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Questions orales

     

 Questions du 24/04/08

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 Les concurrences entre centres de ...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Fadila Laanan, Ministre de la Culture et de l'Audiovisuel, concernant :
« Les concurrences entre centres de production de la RTBF »


Madame la Ministre,
Le 12 mars dernier, la RTBF diffusait un numéro de l’émission « Questions à la Une » consacré à l’affaire Fourniret. Le premier reportage est consacré aux techniques d’interrogatoire des grands pervers et le second portant sur la dynamique du couple diabolique, les victimes du procès et les victimes oubliées.

Jusque là aucun problème, la RTBF permettait de faire le point sur ce dossier avant le début du procès à Charleville Mézières le 27 mars.

Le problème est qu’une émission spéciale sur l’affaire Fourniret était en préparation depuis décembre 2007, date à laquelle la Direction des Antennes confie à l’équipe de l’émission du centre de production de Charleroi « Dossier noir » la mission de préparer une émission spéciale sur ce dossier. Objectif déclaré : prendre le pas sur RTL en diffusant la veille du début du procès, soit le 26 mars.

Toute l’équipe de Charleroi se met au travail pour produire un document de qualité tant sur le fond que sur la forme et explose par la même occasion son budget par émission de 75%.

La RTBF apprend alors que RTL se prépare à diffuser une émission sur le même sujet le 19 mars soit avant la RTBF. Qu’à cela ne tienne, la direction générale décide d’avancer « Dossier noir » au dimanche 16 mars.

C’est là que la machine du service public semble dérailler. L’équipe de l’émission « Questions à la Une » lance sa propre émission « spécial Fourniret » avec une premier reportage généraliste, comme je l’ai dit plus haut, et le second plus fouillé mais … acheté à la VRT ! L’émission est bouclée à la hâte et diffusée le 12 mars, une évidence, le reportage de « Dossier noir » est grillé.

Charleroi joue alors apparemment la carte de la grande famille et remonte son propre reportage pour tenir dans « Questions à la Une », cette option et tout ce qui s’en rapprochera sera refusé par « Questions à la Une ».

Pourtant la direction générale qui visionne les deux reportages semble estimer celui de Charleroi meilleur que celui de Bruxelles, rien n’y fit.

Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :

- Etes-vous informée de cette situation et qu’en pensez-vous ?
- Quelles sont les raisons invoquées par la direction pour avoir fait le choix de privilégier de bout en bout le travail de « Questions à la Une » ?
- N’existe-t-il pas de dispositifs internes susceptibles d’éviter ce genre de situation et ce genre de gaspillage ?
- Pouvez-vous me chiffrer le coût total du reportage de Charleroi réalisé en pure perte ?
- Pouvez-vous me préciser le prix du reportage acheté à la VRT ?
- Est-il exact que les propositions de l’équipe de « Dossier noir » ont été systématiquement refusées par Bruxelles ? Pourquoi ?
- D’aucuns parlent de l’influence de lobbies internes à la RTBF quand on évoque cette affaire ? Pourriez-vous m’en dire plus à ce sujet ?
- Y a-t-il comme semble le dire un communiqué de la CGSP Charleroi une guerre entre Bruxelles et Charleroi à la RTBF ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
– Monsieur Fontaine, permettez-moi de vous préciser que depuis la réorganisation de la RTBF liée au plan « Magellan », les centres de production n’existent plus en tant que tels depuis cinq ans !

M. Philippe Fontaine (MR). – La CGSP ne semble pas le savoir !

Mme Fadila Laanan, – Il faudra faire passer l’information ! Pour en revenir à vos questions, je n’avais pas connaissance d’un conflit entre les différentes unités de production de la RTBF pour la couverture de l’affaire Fourniret.

Vous me demandez les raisons pour lesquelles la direction aurait favorisé le travail de « Questions à la Une ». La RTBF m’a fait part qu’ils ont pris cette option car il existait un risque de ne pas pouvoir diffuser cette émission de référence le 12 mars, faute de sujet.

La RTBF estime en outre qu’il n’y a pas eu le moindre gaspillage. L’équipe de « Questions à la une » travaille toujours dans le plus grand secret pour des raisons évidentes de concurrence. Toujours selon la RTBF, rien n’a été réalisé en pure perte puisque l’émission « Dossiers noirs » a été diffusée dans son intégralité et à une heure de grande écoute le 26 mars 2008 dans la case de « Questions à la une », à la veille de l’ouverture du procès Fourniret.

Cette diffusion s’est faite avec l’accord de l’équipe et de la direction de l’unité « Magazines ». En ce qui concerne le coût du reportage acheté à la VRT, la direction de la RTBF ne souhaite pas communiquer cette information. Elle estime – à juste titre – que cette communication pourrait la déforcer par rapport à d’autres opérateurs audiovisuels. La direction de la RTBF assure qu’il est inexact de dire que les propositions de l’équipe de « Dossiers noirs » ont été refusées par « Bruxelles ».

Vous évoquez l’influence de lobbies internes à la RTBF. Vous semblez en savoir davantage que moi ! Pour ma part, je n’ai pas connaissance d’éléments permettant de conclure à une guerre entre « Bruxelles » et « Charleroi ». Cela étant, soyez assuré de mon attention quant à l’objet de vos préoccupations dans les limites de mes compétences et dans le respect de l’indépendance éditoriale de la RTBF.

Monsieur le président, je suis persuadée que M. Fontaine sera satisfait de ce que je viens de lui communiquer !

M. Philippe Fontaine (MR). – Il est un peu facile de se retrancher derrière la notion de secret commercial, vous ne me dites toujours pas ce qu’a coûté l’émission « Dossiers noirs ». C’est bien le problème !

Mme Fadila Laanan, –Pensez-vous que les autres opérateurs communiquent les prix de leurs acquisitions de droits de diffusion ? Eh bien ce n’est pas le cas ! Merci de ne pas poser de questions indiscrètes !

M. Philippe Fontaine (MR). – Madame la ministre, nous votons le budget de la RTBF ! À ce titre, nous sommes en droit de demander l’usage qui en est fait. Même à la RTBF, certains ne sont pas d’accord avec ce qui se passe, il est donc logique que les parlementaires qui ont vent de ces problèmes les répercutent.

Tout ce que je vous ai dit se trouvait d’ailleurs in extenso dans le communiqué de la CGSP de Charleroi. Je prends acte du fait qu’il n’y a plus de centre de production à la RTBF Charleroi. Cela veut dire que la communication passe très difficilement entre la direction du boulevard Reyers et Charleroi, cela m’étonne!

Quand je pense que la Belgique fait des reproches au Congo pour sa gestion et ne parvient pas à régler un problème entre deux services distants de 45 kilomètres. . . il y a de quoi rire ! Nous achetons des émissions à d’autres chaînes.

Dans le cas de la VRT, il faut en plus les traduire, ce qui occasionne des coûts supplémentaires alors qu’une équipe de la RTBF travaille sur ce même sujet. S’il n’y a plus de centre de production, les choses devraient quand même être plus faciles !

Mme Fadila Laanan, – Si un jour vous devenez administrateur général de la RTBF, vous verrez que ce n’est pas une tâche aisée.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je n’ai pas l’intention de diriger la RTBF. Je ne pense d’ailleurs pas que la majorité absolue du PS au conseil d’administration de cette institution me confierait ce poste. Mon rôle est de poser des questions et d’obtenir des réponses.

Mme Fadila Laanan, – Vous auriez mieux fait de passer par vos relais au CA qui possède toutes les informations qui pourraient vous être utiles.

M. Philippe Fontaine (MR). – Vous savez comme moi que ces réunions se passent à huisclos. C’est pour cette raison que je vous interroge ici, au parlement, car le débat est public.

Mme Fadila Laanan, – C’est aussi pour cela que je ne peux répondre à ce genre de question.

M. Philippe Fontaine (MR). – Il y a manifestement un problème organisationnel. Vous dites vous-même qu’il n’y a plus de centres de production, et je le savais.

Mais dès lors l’information devrait passer beaucoup mieux à l’intérieur de la maison et on devrait savoir qu’une équipe travaille sur un sujet et ne pas mettre une seconde équipe sur le même sujet. C’est du gaspillage !

La RTBF affirme que le sujet n’était pas prêt mais l’équipe de Charleroi soutient le contraire. Si cela se passe souvent comme ça, il n’est pas étonnant que les budgets explosent.