Réponse du Ministre Fadila Laanan,
Je veux vous donner quelques précisions.
Les états généraux n’ont pas pour objectif de m’aider à y voir plus clair.
Ils ont été revendiqués par les milieux culturels et mis en œuvre par notre gouvernement afin de procéder à une
refondation de la politique culturelle.
Les états généraux n’ont aucunement pour but d’apaiser le monde culturel.
Pour reprendre votre image, la pression dans la marmite qui augmenterait est en réalité un bouillonnement intense
qui s’amplifie depuis des années !
D’autre part, je ne vois pas pourquoi le fait de connaître les budgets des autres opérateurs pourrait se révéler
inquiétant.
Bien entendu, ces chiffres doivent être mis en perspective avec le cahier des charges et les obligations des différents
opérateurs.
Le point suivant que je souhaite éclaircir concerne l’idée selon laquelle je serais en désaccord avec votre vision
de la culture.
Il est évident que les états généraux portent sur la totalité des politiques culturelles.
Mon vœu le plus cher serait qu’ils débouchent précisément sur une nouvelle vision diamétralement opposée au concept
de culture en tant que loisir, une vision qui renforcerait sa place dans la société, et qui reconnaîtrait qu’elle
est la seule à donner du sens à l’action humaine.
Je précise également que je souhaite avancer vite et bien, même s’il me semble totalement contradictoire de promouvoir
une nouvelle vision de la culture et de tirer des conclusions hâtives, voire, pire encore, de se lancer dans des
réformettes pour le simple plaisir de montrer qu’on a agi.
Il s’agit de travailler sérieusement, et non de s’agiter, ni de prendre des décisions à l’emporte-pièce.
Je me réjouis de constater que vous partagez mon sentiment sur l’extrême précarité de nombreux opérateurs.
Les solutions recherchées au travers des états généraux visent d’ailleurs à les en sortir.
Il est vrai que les états généraux usent et motivent les membres de mon cabinet, comme tout projet d’envergure !
En ce week-end pascal, ni mon chef de cabinet ni moi-même n’avons pu nous rendre à cette rencontre que vous mentionnez
en raison d’une réunion prévue au même moment avec MM. Picqué et Anciaux dans le cadre du dossier Flagey.
Enfin, les états généraux ne paralysent en rien mon travail quotidien et je prends, tous les jours, des décisions
relatives à des dizaines de dossiers.
Bien entendu, la situation n’évolue pas assez vite à mon goût, car je souhaite que les opérateurs disposent, dès
le début de l’année, de leur dotation.
Ce point constitue d’ailleurs l’un des aspects abordés par les états généraux, nous y recherchons des solutions visant
à accélérer ce processus.
En ce qui concerne le calendrier de la fin des états généraux, il sera présenté très prochainement au parlement,
ainsi qu’un premier rapport intermédiaire.
Vous comprendrez alors que je ne cherche pas à m’accorder un délai de réflexion supplémentaire, mais bien à traiter
sérieusement un immense chantier.
Je voudrais également préciser que ce que vous nommez « deuxième phase » est en réalité la première.
En ce qui concerne la méthode de travail, rien n’a été modifié.
Simplement, pour que nous puissions clôturer le projet dans des délais raisonnables – mais sans aller trop vite –
la deuxième phase débutera en même temps que les dernières rencontres.
Nous avions en effet prévu vingt-cinq rencontres pour la première phase.
Comme nous en sommes à la moitié, la deuxième phase commencera bientôt.
Quant à l’article auquel vous faites allusion, je rappelle que ma gestion quotidienne n’est pas dictée par mon président
de parti.
Je rappelle que c’est M. Di Rupo qui a inscrit les Assises de la culture et ses états généraux dans le programme du
parti socialiste.
Ce point fait d’ailleurs partie de la déclaration de politique communautaire et je m’y réfère .
Réplique de Philippe Fontaine
Je ne mettais pas en cause le principe même de la réflexion qui est en cours.
Je souhaitais, simplement, attirer l’attention sur le fait que la situation stagnait.
Un an, c’est long !
Je rappelle que c’est vous qui déclarez qu’il est nécessaire de faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire.
Cela ajoute à la réflexion, mais sans entraîner une modification de votre conception de la culture.
C’est pour cette raison que je vous ai posé cette question.
Vous l’avez déclaré dans un article intéressant – une pleine page – qui a été publié dans le journal de la Médiathèque
de la Communauté française.
Je pense que le parlement doit être informé de la situation avant les vacances scolaires, fût-ce de manière intermédiaire,
car il me paraît inimaginable que nous devions attendre jusqu’au mois d’octobre pour connaître l’état d’avancement
de ce dossier.
Je prends acte du fait que vous n’êtes pas nécessairement obligée de vous aligner sur les déclarations du président
de votre parti.
La répartition des subventions ou des maigres subsides contenus dans l’enveloppe qui vous est accordée nous permettra
de voir ce qu’il en est vraiment.
Nous verrons verrons si vous pourrez faire preuve d’indépendance vis-à-vis des ukases venant de Mons – c’est en effet
le plus souvent de là qu’ils proviennent – ou du boulevard de l’Empereur .