Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
Il est exact que tant à Bruxelles qu’en Région wallonne, une série de métiers ne trouvent pas candidats.
Dans certains cas, les raisons de cette pénurie sont quantitatives, trop peu de demandeurs d’emploi offrant la
qualification requise.
J’ai eu l’occasion de visiter une école supérieure technique en physique nucléaire. Il m’a été confirmé que le nombre
d’élèves était en régression dans ce type de filière.
Ce phénomène est compréhensible, si l’on tient compte de la difficulté de telles études, mais il doit nous inciter à
travailler sur la remédiation.
En effet, un enfant qui décroche, dès les premières années, sur les mathématiques de base, ne se lancera évidemment pas
dans des études en physique nucléaire.
Il ne faut pas attendre que l’enfant soit en sixième primaire pour s’attaquer à son problème de décrochage. La remédiation
doit permettre à chaque enfant d’aller le plus loin possible dans son cursus scolaire, mais aussi d’orienter les jeunes
vers des filières plus compliquées qui sont, aujourd’hui, désertées.
Une autre raison qui explique l’absence de candidats à certains métiers est le degré de pénibilité de ces derniers.
Dans ce cas-ci, nous ne maîtrisons pas réellement la situation. Nous demandons donc au secteur d’être attentif à cette
réalité.
Le manque d’information est un autre élément. Certains métiers sont méconnus des élèves. Une étude menée en France auprès
d’enfants âgés de quinze ans montre que ces adolescents, lorsqu’on les interroge sur le métier de leur père ou de leur mère,
et sur le métier qu’ils souhaiteraient exercer, répondent en citant les métiers les plus traditionnels – ceux de leurs
grands-parents – et disent ignorer le métier de leurs parents.
Aujourd’hui, les adolescents ne se projettent pas dans les métiers de demain, faute d’information. Quelles solutions
pouvons-nous envisager ?
D’abord, nous devons faire en sorte que les adolescents disposent d’un bagage suffisamment large qui leur permette de
s’orienter le mieux possible, et cela grâce à la remédiation précoce des décrochages scolaires, dès l’école primaire.
Une deuxième mesure consiste à mieux informer les jeunes. Le choix d’une orientation ne doit pas être imposé, mais décidé
en parfaite connaissance de cause.
En collaboration avec le FOREM, nous prévoyons de mettre à disposition tant des demandeurs d’emploi que des étudiants une
banque de données présentant l’éventail complet des métiers exercés en Région bruxelloise, ainsi que les filières scolaires
qui permettent d’y accéder.
Actuellement, il n’existe aucun guide liant métiers, formations et entreprises du secteur. En ce qui concerne le
rapprochement entre écoles et entreprises, j’ai demandé aux secteurs professionnels de s’impliquer davantage dans la CCPQ,
mais aussi de faire preuve de plus d’exigence et de ne pas se montrer complaisants lorsque le profil d’une formation ne
correspond pas au profil exigé.
J’aimerais que ce secteur professionnel soit aussi associé aux évaluations finales. En effet, disposer de profils de
formations ne suffit pas ; il faut aussi avoir la garantie que le parcours suivi par un jeune à l’école lui a permis
d’acquérir toutes les compétences nécessaires.
Je demande donc au secteur de participer aux épreuves finales, ce qui n’est actuellement pas le cas dans toutes les écoles.
Les stages constituent le troisième moyen de rapprocher les écoles et les entreprises.
Vous savez que nous voulons créer un stage généralisé pour les enseignements technique et professionnel.
Tous les élèves du dernier degré doivent suivre un stage en entreprise de deux à quatre mois.
Ceci sera amélioré grâce au pouvoir fédéral. Nous lui avons demandé de pouvoir renforcer le tutorat. En effet, les
entreprises ont du mal à organiser des stages car elles ne disposent pas nécessairement des personnes qui vont
accompagner les stagiaires. Nous avons proposé au gouvernement fédéral de financer des tuteurs. C’est donc par ces biais
– stage en entreprise, profil garanti, visite médicale et tuteur payés par le pouvoir fédéral – que nous pouvons améliorer
le nombre et la qualité des stages en entreprise.
Vous pouvez ainsi constater que nous soutenons la logique de rapprochement entre les entreprises et les écoles, notamment
dans le technique et le professionnel. Mais penser que l’école ne propose que les modules de formation garantissant une
place sur le marché du travail serait un mauvais calcul.
En effet, les disponibilités d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain. Nous devons donc garder une certaine souplesse
face à l’augmentation du nombre d’élèves. Les jeunes doivent être informés de manière complète des métiers d’aujourd’hui et
de demain.
Philippe Fontaine (MR).
Nous pouvons être d’accord sur les objectifs mais je pense qu’il faut atteindre certains d’entre eux à court terme.
C’est notamment le cas de l’information. Il convient en effet d’éviter que certains jeunes continuent à s’inscrire dans des
filières qui ne débouchent sur rien du tout et que certaines sections doivent fermer faute d’inscriptions alors que des
emplois sont disponibles dans ce secteur.
Je suis d’accord avec vous pour affirmer que l’école n’a pas pour seul but de fournir une maind’œuvre qualifiée à
l’industrie.
Elle doit aussi former les jeunes pour leur permettre de devenir les adultes de demain : c’est la partie la plus
importante de son rôle.
Toutefois, il est dommage de constater que certaines entreprises ne trouvent pas les travailleurs dont elles ont besoin et
sont obligées, notamment dans le Hainaut, d’aller chercher des travailleurs en France.
D’où le paradoxe : nos hautes écoles sont remplies d’étudiants français alors que nous devons aller chercher, en France,
des ouvriers et des employés pour remplir des fonctions qui ne sont donc plus occupées par des personnes formées dans
notre enseignement secondaire. C’est quand même dommage.