vraiment pas que ce soit le but poursuivi par Madame la Ministre. L’objectif étant ici d’essayer de trouver la bonne adéquation entre les normes du décret et le marché de l’emploi.

Je vous remercie.
Réponse de la Ministre Catherine Fonck,
Le secteur des centres de vacances se porte bien. Le nombre de centres de vacances agréés et subventionnés est en constante augmentation depuis la mise en application du décret « Centres de vacances ».

Cette croissance est de près de 5 % par an. Le nombre d’enfants accueillis, encadrés et animés a doublé en quatre ans, ce qui témoigne non seulement de la qualité de l’encadrement, mais aussi de sa quantité. Je ne pense pas que les jeunes hésitent plus qu’avant à s’engager, bénévolement ou non. Ils n’ont jamais été si nombreux à le faire. Mais ils le font moins longtemps.

C’est une donnée importante du problème. Je ne suis pas opposée à votre proposition de lancer une campagne de sensibilisation. Elle apparaît d’ailleurs dans la Déclaration de politique communautaire, au chapitre relatif à la jeunesse. J’en ferai donc part à Mme Laanan, partiellement compétente en la matière. En outre, je n’ai pas totalement renoncé à assouplir le système d’équivalence.

En effet, la commission d’avis sur les centres de vacances a estimé que ce point devait faire l’objet d’une réflexion dans les prochains mois. J’attendrai qu’elle rende ses conclusions avant de me prononcer officiellement. Mais je ne voudrais pas qu’un tel assouplissement dénature la philosophie du décret. Ce dernier doit garder sa spécificité. Je pense notamment aux pratiques pédagogiques et aux exigences dans les formations des animateurs. En revanche, le nombre de coordinateurs stagne, voire diminue, bien que les chiffres varient d’une commune ou d’une association à l’autre, et là il y a sans doute quelque chose à faire. Selon moi, il est erroné de croire que seuls les opérateurs disposant de moyens financiers importants tireront leur épingle du jeu et bénéficieront de subsides.

La méthode de travail, la connaissance du public « jeune », la collaboration avec le milieu associatif local, une bonne gestion du calendrier sont autant de facteurs importants, voire déterminants. Quoi qu’il en soit, des mesures sont nécessaires. Le bilan définitif de l’année 2005 nous aidera à mieux cerner le problème. Ce point a été mis à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission d’avis. Dans le secteur des centres de vacances, c’est l’attrait du lien social davantage que celui de l’argent qui motive les jeunes. C’est la recherche de la relation, de la rencontre, de l’engagement collectif mais aussi l’apprentissage de la responsabilité et de la gestion. C’est d’ailleurs souvent un lieu qui éveille et guide les jeunes dans le choix de leurs études et de leur carrière. Les centres de vacances aident les jeunes à animer et à devenir des citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires.

M. Philippe Fontaine
Je remercie la ministre pour sa réponse et l’intérêt porté à mes propositions. J’estime, comme elle, qu’il faut saluer la générosité des jeunes qui veulent s’engager dans l’animation des mouvements de jeunesse. J’ai aussi été animateur d’un mouvement de jeunesse. L’engagement que j’ai pris par la suite et qui m’a amené ici vient peut-être de là.

Je pense également que ce ne sont pas nécessairement les organisations qui disposent des plus gros moyens financiers qui offrent les animations de meilleure qualité . Mais si certaines associations sont privées de subsides parce qu’elles ne disposent pas de l’encadrement qualifié suffisant, elles connaîtront rapidement de réelles difficultés.

J’insiste pour qu’une campagne soit menée dans les établissements scolaires comme cela s’était fait il y a quelques dizaines d’années.

Enfin, à propos de l’assimilation, il est peut-être temps d’évaluer l’application du décret de 2001 et de voir s’il ne faudrait pas l’assouplir afin de pouvoir trouver plus de coordinateurs.

M. le président,
C’est l’une des choses que nous pourrions envisager de faire en commission. Outre les questions orales et les interpellations, nous pourrions épisodiquement réévaluer des décrets et étudier les possibilités de les ajuster. Ce serait un travail politique constructif qui donnerait l’occasion de procéder à l’audition d’acteurs de terrain.