Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
– Afin d’éviter toute confusion, je commencerai par préciser les différentes décisions qui ont été prises et les montants en jeu.
Sous la présidence de Hervé Hasquin, le gouvernement décidait le 22 février 2001 de se porter acquéreur de l’ensemble du bâtiment. Le même jour, le gouvernement de la Communauté française prenait l’initiative d’installer provisoirement le Théâtre National dans cet immeuble. Le prix d’acquisition se montait à 4 980 975,04 euros, tandis que les coûts pour les travaux d’investissement et l’implantation temporaire du Théâtre National s’élevaient à 947 068 euros, auxquels se sont ajoutés 66 208 euros pour les frais de mise en conformité pour l’occupation temporaire, soit un total d’un peu plus de 5 994 000 euros.
Le 14 avril 2004, sur proposition du ministre-président, le gouvernement de la Communauté française sélectionnait pour la future affectation de l’ancien Pathé Palace le projet Cinéma Palace déposé par les frères Dardenne, Éliane Du Bois, Nicole La Bouverie et Patrick Quinet sur la base des avis du groupe de travail chargé de l’examen des candidatures.
En sa séance du 25 novembre 2005, le gouvernement acceptait d’accorder pour la rénovation du Palace une garantie bancaire pendant vingt ans à concurrence de 2 500 000 euros, tva et honoraires compris. La rénovation était limitée à trois salles, un espace d’accueil et de billetterie, un bar avec restauration, un espace destiné à la vente d’articles culturels et de cinéma, un espace dvd et des espaces de bureau pour huit à dix personnes.
Le 25 avril 2008, le gouvernement acceptait d’étendre la garantie. Un montant supplémentaire de 1 147 240 euros couvrira les 397 240 euros d’indexation et les 750 000 euros nécessaires pour rencontrer les exigences de sécurité, dont celles de la Commission des monuments et sites.
Le montant total de la garantie du projet de rénovation du Pathé Palace s’élève maintenant à 3 647 240 euros. À la recherche d’un financement pour la construction d’une quatrième salle et la percée d’une ouverture vers la place Saint-Géry, l’asbl Le Palace a introduit, le 10 janvier 2008, une demande auprès de Beliris pour un montant de 2 850 000 euros.
Elle craignait en effet que la Communauté française refuse d’étendre la garantie pour couvrir les travaux de la phase un. Cette somme correspond au surcoût lié aux exigences de la Commission des monuments et sites (1 147 240 euros), aux coûts de la construction de la quatrième salle et du restaurant (1 297 258 euros) et à l’indexation (405 000 euros).
Dans le cadre de l’avenant no 10 de Beliris, qui prévoit le financement et la mise en oeuvre d’initiatives sur le territoire de la Région de Bruxelles- Capitale pour les années 2008 à 2010, le Comité de coopération a accepté de financer l’asbl à concurrence de 1 425 000 euros pour 2009 et 1 425 000 euros pour 2010, sous la condition résolutoire de transférer la propriété du Pathé Palace à la Région ou à la Ville de Bruxelles. Avant même que le fédéral ne se prononce, la Communauté française avait déjà pris ses responsabilités et respecté ses engagements.
Le coût de la construction de la quatrième salle et de l’ouverture vers la place Saint-Géry reste problématique (1 297 258 euros). Je rappelle que ces travaux ne faisaient pas partie du projet initial approuvé par le gouvernement. J’ai effectivement déclaré qu’il était inconcevable que la Communauté française se défasse du bâtiment pour un euro symbolique compte tenu des montants déjà investis. Le gouvernement s’est d’ailleurs rallié à ma proposition.
Toutefois cela ne signifie pas, comme vous semblez le comprendre, que la Communauté française doive purement et simplement financer la deuxième phase des travaux. Je n’ai pas encore rencontré officiellement les instances bruxelloises. Je doute d’ailleurs que nous puissions trouver une solution alternative négociée.
Je souhaitais avant tout disposer d’une vision financière globale du dossier. J’ai donc demandé à l’asbl Le Palace de me fournir, à titre informatif, une simulation du crédit d’investissements pour le projet global (phases 1 et 2) ainsi qu’une actualisation du business plan établi en 2004 sur la base d’un projet de trois salles. Des réunions informelles se sont déjà tenues, uniquement en présence des responsables de l’asbl.
Certaines pistes ont été évoquées mais doivent encore faire l’objet de précisions chiffrées, juridiques et politiques. Les parties doivent se revoir après les vacances d’été. Dans l’état actuel des discussions, je ne peux vous en dire plus et il va de soi que je dois informer en premier le gouvernement.
Je ne doute pas, monsieur Fontaine, que vous reviendrez à la charge pour être tenu au courant de l’évolution de ce dossier. Venons-en à un sujet qui nous tient tous deux particulièrement à coeur : le cinéma d’art et d’essai. J’ai réaffirmé à plusieurs reprises l’importance du travail des salles «
art et essai ». Elles demeurent les principaux lieux d’accès à la diversité culturelle pour le cinéma. Elles assurent par ailleurs un soutien à la diffusion des films des cinéastes de la Communauté française.
Enfin, il faut rappeler l’important travail de proximité réalisé auprès du public, en particulier pour l’éducation des plus jeunes au cinéma. Ces missions doivent être soutenues. Voilà pourquoi j’ai consenti des efforts budgétaires significatifs en faveur des salles «
art et essai ». Depuis mon arrivée, le budget est passé de 492 500 euros en 2004 à 751 600 euros en 2008, une augmentation de pratiquement 50 %. La Communauté française soutient également le réseau Diagonale, qui cherche à coordonner et développer des actions concertées entre les salles «
art et essai ».
À mon grand regret, le travail de ce réseau reste limité. Il faudrait davantage de synergies. Néanmoins, l’année dernière, les salles du réseau semblent avoir mieux résisté à l’érosion de la fréquentation que connaît l’ensemble du secteur. Je dispose actuellement des chiffres pour sept des neuf cinémas soutenus par la Communauté française. On passe de 674 274 entrées en 2006 à 683 530 entrées en 2007, soit une augmentation de 1,37 %. Même si ce n’est pas énorme, on enregistre une progression, ce qui n’est généralement pas le cas.
Vous m’interrogez sur l’impact du Pathé Palace sur le cinéma d’art et d’essai en général. Jusqu’à présent, il ne peut y en avoir puisque ses activités n’ont pas vraiment débuté, même si ce lieu a été mis à disposition d’autres opérateurs pour des activités culturelles.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je remercie la ministre pour sa réponse détaillée qui a le mérite de faire le point sur l’ensemble du problème et de retracer l’évolution du dossier.
Je peux comprendre la position du gouvernement de la Communauté française qui ne veut pas faire don de l’investissement à la Région bruxelloise. Il faut évidemment trouver une solution négociée.
Je ne manquerai pas de revenir sur ce dossier quand il sera plus avancé.