Réponse de la Ministre Marie Dominique Simonet,
– Notre coopération avec l’Inde repose actuellement sur l’accord culturel conclu le 21 septembre 1973 entre le Royaume de Belgique et la République de l’Inde.
En application de cet accord, les programmes d’échange ont porté sur les domaines suivants : éducation et formation, coopération scientifique, santé, affaires sociales, art et culture, radiotélévision, cinéma, audiovisuel, sport et tourisme. À la fin des années 1980, les moyens affectés à la coopération avec l’Inde ont été réduits.
Si l’accord belgo-indien n’est plus appliqué depuis 1996, en pratique, les échanges entre les pays se sont interrompus en 1993. La Communauté française a néanmoins participé à quelques manifestations récurrentes, comme les festivals de films européens et francophones et les journées de la Francophonie. De plus, elle a soutenu quelques manifestations culturelles ponctuelles.
Comme vous le savez, parmi les accents nouveaux que j’ai souhaité imprimer aux relations internationales figure la volonté d’être plus attentif aux opportunités offertes par les pays émergents et de contribuer à y ouvrir les portes à nos opérateurs, qu’ils soient scientifiques, culturels ou académiques.
C’est dans cet esprit qu’en juin 2007, nous avons accueilli une mission du Secrétaire général du département indien de la science et de la technologie. À cette occasion s’est tenue la première commission mixte «
sciences et technologie » organisée par le SPP de la Programmation scientifique, mais en présence de la Communauté française, de la Région wallonne et de la Communauté flamande.
Cette commission mixte a permis d’identifier des domaines prioritaires de coopération : les nanosciences et les nanotechnologies, les sciences du vivant, de la santé et de l’agrobiotechnologie, les énergies nouvelles, l’énergie propre, l’astronomie et l’astrophysique, l’environnement et le changement climatique, le transfert de technologie et l’innovation, la mobilité des chercheurs.
Du côté francophone, des contacts ont été pris à cette occasion des spécialistes des nanotechnologies et avec des opérateurs du pôle SkyWin, où nos universités sont évidemment représentées. Sur la base de cet intérêt réciproque, il m’apparaît important d’évaluer aujourd’hui les possibilités de développer et de renforcer notre coopération scientifique avec l’Inde.
La prochaine étape sera d’ailleurs la visite d’État que nos souverains effectueront en Inde en novembre prochain. Ils seront accompagnés d’une importante délégation des universités francophones, lesquelles mettront à profit cette visite pour réaliser une première mission d’identification de ces coopérations potentielles. Ce sera l’occasion de dresser un premier bilan.
L’ambassade de l’Inde à Bruxelles nous a également fait part de son intérêt pour un accord avec la communauté et la région, dans le domaine de la science, de la technologie et de l’éducation. Les coopérations académiques et scientifiques menées aujourd’hui avec l’Inde sont assez variables.
Aucun établissement de la Communauté française n’a de codiplômation avec des établissements indiens, mais il est vrai que la codiplômation est récente. Il existe cependant des conventions cadres pour faciliter la mobilité des étudiants et des enseignants. Les contacts des étudiants et des chercheurs sont assez denses, pouvant aller dans certains cas jusqu’à des codirections de thèses, sans oublier des invitations réciproques à des séminaires et à des conférences.
Dès 1996, la Communauté flamande a signé un accord de coopération avec l’Inde en matière d’éducation. Cet accord, qui a été reconduit tacitement, prévoit chaque année l’échange de trois étudiants indiens et de trois étudiants issus d’une université flamande. Les dimensions de la Communauté flamande et de la Communauté française sont très éloignées de celles de l’Inde mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler avec ce pays et de procéder à ces échanges, comme nous le faisons avec d’autres pays très importants.
Pour ce qui est du contenu d’un partenariat futur, nos institutions envisagent des collaborations qui cibleraient prioritairement le troisième cycle, à savoir les doctorats, la recherche, les post doctorats et les échanges de chercheurs ainsi que certaines formations de deuxième cycle.
Sur la base des chiffres obtenus auprès de l’ambassade de Belgique à New Delhi, notre pays compterait actuellement plus de 400 étudiants indiens, dont seulement 29 inscrits dans les universités de la Communauté française.
Je rappelle que le nouveau programme de bourses WBI World, qui fait partie du programme des relations internationales et qui est précisément destiné à soutenir l’attractivité de notre enseignement supérieur, peut dès à présent être pertinent pour l’accueil d’étudiants et de chercheurs étrangers et, pourquoi pas, indiens.
Cet outil, dont nous avions besoin pour accorder des bourses d’échange dans le cadre des relations internationales, peut fonctionner pour des demandes concrètes dans le cadre d’une coopération structurée avec nos institutions.
M. Philippe Fontaine (MR). – J’estime, comme la ministre, que la taille gigantesque de l’Inde comparativement à celle la Communauté française ne doit pas nous empêcher de collaborer dans le domaine des technologies, des sciences et de l’enseignement.
Je suis rassuré d’apprendre que le problème est pris en charge, même si malheureusement nous accusons du retard. J’espère que les pistes évoquées et les initiatives envisagées permettront une collaboration plus soutenue à l’avenir.
L’Inde est un pays plus qu’émergent, qui devient un véritable partenaire, voire un concurrent. C’est pourquoi il est fondamental que les relations puissent se développer, comme avec d’autres pays qui sont à la fois nos partenaires et nos concurrents.
On parle beaucoup de la Chine mais l’Inde est au moins aussi importante, sinon plus.