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Questions orales

     

 Questions du 24/04/08

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 L’avenir de la Médiathèque de la CF ...
Question orale du Député Philippe Fontaine à Fadila Laanan, Ministre de la Culture et de l'Audiovisuel, concernant :
« L’avenir de la Médiathèque de la Communauté française »


Madame la Ministre,
En octobre dernier, j’essayai de faire le point avec vous sur l’avenir de la Médiathèque de la Communauté française tant en matière de personnel qu’en matière d’évolution du service qu’elle offre à ses usagers.

En ce qui concerne le personnel, j’ai bien compris qu’il y aurait des pertes d’emploi se situant entre 30 et 50 équivalent temps plein. Vous n’aviez malheureusement pas pu être plus précise puisqu’il était question de « déplacer » 20 ETP vers des bibliothèques qui pourraient héberger le patrimoine et une partie du personnel des centres qui seraient fermés.

En ce qui concerne l’évolution des missions de la médiathèque, vous affichez la volonté d’actualiser un service de prêt physique de CD en l’adaptant au nouveau mode de diffusion qu’est le téléchargement de titres par le biais d’internet. L’objectif n’est évidemment pas seulement de se mettre à la mode mais d’enrayer la crise structurelle que traverse la Médiathèque qui voit depuis longtemps son volume de prêts de CD diminuer dangereusement avec une répercussion directe sur la situation financière de l’institution.

Vous m’avez d’ailleurs rappelé avec insistance que l’objectif n’était pas de concurrencer les plate-formes purement commerciales puisqu’ il y a une différence fondamentale que je n’ai pas perçue, me disiez-vous, qui est que la Médiathèque est non-marchande !

Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :

- Etes-vous en mesure d’être plus précise sur le nombre d’ETP dont la Médiathèque devra se séparer ? Combien cela fera-t-il de personnes ?
- Vous parlez de deux ans pour finaliser le partenariat avec les bibliothèques. Pouvez-vous garantir le maintien des 20 ETP que vous prétendez ainsi sauver pendant les deux ans que va prendre la finalisation du partenariat avec les bibliothèques ?
- Depuis novembre 2006, la plate-forme de téléchargement payant couvre quelques 12 catégories musicales. Les tarifs pratiqués par la Médiathèque sont identiques en moyenne à ceux pratiqués sur les plate-formes commerciales et vont de 0,49€ à 1,99€. Puisque l’offre est au même prix, il faut susciter l’intérêt de l’usager autrement. Votre proposition est la diversité culturelle et le conseil aux usagers.
- Disposez-vous d’indicateurs qui montrent que les téléchargements tendent à compenser la perte de prêts physiques de CD ?
- La nature des téléchargements permet-elle de vérifier que c’est la diversité culturelle qui attire les usagers « internet » ?
- Le profil des usagers permet-il de vérifier que la diversité culturelle s’adresse de plus en plus au plus grand nombre et non pas à une élite ?

- Enfin, il n’y a rien de neuf dans la plate-forme de téléchargement de la Médiathèque. Je veux dire par là qu’elle n’anticipe pas une mutation dans les pratiques des usagers. Elle ne fait que s’adapter à une évolution en tentant de la rattraper. En cela, vous êtes-vous penchée sur l’évolution parallèle des modes de production musicale qui permet de nouvelles sources de création musicale ?
- Les « Home studios » et les logiciels de création musicale voient fleurir une vraie production musicale de grande qualité dont il faudra tenir compte. « Démothèque » met déjà à la disposition du grand public cette production musicale. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce nouveau partenariat entre le Conseil de la musique et la Médiathèque ? Pensez-vous qu’il soit porteur demain ? Aussi en terme d’emploi ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
– J’ai toujours été très précise sur la question de l’emploi à la Médiathèque. Pour assurer l’équilibre financier de l’institution, la direction de la Médiathèque a estimé nécessaire de licencier 30 ETP en février dernier. Il s’agissait de départs volontaires et de mises en prépension.

De même, la direction estime que 20 ETP devront quitter la Médiathèque dans un peu moins de deux ans. Pour réduire au maximum ce nouveau licenciement, la Médiathèque tentera de transférer les travailleurs vers de nouveaux employeurs potentiels, en cédant des centres de prêt à des opérateurs culturels potentiellement intéressés par une reprise. J’ai déjà expliqué cela plusieurs fois. Je ne peux être plus claire.

Je ne peux vous préciser combien de repreneurs se porteront garants pour les travailleurs licenciés. Il semble que certains pouvoirs locaux semblent réellement intéressés par ces reprises. De mon côté, j’ai demandé pour cette année une augmentation de 10 % de la subvention accordée à la Médiathèque, ce qui a permis de sauver 10 ETP.

Le parlement a toujours été informé du problème de l’emploi. Comme je vous l’ai indiqué en répondant à une question précédente, la Médiathèque n’a jamais prétendu que les téléchargements sur Internet permettraient de compenser les pertes dues à la diminution des prêts physiques.

La plate-forme de téléchargement n’a jamais été considérée comme une solution miracle pour rendre à la Médiathèque sa santé d’antan, mais plutôt comme une des orientations vers lesquelles elle devrait se diriger. Renoncer au téléchargement reviendrait d’ailleurs à déclarer forfait pour l’avenir.

L’objet du contrat-programme et l’esprit qui anime la Médiathèque depuis plus de cinquante ans visent la diversité culturelle que cette institution souhaite offrir à ses usagers. Ce n’est pas la nature des téléchargements qui détermine la diversité culturelle. Ce seront toujours les artistes les plus en vogue du moment qui seront les plus téléchargés.

C’est la diversité des offres qui caractérise les services et le travail de la Médiathèque. La diversité culturelle de la plate-forme relève de la même problématique que celle du prêt physique. Les chiffres les plus évocateurs sont les 450 000 membres enregistrés depuis sa création et les 350 000 titres d’albums, films et documents mis en prêt physique.

La Médiathèque dispose actuellement de 250 000 titres téléchargeables, chiffre qui grimpera progressivement jusqu’à 900 000. Je ne vois pas sur quel autre critère vous pourriez établir le profil des usagers pour dire qu’il ne s’agit pas d’une élite. Monsieur Fontaine, vous revenez sur cette plate-forme de téléchargement à chacune de vos questions, en prenant position contre ce développement. Vous semblez ne pas apprécier les missions essentielles ni l’esprit qui anime cette institution depuis plus de cinquante ans. Je ne comprends pas votre point de vue.

Vous auriez sans doute préféré fermer l’asbl purement et simplement. Vous avez raison, la plate-forme de téléchargement de la Médiathèque vient après le développement des plates-formes commerciales. Était-ce une raison pour y renoncer ? Je ne le crois pas. Vous évoquez aussi les nouveaux modes de production musicale. De quels modes de production parlez-vous ?

Au bout de la chaîne de création, l’oeuvre musicale est généralement disponible en numérique. Ce sont les modes de diffusion et de consommation qui évoluent sans cesse et qui font l’objet de ce dossier. Le contrat-programme visait également à développer des projets pour soutenir nos artistes, notamment débutants. La Médiathèque compte impulser plusieurs projets.

La démothèque met depuis plusieurs années à la disposition de ses usagers les démos remises par nos artistes. La Médiathèque m’informe qu’elle souhaite développer un projet de diffusion et de promotion sur internet des artistes débutants.

Des contacts ont été pris avec le Conseil de la musique. La Médiathèque m’informe que la transformation prochaine de son site en une plate-forme davantage interactive devrait comporter une partie spécifique pour les artistes débutants.

En conclusion, monsieur Fontaine, comme je l’ai indiqué dans mes réponses précédentes, il s’agit pour la Médiathèque d’évoluer dans le cadre de son nouveau contrat-programme et d’essayer de transférer des centres de prêt pour éviter le plus possible de licenciements et leur fermeture.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je n’ai jamais dit que j’étais opposé à la Médiathèque. Je m’interroge sur son avenir et sur les voies choisies dans le contrat-programme pour son évolution d’évoluer et le maintien des emplois. Plusieurs personnes ont été licenciées, vous l’avez confirmé.

Dix postes à temps plein ont été sauvés et nous espérons garder les vingt autres encore en balance. L’avenir de la Médiathèque reste incertain. Je ne conteste pas que ce type d’institution puisse éprouver des difficultés à s’adapter à l’évolution de la technologie.

Le développement de la Médiathèque doit pouvoir se faire avec d’autres moyens. Il faudrait faire plus de publicité sur les possibilités de la Médiathèque. L’utilisation de nouvelles technologies permet d’informer d’autres publics.