Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
– Nous partageons votre souci pour la
santé de nos jeunes. L’approche de promotion de
la santé adoptée en Communauté française constitue,
contrairement à ce que vous avancez, une approche
globale qui inclut la question des assuétudes.
La promotion de la santé entend développer
des compétences en rapport avec la responsabilité
et le libre choix. Cela amène les jeunes à ré-
fléchir sur leurs attitudes et leurs comportements.
Aujourd’hui, trois types d’actions sont menées, ou
sont en passe d’être menées dans le programme
développé par la Communauté française vis-à-vis
des jeunes en milieu scolaire.
Primo, un programme de prévention primaire
du tabagisme en milieu scolaire est testé depuis un
an par l’Association belge de pneumologie, promoteur
du projet. Le programme s’inspire d’un
modèle américain qui a fait l’objet d’une publication
scientifique positive.
Le matériel consiste en
un diaporama sur les méfaits du tabac et sur la
stratégie commerciale des cigarettiers.
Les animations
seront proposées aux écoles par des pneumologues
ainsi que par des services PSE et des centres
PMS.
Nous espérons bien entendu atteindre toutes
les écoles.
Secundo, des actions plus spécifiques et plus
volontaristes de la part des écoles seront encouragées.
Il s’agit de la généralisation des projets
« école sans tabac ».
Dans le cadre des projets de
service, les équipes PSE et les centres PMS vont
évaluer la situation dans l’école, puis proposer
des solutions visant à faire disparaître progressivement
le tabac des écoles en tenant compte de
la spécificité de celles-ci.
Ils proposeront au pouvoir
organisateur d’améliorer l’environnement sanitaire
des élèves en signant une convention les
engageant à faire respecter l’école comme un lieu
sans tabac et à veiller à proscrire également l’usage
du tabac lors d’activités organisées à l’extérieur
par l’établissement scolaire.
Cela ira donc plus
loin que les mesures visées par l’arrêté royal du
19 janvier 2005.
Une convention-type sera proposée aux directeurs
d’école.
Tertio, une recommandation sera adressée aux
services PSE-PMS.
Selon les experts de l’éducation
à la santé auprès des jeunes, les avis brefs et le
conseil minimal donnés par les soignants sont des
méthodes efficaces.
Ils doivent être dispensés systématiquement
lors des contacts avec les jeunes.
La proposition serait dès lors d’intégrer la question
du tabagisme au bilan de santé scolaire pour
les élèves du secondaire.
On abordera également cette question dans
les règlements d’ordre intérieur.
L’interdiction de
fumer dans les établissements scolaires est bien
inscrite dans deux bases légales, à savoir le décret
de la Communauté française du 2 décembre
1982 relatif à la lutte contre le tabagisme et l’arrêté
royal du 15 mai 1990 portant interdiction
de fumer dans certains lieux publics.
Ces deux
textes confirment qu’il est strictement interdit de
fumer dans les locaux scolaires, cantines et salles
de cours notamment, à l’exception des espaces ouverts
telle que la cour de récréation.
Toutefois, le
décret de la Communauté française relatif aux établissements
scolaires ajoute que tout pouvoir organisateur
peut prendre des dispositions d’interdiction
plus sévères et les étendre à d’autres lieux
fréquentés par les élèves, voire à la totalité de l’enceinte
scolaire, par le biais de règlements internes.
Afin de disposer de données suffisantes et d’assurer
à ces projets continuité et adéquation avec
les règlements d’ordre intérieur, j’ai demandé à
l’administration de me fournir un rapport indiquant
les établissements scolaires de tous les réseaux
qui ont élargi l’interdiction de fumer aux espaces
ouverts par le truchement de leur règlement
d’ordre intérieur.
Nous comptons ainsi mettre en
place des projets qui abordent les assuétudes de
manière globale et qui répondent plus spécifiquement
aux besoins et aux attentes de chaque établissement
scolaire.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je remercie la
ministre pour sa réponse détaillée et pour la liste
des actions, essentiellement préventives, dans lesquelles
nous pouvons nous inscrire.
Il y a un autre
problème : celui de l’interdiction. S’il est interdit
de vendre aujourd’hui du tabac à un jeune, il est
paradoxal que l’arsenal décrétal de la Communauté
française n’empêche pas qu’un jeune soit
en contact avec le tabac jusqu’à l’âge de 16 ans
dans les écoles. Je reste persuadé qu’il faut arriver
à une interdiction, non seulement dans les locaux scolaires, mais aussi dans les lieux ouverts.
Puisque nous sommes d’accord, je vous suggère de
vous rallier au texte que nous avons déposé. Nous
gagnerions du temps et vous pourriez occuper le
vôtre à autre chose.