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Questions
du 07/06/05 |
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Les conséquences pour les élèves... |
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Arena, Ministre-Présidente de la Communauté française,
Ministre de l’Enseignement, concernant:
« Les conséquences pour les élèves du fondamental et du secondaire de la grève des chauffeurs des TEC »
Madame la Ministre-Présidente,
Je ne rappellerai pas la crise grave que traversent depuis un long moment les transports en commun en Région wallonne.
Comme on le sait également, cette situation totalement enlisée du conflit qui oppose les chauffeurs des TEC, les transports
en commun public wallons et leur direction, a des effets annexes. Si pour les travailleurs, et encore pas pour tous, il
est encore possible, avec beaucoup de difficultés, de s’organiser pour traverser au mieux cette situation, il n’en est pas
de même pour d’autres catégories d’usagers. C’est le cas pour les personnes âgées, les personnes malades contraintes de se
rendre régulièrement voire quotidiennement dans les hôpitaux ou centres de soins, étudiants en pré-session d’examen, les
demandeurs d’emploi et les élèves du fondamental et du secondaire.
Je vais plus particulièrement parler ici des écoliers. Il est devenu très difficile pour certains d’entre eux de se rendre
à l’école. C’est devenu le règne de la débrouille avec plus ou moins de bonheur selon la distance entre leur domicile et
leur école, selon la solidarité dont il peuvent ou non faire l’objet (co-voiturage, etc).
Nous sommes en fin d’année scolaire et il est inutile de vous rappeler que beaucoup de professeurs galopent pour « boucler »
leur programme, non pas qu’ils traînent à d’autres moments de l’année mais bien parce qu’il y a beaucoup de matière à voir
et surtout des compétences à atteindre dans un délai de plus en plus restreint. Par ailleurs, vu l’obligation de terminer
l’année le 30 juin et que la période de révisions a commencé ce lundi dans la plupart des écoles, de nombreux établissements
se trouvent en difficulté et se trouveront en difficulté :
Des heures de cours sont et seront perdues définitivement, tous les élèves n’auront pas atteints le même niveau de
connaissance à l’issue de leur année scolaire ;
Comme vous le savez, il existe des épreuves communes notamment en mathématique en 2ème et 3ème année, en Français pour les
rhétos entre plusieurs établissements de plusieurs zones, … pour ne citer que quelques exemples. Ces épreuves vont donc
réunir des élèves dont le niveau de connaissance sera sensiblement ou très différent or il n’est pas possible de revoir le
contenu du programme. Il ne peut qu’y avoir des disparités dans les résultats de ces élèves.
Comme vous le savez, en fin de 2ème, il faut atteindre des socles de compétences et de l’avis de nombreux établissements,
ils ne seront pas atteints. De la même manière ils tiennent ce discours pour les Compétences terminales, en §.
Un problème de même nature se posera en ce qui concerne, pour l’enseignement fondamental, pour le CEB (ex examen cantonal).
Enfin, le point de départ de la grève des chauffeurs sont les trop nombreuses agressions, verbales ou physiques, dont ils
sont l’objet, outre les revendications salariales. Mais cette grève entraîne elle même une insécurité accrue. En effet, si
des élèves font de gros efforts parfois infructueux pour arriver jusqu’à leur école, d’autres profitent du climat embrouillé
du moment pour ne pas faire beaucoup d’efforts pour arriver à l’école et préfèrent traîner en rue. Il est inutile, sans
vouloir stigmatiser, de préciser que le taux d’absentéisme est plus élevé dans les sections professionnelles que dans les
autres sections. Comment doivent se comporter les chefs d’établissement vis-à-vis d’élèves qui sont parfois à la limite du
décrochage scolaire ? De plus, j’attire votre attention sur le fait que les véritables victimes de la grève sont encore les
enfants des milieux défavorisés qui ne trouvent que difficilement un moyen de substitution pour rejoindre leur école.
Madame la Ministre-Présidente, voici les questions que j’aimerais vous poser :
la presse nous rapporte qu’aucune disposition ne semble avoir été prise vis-à-vis des écoles pour « gérer » ces absences à
répétition de certains élèves et ce bien malgré eux. Est-il exact qu’aucune directive n’a été envoyée aux écoles pour
expliquer comment « gérer » les absences et les retards qui seraient imputables à l’absence de bus ?
Si effectivement aucune directive n’a été envoyée, est-ce délibérément et pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?
quel impact auront ces absences en regard du prescrit visé notamment aux articles 84,85,92 et 93 du Décret-Mission du 24
juillet 1997 relatif aux absences injustifiées ?
Que comptez-vous mettre en place comme solution avec les écoles pour que celles-ci puissent rattraper le retard accumulé et
ce en fin d’année scolaire, moment où la plupart des enseignants ont bien du mal à boucler leur programme et surtout à la
veille des examens ?
Par rapport au niveau de connaissance différent d’un établissement à l’autre, ne craigniez-vous pas, notamment en ce qui
concerne les épreuves communes, une déferlante de recours vers les chefs d’établissement contre les piètres résultats
d’élèves dont les enseignants n’auront pas pu terminer leur matière ou qui , élèves, n’auraient pas pu suivre les cours
régulièrement pour cause de grève ?
Quelles mesures comptez-vous prendre pour aider les chefs d’établissement à discerner de la recevabilité de ces recours ?
Enfin, quelles dispositions comptez-vous prendre vis-à-vis des élèves dans les années charnières ou terminales qui n’auront
pas atteint le socle de compétence ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
– La grève des TEC est terminée et je m’en
réjouis, surtout pour l’organisation des examens
dans les prochaines semaines. Les jeunes ne se
trouveront donc pas dans l’incapacité de se rendre
à leurs examens.
La grève des transports en commun a duré
plusieurs semaines et a perturbé le fonctionnement
d’un certain nombre d’écoles sur le territoire wallon.
S’il ne faut pas généraliser la situation à l’ensemble
des écoles de la Région, on ne peut pas
pour autant nier l’impact de cette grève.
Depuis le début du conflit, la situation a été
très contrastée, avec des durcissements successifs
à Charleroi, Mons et Liège, et une reprise du travail
plus rapide dans les provinces de Namur et du
Luxembourg.
Il est important aussi de distinguer la situation
dans les écoles primaires, qui sont en général
proches du domicile des enfants, qui sont desservies
parfois par des transports scolaires, et où les
parents conduisent les enfants à l’école de manière
plus systématique, de la situation dans les écoles
secondaires qui sont généralement plus éloignées
du domicile et dont les élèves recourent plus souvent
aux transports en commun. Tous les acteurs
du monde enseignant, les enseignants, les chefs
d’établissement et les parents, et moi-même avons
pris nos responsabilités pour amortir l’impact de
cette grève sur la scolarité des enfants et faire en
sorte qu’ils bénéficient du meilleur encadrement
possible.
En tant que ministre de l’enseignement, j’ai
fait parvenir à mon administration à la fin de la
semaine dernière une note pour que les absences
des élèves dues à la grève soient neutralisées et
qu’elles ne soient pas sanctionnés injustement. Je
fais confiance aux chefs d’établissement et à leurs
équipes d’éducateurs afin qu’ils gèrent au mieux le
registre des absences pour éviter tout abus.
En ce qui concerne les compétences que ne
maîtriseraient pas les élèves, j’éprouve moins d’inquiétudes
que M. Fontaine. Les enseignants ont
des démarches suffisamment professionnelles pour
exploiter le temps imparti de la meilleure façon
possible au bénéfice des enfants, tant dans l’enseignement
secondaire que primaire.
En ce qui concerne l’organisation interne de
chaque école, les chefs d’établissement savent, en
pareils cas, prendre leurs responsabilités et réagir
avec leurs enseignants afin de ne pas sanctionner
l’élève, mais de lui offrir au contraire des possibilités
de remédiation ou de rattrapages. Je ne peux
qu’encourager chaque chef d’établissement à soucieux
plus encore que d’habitude du bon fonctionnement
de son école et de la réussite de chacun de
ses élèves.
Dans des situations aussi critiques, je suis sûre
que chacun, à son niveau, avec ses compétences
et ses responsabilités, réagira au mieux, y compris
les parents qui ont déjà fait le maximum pour
conduire leurs enfants à l’école ou trouver des
moyens de transport de substitution.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je me réjouis
de ce qu’une circulaire a finalement été envoyée
dans les établissements scolaires. Je ne regrette
qu’une chose, c’est qu’elle n’ait été envoyée qu’une
fois la grève terminée. Certains chefs d’établissement
ont été dans le flou pendant plusieurs jours,
faute d’instructions précises. Il aurait été préférable
d’envoyer cette circulaire plus tôt.
Mme Marie Arena, – C’est une note et non une circulaire
que j’ai adressée à l’administration la semaine dernière.
Il aurait été difficile de prendre position plus
tôt car nul ne pouvait imaginer que la grève allait
durer aussi longtemps. Il s’agit en fait de neutraliser
les absences et l’envoi un peu tardif de la note
ne compromet en rien cet objectif.
M. Philippe Fontaine (MR). – Gouverner, c’est
prévoir, et il faudrait revoir les procédures ou
les instructions données par l’administration aux
chefs d’établissement pour que ceux-ci sachent
clairement que faire dans pareille situation. Il ne
s’agissait pas de la première grève de longue durée
des TEC; en 2000, une autre grève a également été
très longue. Il me paraît utile de définir des procédures
et de les faire connaître à l’avance pour éviter
une période de flou qui sème l’inquiétude chez
les parents, qui amène les chefs d’établissement à
prendre des dispositions différentes d’un établissement
à l’autre et qui crée une insécurité chez les
élèves, surtout à l’approche des examens.