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Questions orales

     

 Questions du 13/10/05

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 Le classement de nos universités...
Question orale de Philippe Fontaine, député wallon à Marie-Dominique Simonet, Ministre de l’enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Relations internationales, concernant :
« Le classement de nos universités en matière de recherche scientifique »


Madame la Ministre,
L’université chinoise de Jiao Tong de Shangaï a établi pour la troisième année consécutive le classement des 500 meilleures universités du monde en termes de performances dans le domaine de la recherche.

Si sept de nos universités se classent dans ce top 500 planétaire, faisant de la Belgique le 18ème pays classé, on ne trouve nos deux premières universités de Communauté française qu’à la 101ème place. Il s’agit de l’ULB et de l’UCL.

Si on regarde le classement européen, la Belgique place cinq universités dans le top 100, la 36ème place revenant à l’ULB et la 80ème revenant à l’Ulg.

Bien sur, la première question que vous allez me retourner est celle des critères retenus par cette lointaine université pour établir ce classement. Le nombre d’anciens élèves, le nombre d’enseignants ayant obtenus un prix Nobel , le nombre d’enseignants figurants parmi les auteurs les plus cités, le nombre d’articles publiés dans des revues scientifiques, etc…. figurent parmi les critères de classement. Il reste clair que la quantité ne remplace pas la qualité et d’aucun pourrait remettre en question la validité de ces critères. Ils peuvent toutefois dénoter d’un certain dynamisme des unités de recherche prises en compte pour ce classement.

Il est certain qu’un instrument de mesure réellement performant de l’activité « recherche » selon des critères acceptés par tous serait particulièrement intéressant pour pouvoir situer réellement nos universités sur un plan mondial et européen.

Un tel instrument de mesure existe-t-il actuellement ? Si non, les autorités européennes ont-elles déjà discuté de ce thème ?

En Communauté française, y a-t-il un organe qui rassemble ce type d’information et le répercute auprès des établissements concernés ?
Avec le mouvement de mondialisation en cours actuellement, ces classements seront de plus en plus fréquents.

Prenez-vous contact avec les établissements en question pour commenter les résultats des classements internationaux publiés ?

Par quel biais pourriez-vous aider nos établissements d’enseignement supérieur à améliorer leurs classements futurs, ce qui pourrait renforcer leur attractivité ?
Réponse de la Ministre Marie-Dominique Simonet,
Le classement de l’université Jiao Tong de Shangaï est établi de la manière suivante : 10 % en fonction du nombre d’anciens de l’université qui ont obtenu le prix Nobel ou la médaille Fields, 20 % en fonction du nombre de professeurs qui ont obtenu ces mêmes distinctions ; 20 % en fonction du nombre de professeurs apparaissant parmi les highlicencied researchers du Science citation index ; 20 % en fonction du nombre d’articles publiés dans les journaux Nature et Sciences ; 20 % en fonction du nombre d’articles repris par le Science citation index expanded ; 10 % liés à la relation entre la performance de l’université et sa taille.

Le choix des critères est nécessairement subjectif. Il ne m’appartient pas de le critiquer mais je constate qu’il est favorable aux institutions américaines, car il tient plus largement compte de la gloire passée que du moment présent. Or, les universités européennes ont traversé une période difficile ces dernières décennies.

Un article publié dans Nature en 2004 révèle que depuis 1996, le nombre d’article publiés annuellement en Europe dépasse l’équivalent américain. Ce n’est pas encore le cas des citations. C’est pourquoi je vous conseille d’examiner la position des universités européennes dans le classement établi par l’Université de Shangaï. Quatre universités belges, dont deux de la Communauté française, apparaissent à la 36ème place.

Elles sont classées ex aequo avec d’autres universités de 36 à 56.

On peut se demander quelle est la performance des divers pays européens parmi les cinquante meilleures universités européennes si l’on tient compte du nombre d’habitants. la Grande-Bretagne compte quinze universités pour 57, 5 millions d’habitants et la Belgique quatre universités, deux pour chaque communauté, et dix millions d’habitants. Le calcul du nombre d’universités classées dans les cinquante meilleures par million d’habitants donne une vision nouvelle mais sans doute plus juste. La Suisse devient le pays le plus performant suivi de la Suède et la Belgique. La Grande-Bretagne arrive en sixième position. Ce classement reste presque inchangé si l’on se réfère aux cent meilleures : la Belgique reste troisième et la Suède passe devant la Suisse. La Communauté française, comme la Communauté flamande, a veillé à maintenir un bon niveau de l’ensemble des universités tant en recherche qu’en enseignement et a réparti équitablement les moyens disponibles.

Dans le classement du Times Supplement paru l’année dernière, l’UCL et l’ULB apparaissaient respectivement en septième et huitième position des universités complètes européennes. Par ailleurs, la recherche scientifique partagée de manière égale entre nos Communautés, se porte bien. L’enquête de Nature, dont j’ai parlé, comptabilise les publications d’articles en sciences exactes et médicales de 1997 à 2001 ainsi que leur fréquence de citations. En termes de production scientifique par million d’habitants, la Belgique dépasse la moyenne européenne des quinze et se classe sixième derrière les pays scandinaves, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne ; en nombre de citations, la Belgique se trouve également en sixième position. Nous devons nous réjouir d’une telle reconnaissance de la qualité de nos chercheurs d’autant que le financement de la recherche scientifique stagnait depuis de nombreuses années.

Le FNRS analyse régulièrement les performances des chercheurs. Toute demande de financement doit être accompagnée de la liste des publications des demandeurs. Le nombre de citations peut ainsi être comptabilisé. L’Union européenne analyse les performances de recherche en sciences exactes et de la vie. Le troisième rapport européen sur les indicateurs de la science et de la technologie a été publié en 2003. Les performances de nos universités complètes y sont reprises en détail et sont tout à fait honorables. Nos universités elles-mêmes sont très sensibles au classement et les analysent dès qu’ils paraissent. Je suis consciente du travail extrêmement sérieux que fournissent nos institutions de recherche et d’enseignement avec l’aide du FNRS malgré la pénurie de moyens.

En Belgique francophone, l’aide publique à la recherche et au développement atteint 0,62 % du PIB et notre objectif est de parvenir à 1 % comme au Japon ou aux États-Unis. Le seul moyen d’aider les établissements d’enseignement supérieur est d’accroître les budgets en faveur de la recherche. C’est ce à quoi le gouvernement s’est attelé, sur ma proposition, dans le budget pour 2006. J’ai la conviction que ces moyens seront bien utilisés.

Réplique de Philippe Fontaine,
Je remercie la ministre de sa réponse détaillée. Je ne crois pas que les classements soient toujours très objectifs mais il est important de les analyser et d’y rester attentifs. C’est une bonne chose que d’être performant et c’est encore mieux que cela se sache grâce aux enquêtes. Ces classements influencent la réputation réputation tant nationale qu’internationale de nos universités. Au vu de la petite taille du territoire de la Communauté française, les universités francophones sont performantes. Je pense comme vous que ce classement aurait été encore meilleur si les moyens octroyés à la recherche avaient été augmentés. Heureusement, de nouveaux moyens ont été mis à disposition ces dernières années et vous en annoncez encore d’autres.