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Questions orales

     

 Questions du 13/04/05

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 La Dynamique que provoquent les Etats généraux ...
Question orale de Monsieur le Député Philippe Fontaine à Madame Fadila Laanan, Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel et de la Jeunesse, relative à:
«La Dynamique que provoquent les Etats généraux de la culture»


Madame la Ministre,
– Les États généraux de la culture se déroulent depuis plusieurs mois.
Plus de dix rencontres ont contribué à vous aider à y voir plus clair dans ce vaste et passionnant monde des arts, du théâtre, des musées, bref de la culture sous tous ses aspects.
Vous dressez un état des lieux qui se veut le plus exhaustif possible.
Néanmoins, vous n’atteignez toujours pas l’objectif recherché :
apaiser le monde culturel en rassurant certains opérateurs qui se demandent fortement de quoi demain sera fait.
Votre volonté de transparence, que je ne conteste pas, a plutôt eu pour conséquence d’inquiéter certains acteurs qui ont pu prendre connaissance des budgets alloués à leurs collègues.
Dès lors, le monde culturel devient une marmite dont la pression augmente au fur et à mesure que vos états généraux se prolongent.
Durant tout ce temps, vous avez rencontré plus de 1 500 personnes, créé un site Internet qui semble fort consulté, et, selon vous, rassemblé une masse d’informations impressionnante.
Aujourd’hui, les états généraux passent à une seconde phase, celle des rencontres transversales dont l’une est programmée le 20 mai sur le thème « culture et éducation », ce qui apportera sans doute des informations intéressantes.
Mais cela prendra beaucoup de temps !
Vous annoncez que les états généraux doivent donner de nouvelles perspectives au niveau culturel mais, vous dites également que lors de la synthèse générale, vous ne pourrez pas tenir compte de tout.
Vous ajoutez, en outre, qu’il faudra faire le tri entre ce qui est essentiel et ce qui ajoute à la réflexion, sans que cela n’entraîne toutefois une modification de notre façon de concevoir la culture.
Enfin, alors qu’il y a urgence pour bon nombre d’opérateurs culturels, vous annoncez que le dossier ne sera probablement pas présenté au parlement avant les vacances.
Vous souhaitez en effet ne pas avancer trop vite pour vous laisser un temps de réflexion supplémentaire.
Ne trouvez-vous pas qu’il y a un paradoxe entre la volonté de développer de nouvelles perspectives en matière culturelle et le fait de ne tenir compte que de l’essentiel, de ce qui ne modifie pas la façon de voir la culture ?
N’est-ce pas précisément dans le cadre de ces états généraux que l’on doit rechercher de nouvelles façons de concevoir la culture, en se mettant à l’écoute des opérateurs les plus créatifs qui sont aussi souvent les plus démunis ?
Ne pensez-vous pas que le temps des bilans, ainsi que des décisions et des actes concrets envers un monde où trop d’acteurs sont précarisés, est venu ?
Ces états généraux s’éternisent pour tout le monde, y compris pour vous-même et vos collaborateurs.
Pour l’illustrer, je vous cite un passage d’un article du Soir : « À la veille du week-end pascal, une ambiance de vacances flottait déjà sur les états généraux de la culture qui se réunissaient au musée de Mariemont pour évoquer la question des musées et du patrimoine immatériel : une soixantaine de personnes, une délégation très réduite du cabinet Laanan et un service minimum fournit en ce qui concerne les interventions, puisque contrairement à plusieurs autres réunions qui débordèrent au-delà des trois heures prévues, la réunion fut pliée en deux heures ».Je confirme ,j’y étais.
Dans la mesure où le président Elio Di Rupo donnait son avis, dans la LibreBelgique du 18 mars dernier sur la politique culturelle qu’il conviendrait de mener en Communauté française, pensez-vous avoir une autonomie suffisante pour mener votre politique culturelle ?
M. Di Rupo dit en substance, comme voulait le relever M. Miller, qu’il y a beaucoup de déperditions dans de lourdes institutions.
Réponse du Ministre Fadila Laanan,
Je veux vous donner quelques précisions.
Les états généraux n’ont pas pour objectif de m’aider à y voir plus clair.
Ils ont été revendiqués par les milieux culturels et mis en œuvre par notre gouvernement afin de procéder à une refondation de la politique culturelle.
Les états généraux n’ont aucunement pour but d’apaiser le monde culturel.
Pour reprendre votre image, la pression dans la marmite qui augmenterait est en réalité un bouillonnement intense qui s’amplifie depuis des années !
D’autre part, je ne vois pas pourquoi le fait de connaître les budgets des autres opérateurs pourrait se révéler inquiétant.
Bien entendu, ces chiffres doivent être mis en perspective avec le cahier des charges et les obligations des différents opérateurs.
Le point suivant que je souhaite éclaircir concerne l’idée selon laquelle je serais en désaccord avec votre vision de la culture.
Il est évident que les états généraux portent sur la totalité des politiques culturelles.
Mon vœu le plus cher serait qu’ils débouchent précisément sur une nouvelle vision diamétralement opposée au concept de culture en tant que loisir, une vision qui renforcerait sa place dans la société, et qui reconnaîtrait qu’elle est la seule à donner du sens à l’action humaine.
Je précise également que je souhaite avancer vite et bien, même s’il me semble totalement contradictoire de promouvoir une nouvelle vision de la culture et de tirer des conclusions hâtives, voire, pire encore, de se lancer dans des réformettes pour le simple plaisir de montrer qu’on a agi.
Il s’agit de travailler sérieusement, et non de s’agiter, ni de prendre des décisions à l’emporte-pièce.
Je me réjouis de constater que vous partagez mon sentiment sur l’extrême précarité de nombreux opérateurs.
Les solutions recherchées au travers des états généraux visent d’ailleurs à les en sortir.
Il est vrai que les états généraux usent et motivent les membres de mon cabinet, comme tout projet d’envergure !
En ce week-end pascal, ni mon chef de cabinet ni moi-même n’avons pu nous rendre à cette rencontre que vous mentionnez en raison d’une réunion prévue au même moment avec MM. Picqué et Anciaux dans le cadre du dossier Flagey.
Enfin, les états généraux ne paralysent en rien mon travail quotidien et je prends, tous les jours, des décisions relatives à des dizaines de dossiers.
Bien entendu, la situation n’évolue pas assez vite à mon goût, car je souhaite que les opérateurs disposent, dès le début de l’année, de leur dotation.
Ce point constitue d’ailleurs l’un des aspects abordés par les états généraux, nous y recherchons des solutions visant à accélérer ce processus.
En ce qui concerne le calendrier de la fin des états généraux, il sera présenté très prochainement au parlement, ainsi qu’un premier rapport intermédiaire.
Vous comprendrez alors que je ne cherche pas à m’accorder un délai de réflexion supplémentaire, mais bien à traiter sérieusement un immense chantier.
Je voudrais également préciser que ce que vous nommez « deuxième phase » est en réalité la première.
En ce qui concerne la méthode de travail, rien n’a été modifié.
Simplement, pour que nous puissions clôturer le projet dans des délais raisonnables – mais sans aller trop vite – la deuxième phase débutera en même temps que les dernières rencontres.
Nous avions en effet prévu vingt-cinq rencontres pour la première phase.
Comme nous en sommes à la moitié, la deuxième phase commencera bientôt.
Quant à l’article auquel vous faites allusion, je rappelle que ma gestion quotidienne n’est pas dictée par mon président de parti.
Je rappelle que c’est M. Di Rupo qui a inscrit les Assises de la culture et ses états généraux dans le programme du parti socialiste.
Ce point fait d’ailleurs partie de la déclaration de politique communautaire et je m’y réfère .

Réplique de Philippe Fontaine
Je ne mettais pas en cause le principe même de la réflexion qui est en cours.
Je souhaitais, simplement, attirer l’attention sur le fait que la situation stagnait.
Un an, c’est long !
Je rappelle que c’est vous qui déclarez qu’il est nécessaire de faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire.
Cela ajoute à la réflexion, mais sans entraîner une modification de votre conception de la culture.
C’est pour cette raison que je vous ai posé cette question.
Vous l’avez déclaré dans un article intéressant – une pleine page – qui a été publié dans le journal de la Médiathèque de la Communauté française.
Je pense que le parlement doit être informé de la situation avant les vacances scolaires, fût-ce de manière intermédiaire, car il me paraît inimaginable que nous devions attendre jusqu’au mois d’octobre pour connaître l’état d’avancement de ce dossier.
Je prends acte du fait que vous n’êtes pas nécessairement obligée de vous aligner sur les déclarations du président de votre parti.
La répartition des subventions ou des maigres subsides contenus dans l’enveloppe qui vous est accordée nous permettra de voir ce qu’il en est vraiment.
Nous verrons verrons si vous pourrez faire preuve d’indépendance vis-à-vis des ukases venant de Mons – c’est en effet le plus souvent de là qu’ils proviennent – ou du boulevard de l’Empereur .