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Questions orales

     

 Questions du 25/10/05

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 L’attractivité des musées en Communauté française...
Question orale de Philippe Fontaine, député wallon, à Fadila Laanan, Ministre de la culture, concernant :
« L’attractivité des musées en Communauté française par le biais de leurs chiffres de fréquentation »


Madame la Ministre,
Les chiffres de fréquentation de certains musées en Communauté française sont disponibles et montrent pour certains d’entre eux une fréquentation assez importante par an (entre 10.000 et 20.000 visiteurs)

Mais un chiffre moins souvent disponible est celui de la proportion entre le public classique, payant, d’un musée et le public des groupes scolaires, gratuit.

Quand on connaît cette proportion, la fréquentation de certains musées devient beaucoup plus confidentielle. Ainsi, il me revient par la presse que pour le musée du masque et du carnaval de Binche, sur 20.000 personnes constituant le chiffre annuel officiel, il y a 75% des visiteurs qui sont constitués de groupes scolaires, la fréquentation effective du musée est donc de 5000 personnes par an dont il faut encore sans doute retirer les tarifs préférentiels et une proportion inconnue d’enfants qui accompagnent leurs parents. Il n’est donc pas irréaliste de réduire à 4000 personnes la fréquentation de ce musée. Ceci représente donc quelques 16 personnes par jour pour 250 jours d’ouverture, ce qui est la moyenne haute.

Je ne veux pas dire par là qu’il faut supprimer les groupes scolaires au contraire, ni que le jour de gratuité est une mauvaise chose, j’en suis un des défenseurs, ni qu’il ne faut pas visiter les musées en famille, je suis convaincu du rôle de la famille dans le développement culturel de l’enfant.

Je suis bien conscient qu’il doit y avoir d’énormes disparités d’un musée à l’autre ou peut-être d’une région à l’autre. En effet, l’observatoire des politiques culturelles nous apprend que le pourcentage moyen de groupes scolaires dans les musées est de 37% en Communauté française, ce qui est très différent des 75% évoqué plus haut. De plus quand on demande aux musées les groupes de visiteurs qu’ils souhaitent cibler davantage, ils répondent principalement les groupes scolaires. Or ce n’est pas ces visiteurs là qui les font « vivre », il y a donc un paradoxe dans les chiffres et les intentions.

Mes questions seront les suivantes Madame La Ministre :

voudriez-vous me communiquer les chiffres de fréquentation des musées en Communauté française hors groupes scolaires ?
ne pensez-vous pas qu’il est nécessaire de faire un inventaire des musées dont la proportion de groupes scolaires est anormalement élevée par rapport aux chiffres globaux de fréquentation pour envisager soit un soutien financier accru de ces institutions et/ou les inciter à prendre des mesures pour augmenter leur attractivité ?
quelles dispositions comptez-vous prendre pour augmenter l’attractivité des musées si vous constatez que les chiffres de fréquentation hors groupes scolaires sont beaucoup plus confidentiels que ce qu’il apparaît en globalisant les chiffres ?
comment expliquez-vous le souhait de certains musées de renforcer les groupes scolaires et comment le cas échéant le Gouvernement pourrait-il suppléer au déficit des recettes ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
Pour le musée royal de Mariemont, le total des fréquentations s’élève à 21 797 personnes sans distinction de catégories.
Pour le domaine de Seneffe et les musées conventionnés, les chiffres de fréquentation se répartissent comme suit :
les individuels – troisième âge : 11 800 personnes ;
les groupes – troisième âge : 5 673 personnes ;
les individuels, hors public scolaire : 33 027 personnes ;
les groupes hors public scolaire : 5 621 personnes.

Pour les musées subventionnés, les chiffres de fréquentation se répartissent comme suit :
les individuels – troisième âge : 35 386 personnes ;
les groupes – troisième âge : 19 611 personnes ;
les individuels – public scolaire : 93 536 personnes ;
les groupes hors public scolaire : 37 383 personnes.

Le détail des chiffres par musée selon les catégories est disponible. Je peux vous le communiquer si vous le souhaitez.

Certains musées se tournent volontairement vers les publics scolaires en raison de leur thème. Je pense notamment au Préhistosite de Ramioul. Les jeunes sont certainement son public privilégié et celui-ci se renouvelle sans cesse.

Des consultations organisées lors des états généraux de la culture ressort la volonté du secteur de sensibiliser davantage les jeunes. C’est pourquoi j’ai décidé que, dès septembre 2006, les groupes scolaires, les organisations de jeunesse, les étudiants des académies ou des conservatoires bénéficieront d’un accès gratuit au musée de Mariemont, au domaine de Seneffe et au musée de l’orfèvrerie qu’il héberge, ainsi qu’aux musées conventionnés.

La mesure s’adresse, dans un premier temps, à des musées qui sont soutenus de façon importante par les pouvoirs publics et qui doivent fournir un véritable service public. Nous pourrons en évaluer l’impact tant sur l’attractivité des musées que sur le plan financier. Une négociation des compensations pourra dès lors s’ouvrir sur une base objective.

Réplique de Philippe Fontaine,
Votre réponse, madame la ministre, me laisse un peu sur ma faim. J’attends les chiffres précis. Toutefois, en décidant de manière autoritaire que les groupes scolaires bénéficieront de la gratuité dans les musées de la Communauté française ou dans les musées qu’elle subventionne sans annoncer en même temps quelles compensations ceux-ci obtiendront, vous risquez de placer certains d’entre eux dans une situation délicate, d’autant plus que certains ont un public essentiellement scolaire.

J’espère donc que les compensations que vous proposerez seront significatives, afin d’éviter que les musées ne se trouvent en difficulté. Si vous ne prêtez pas suffisamment attention à l’aspect financier, vous risquerez de produire un effet négatif sur l’attractivité des musées sur les groupes scolaires en amenant peut-être les musées à tout faire pour ne plus être visités par un public scolaire. Il faut éviter de se trouver dans la situation inverse de celle qui est souhaitée.