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Questions
du 24/05/05 |
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L’accès aux mouvements de jeunesse et aux ... |
question orale de monsieur philippe fontaine à madame fadila laanan, ministre ministre de la culture, de
l'audiovisuel et de la jeunesse et à monsieur claude eerdekens, ministre de la focntion publique et des sports concernant :
«L’accès aux mouvements de jeunesse et aux clubs sportifs»
Madame le Ministre,
Monsieur le Ministre,
Dernièrement, la presse a fait écho à une étude relative à la fréquentation des mouvements de jeunesse et de clubs
sportifs en Communauté française. L’enquête menée a concerné par moins de 183 établissements scolaires et plus de
41.000 élèves de 3è, 4è, 5è et 6 è année de l’enseignement secondaire.
Les résultats révèlent que la filière d’enseignement détermine très souvent l’inscription et la fréquentation de mouvement
de jeunes ou de clubs sportifs. Donc, plus que les origines ou le milieu de vie, c’est l’école qui influencerait positivement
ou négativement l’accès aux mouvement de la jeunesse et au sport.
Alors, évidemment, la tentation est d’ores et déjà grande d’accuser l’école de pas être égalitaire ou encore les centres
de jeunes ou les clubs sportifs de fermer leurs portes à certaines catégories de jeunes.
Avec un minimum d’honnêteté, il faut admettre que le problème n’est pas celui d’un nivellement par le bas, ce n’est pas
l’école qui est en cause (c’est seulement le constat qui est fait à travers l’école). Les institutions scolaires sont
fréquentées par des jeunes qui ont choisi tel ou tel réseau, telle ou telle école, telle ou telle filière et ce n’est
pas une « main invisible » qui impose son choix d’en haut. En Belgique,l’enseignement est libre et c’est un droit
constitutionnel inaliénable. Le débat doit donc plutôt être porté ailleurs ou selon une logique différente.
La question essentielle devient alors : pourquoi les élèves des filières professionnelles, techniques ou artistiques
fréquentent moins les clubs de sport ou les mouvements de jeunesse ? L’enjeu, c’est de trouver les réponses et de remédier
aux carences.
On sait combien les valeurs prônées et défendues dans les activités extrascolaires, au travers des clubs et des mouvements,
sont riches et valorisantes (la sociabilisation, la solidarité, le respect de l’autre, l’entraide, ….). Participer
activement à ces structures, c’est parfaire sa vocation citoyenne et améliorer son ouverture d’esprit. Il faut donc
encourager les jeunes à participer à celles-ci.
En ce qui concerne les mouvements de jeunesse, il est pertinent de s’interroger sur l’adaptation de l’offre à un public
qui n’est pas issu de l’enseignement général. Je souhaite donc entendre la Ministre sur ce point ainsi que sur le soutien
qu’il faut apporter aux mouvements de jeunesse pour les aider à toucher d’autres jeunes que ceux qui statistiquement
se retrouvent dans l’enseignement général. Donc, quels moyens donnez-vous (comptez-vous donner ?) pour permettre aux
mouvements de jeunesse d’adapter leur offre à un public différent ?
Ne serait-il pas utile de créer ou de valoriser des passerelles entre l’enseignement et les mouvements de jeunes ? Comment
intéresser certains jeunes à la pratique de ce type d’activités ?
Bien évidemment, si on développe des outils et des stratégies efficaces et que le nombre de jeunes qui fréquentent les
mouvements est en augmentation, il faudra rapidement donner de nouveaux moyens au secteur de la jeunesse. La ministre
est-elle prête à rencontrer cette demande et en a-t-elle les moyens ?
Quant aux clubs sportifs dont le rôle social ne doit plus être démontré, ils ont pour mission de promouvoir l’activité
sportive, d’améliorer la pratique d’un ou plusieurs sports, mais également, et moins directement, d’accueillir des jeunes
laissés à la dérive qui pourraient être tentés par d’autres choix moins valorisants.
Le sport pour tous est donc un axe qu’il est absolument nécessaire de développer. Un des moyens serait de faire entrer par
la grande porte le sport dans les établissements d’enseignement professionnel et technique fréquentés par des jeunes
pas forcément enclins à la pratique courante d’un sport.
L’obligation d’un ministre des sports ne se limite évidemment pas à attribuer des subventions mais, et vous l’avez bien
compris, vise également à promouvoir le sport et ses valeurs. Ce travail doit se faire en primeur auprès des plus jeunes et
de ceux qui n’accordent aucun a priori favorable à la pratique d’un sport.
Comme pour les mouvements de jeunesse, Monsieur le ministre peut-il développer sa vision et son approche par rapport aux
élèves qui n’aiment pas le sport ou qui considèrent que l’apprentissage de leur futur métier ne leur laisse pas le temps de
faire du sport ? Ne faut il pas insister auprès d’eux en leur démontrant combien le sport se traduit également par le goût
de l’effort et la volonté de dépassement de soi…et que ces deux principes s’appliquent de plein droit à l’enseignement et à
leur future carrière ?
Par quel biais approcher et rencontrer les jeunes à l’école ? Quels moyens budgétaires accorder à cet objectif ?
Je vous remercie.
Réponse du Ministre Fadila Laanan,
Les questions et les constats posés par le projet de la Fondation P&V sont certes intéressants. Cependant, il ne faut pas
réduire cette réflexion à des chiffres qui résultent d’une enquête menée en Flandre. Elle doit être envisagée dans toute
sa complexité, comme le laisse entendre M. Boukhriss dans son intervention intitulée «
Commentaire sous l’angle de la
diversité ». Il est illusoire de tenter de renforcer la mixité culturelle et le public des associations de jeunesse
sans analyser toutes ses causes.
Elles ne peuvent être réduites au type d’enseignement fréquenté par les jeunes !
La jeunesse est une période particulière de la vie où chacun est à la recherche de son identité. La question de la
reconnaissance de l’adolescent par ses pairs est importante. L’adhésion à une association de jeunesse est un choix,
alors que l’école est obligatoire. La véritable question me semble donc être : «
Quelles sont les stratégies à mettre
en place pour toucher les jeunes et favoriser leurs choix ? »
Les mouvements de jeunesse de la Communauté française mènent également une recherche sur cette thématique. Un colloque
est d’ailleurs en préparation. La question du public y sera abordée. Il sera intéressant de découvrir leur analyse et
leurs propositions. Le secteur des organisations de jeunesse est donc dans une phase d’évaluation prospective.
Je ne pense pas que la question de l’accessibilité des associations de jeunesse soit essentiellement une question de
moyens financiers.
Elle est plutôt une question de stratégie globale de la politique de la jeunesse et des associations. Y mettre en œuvre
la mixité sociale, comme dans la société, est un véritable défi qui nécessite de prendre en compte les modes d’adhésion
des jeunes, leur mobilité, leur désir en matière d’activités, l’attitude des équipes d’animation, mais également des
paramètres sociaux et culturels. Au vu de la complexité de cette problématique, je ne pense pas que le renforcement des
contacts entre les écoles et les associations de jeunesse suffise à modifier cette situation, même si cette piste ne doit
pas être négligée.
Dans le cadre de la réforme du décret de 1980 et de la réforme du CJEF, cette question devra être étudiée avec le secteur.
Je solliciterai également la Commission consultative des centres de jeunes. À la suite de leurs propositions, je
veillerai à prendre les mesures les plus adéquates.
En ce qui concerne l’accessibilité aux sports, mon collègue Claude Eerdekens me demande de vous communiquer la réponse
suivante. Si le sport pour tous est un axe qu’il développe, il ne peut rien faire pour l’intégrer dans les établissements
d’enseignement professionnel et technique fréquentés par des jeunes moins enclins à sa pratique.
Il essaye cependant, avec la ministre de l’Enseignement, d’augmenter les périodes d’éducation pour l’enseignement
primaire en les faisant passer de deux périodes obligatoires à cinq périodes via un projet pilote qui devrait voir le
jour en septembre 2005. L’association des fédérations francophones du sport scolaire est une des fédérations reconnues
et subsidiées par la Communauté française. À ce titre, cette fédération gère également le sport dans le milieu
scolaire et est orientée vers le sport pour tous.
Réplique de Philippe Fontaine
La réponse de la ministre ne m’a rien appris de nouveau. Je sais simplement qu’elle est consciente du problème et qu’un
certain nombre de groupes seront mis en place pour y réfléchir. C’est très bien mais il faudrait surtout être efficace et
agir.
En ce qui concerne le sport, je viens d’entendre que M. Eerdekens avait quelques projets pour la fin de l’année. Je
crois, monsieur le président, que dans ce dossier, comme dans beaucoup d’autres, le gouvernement palabre beaucoup et
n’agit pas tellement. Je souhaiterais des réalisations concrètes.