Question orale du Député Philippe Fontaine à Fadila Laanan, Ministre de la Culture et de l’Audiovisuel, concernant :
« L’avenir de Charleroi Opérettes »

Madame la Ministre,
Le 28 mars 2007, je me faisais du souci pour quelques opérateurs culturels de Charleroi dont déjà Charleroi Opérettes qui était dans la plus grande incertitude quant au renouvellement de son contrat programme. Celui-ci fut finalement prolongé jusqu’au 31 décembre 2007 mais l’incertitude semble s’être fortement amplifiée depuis.

Lors de la saison 2005-2006, le taux de fréquentation des cinq spectacles programmés par l’opérateur n’avait déjà été que de 61%, celui des représentations décentralisées ayant été inférieur au vu des recettes générées par les cinq dernières représentations.

Depuis, la situation s’est dégradée puisque les deux spectacles de fin de saison 2007 ont été annulés. Il semble en outre que plusieurs fournisseurs n’aient pas été payé. Les montants sont importants mais je ne citerai pas de chiffre tant il semble y avoir divergence d’une source à l’autre. Par contre, le déficit de l’exercice 2007 s’élève lui à 215.000€. Enfin, la situation est telle que les salaires du personnel ne peuvent plus être payé sans parler des cachets des artistes en attente depuis des mois.

Dans le même temps, on sait depuis longtemps que l’asbl « Charleroi Opérettes » et son partenaire le Palais des Beaux Arts de Charleroi n’entretiennent pas les meilleures relations. Il s’agit là de problème de personnes mais aussi financiers entre les deux institutions. Par ailleurs, l’asbl vient de renouveler son Conseil d’Administration, le 15 mars 2008, et a reconduit la précédente équipe, après un an d’attente, CA dont le président a démissionné quelques jours plus tard.

Un situation bien peu rassurante pour mener à bien la mission que vous venez de confier à Charleroi-Opérettes qui est de devenir le pôle lyrique léger, entendons l’opérette, de Charleroi, une sorte de pôle d’excellence dans le genre.

Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :

- Il semble que vous conditionnez le renouvellement du contrat programme de Charleroi-Opérettes à la présentation d’un projet qui réponde aux exigences du cahier des charges. Confirmez-vous cette stratégie ?

- Le cahier des charges « pôle lyrique » place la barre très haut puisque les partenaires doivent proposer un programme de haute tenue sur les registres de l’opéra, de l’opérette jusqu’à la comédie musicale en manière telle de devenir une référence et un outil de rayonnement. Ne pensez-vous pas qu’il fallait régler les problèmes internes, entre PBA et Charleroi-Opérettes, avant de proposer votre cahier des charges plutôt que d’espérer que les problèmes ne se règlent grâce à celui-ci ?

- Jusqu’au 31 décembre 2007, le subside de la Communauté française s’élevait à 250.000€. Elle est passée à 150.000€ alors que vous exigez plus de l’asbl. Pouvez-vous m’expliquer ce qui m’apparaît comme un paradoxe ?

- Les 100.000€ de différence vont-il effectivement être alloués à la politique culturelle à Charleroi ? Si non, à quoi sont-ils destinés ?

- Il se dit que vous ne voulez pas attribuer , pour le moment, le subside de Charleroi-Opérettes parce que vous ne voulez pas qu’il serve à renflouer le déficit. Avez-vous l’intention d’intervenir dans le renflouement de l’asbl ? Si non, qui doit le faire ?

- Un appel à projets doit être lancé pour déterminer qui animera et gérera le pôle lyrique. Le centre culturel PBA-Eden et l’asbl « Charleroi-Opérettes » sont-ils en mesure de prétendre à cette charge ?

- Enfin, un comité d’experts doit examiner les candidatures qui doivent être rentrées pour le 30 avril 2008. Pouvez-vous me dire comment ce comité a été/sera constitué ? Qui en fera partie ? Quel sera la portée de sa mission ? Qui prendra la décision finale ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.

Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
– Un cahier de charges précis et résolument orienté vers la qualité des productions a conditionné la mise en oeuvre d’un pôle lyrique de la Communauté française à Charleroi.

Il a fait l’objet d’un appel à projets limité aux deux opérateurs carolorégiens me paraissant à même de relever ce défi : Charleroi Opérettes et le Palais des Beaux-Arts. À l’origine, j’avais proposé la création d’un groupe de travail composé des deux opérateurs mais, vu la difficulté de les réunir sur un projet commun, j’ai choisi la voie de l’appel à projets. Le budget artistique consacré à ce pôle lyrique est de 300 000 euros, partagés entre la Communauté française et la Ville de Charleroi.

C’est suffisant pour un projet axé sur la programmation et non sur la création dont les coûts sont beaucoup plus élevés. Monsieur Fontaine, vous me demandez à quoi seront affectés les 100 000 euros restants de la subvention de Charleroi Opérettes.

Ils seront attribués à d’autres projets pertinents à Charleroi. Il va de soi que cet opérateur doit nécessairement mettre en oeuvre un plan d’apurement. Les financements de la Communauté française ne pourraient être utilisés à combler le déficit actuel. Les dossiers des candidats doivent être rentrés pour le 20 mai au plus tard. Je suis en train de mettre en place le comité d’experts chargé d’analyser les dossiers. Il sera composé de spécialistes dont certains représenteront l’administration.

Je prendrai ma décision en tenant compte de l’avis de ce comité et après concertation avec les autorités de la Ville.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je me réjouis d’apprendre que les 100 000 euros enlevés à la subvention seront attribués à d’autres projets culturels à Charleroi. Nous attendrons de voir quel opérateur a répondu à l’appel et dans quelles conditions. Mais il est évident que le problème des dettes de Charleroi Opérettes va rester très handicapant. Vous ne nous dites pas quel va être votre choix mais on peut déjà le subodorer en connaissant la situation.

Je ne veux pas dire que vous avez une responsabilité dans la situation telle qu’elle est. On a assisté très souvent là-bas à des querelles de bacs à sable !

Personnellement je ne vois pas très bien comment Charleroi Opérettes peut devenir, par un coup de baguette magique, un pôle lyrique respectant des exigences importantes.