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Questions orales

     

 Questions du 24/01/08

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 Les conséquences attendues de la circulaire...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Arena, Ministre-Présidente du Gouvernement de la Communauté française, concernant :
« Les conséquences attendues de la circulaire relative au taux de participation aux voyages scolaires »


– Madame la ministre-présidente,
en février 2007, je vous interrogeais sur le taux de participation aux voyages scolaires, classes de découverte et de dépaysement.
Dans votre réponse, vous me précisiez que, dans certaines écoles et depuis trop longtemps, le taux maximum de participation des élèves était trop bas pour garantir un traitement équitable.

Vous ajoutiez que comme ces activités étaient choisies par l’équipe pédagogique pendant l’année scolaire et organisées dans le cadre des programmes de cours, l’ensemble des élèves devait y participer.
C’était confirmer votre volonté de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Vous avez gagné votre pari puisque, dans certains établissements, ces activités ont été purement et simplement annulées, faute d’avoir atteint le quota de 90 % fixé par votre circulaire.

Chaque élève est ainsi mis sur un pied d’égalité mais dans une logique de nivellement par le bas.

L’argument de la qualité du projet pédagogique ne suffit pas à justifier un tel taux de participation. Vous me répondiez également que personne ne pourrait accepter que seuls 60 % des élèves assistent au cours de math ou 35 % à un cours de biologie parce que ces cours font partie de l’obligation scolaire tout comme, ajoutiez-vous, les classes de découverte et de dépaysement, ce que l’on peut comprendre.

Le problème est double. Il y a celui de la participation financière qui peut être résolu grâce aux différents mécanismes instaurés dans les écoles.
Mais le vrai problème est la volonté délibérée de certains parents de ne pas faire participer leurs enfants à des activités de découverte et d’ouverture sur le monde.
Nous sommes en période de classes de neige. Les classes vertes et autres se dérouleront dans quelques mois. Les exemples d’annulation d’activités, faute d’avoir atteint le seuil minimum de participation, nous parviennent.
Comment les établissements doivent-ils gérer ce trou dans leur projet pédagogique ?
Vous dites que ces activités font partie de l’obligation scolaire. Comment faut-il l’interpréter pour les élèves qui n’y participent pas ? Pourraient-ils, eux ou l’établissement, être sanctionnés et comment ? Si non, peut-on vraiment dire que cette activité fait partie de l’obligation scolaire ?

En ne permettant à aucun élève d’une classe de participer, vous mettez certes tous les élèves de cette classe sur pied d’égalité mais créez une inégalité plus importante encore avec les classes voisines, ou avec les autres implantations d’un même établissement qui peuvent faire le voyage.

Ne cultivez-vous pas une fois de plus le paradoxe en voulant l’éviter ? Avez-vous pensé aux jeunes à cause desquels la classe ne peut pas partir ?

Pouvez-vous décemment comparer les activités de dépaysement avec un cours de mathématiques ou de biologie ? Si oui, ne devriez-vous pas les rendre obligatoires sans autre nuance ou supprimer ce quota qui empêche aujourd'hui de nombreux enfants de partir ?

L’organisation d’un voyage scolaire requiert 90 % de participation. Quand un élève rate le cours de mathématiques, il remet un certificat médical. Il est très facile d'inscrire 90 % des élèves pour pouvoir organiser le voyage et de faire couvrir par certificat ceux qui n'auraient pu partir. On rencontre ces pratiques dans certaines écoles.

Je ne les cautionne évidemment pas, mais j’aimerais savoir ce que vous en pensez. Le quota est excessif, il risque de permettre à certains parents qui refusent le projet pédagogique de l'école d'empêcher les autres enfants d'y participer.

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner ?
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
J’ai déjà répondu récemment à des questions de Mme Defraigne et de M. Bracaval à ce sujet. La question d’aujourd’hui n’apportant pas de plus-value aux précédentes, je ne ferai que me répéter.

Ces activités offrent aux élèves l’occasion de découvrir un environnement géographique, historique et humain différent. Pour certains, c’est aussi une des rares occasions de voyager. Il ne faut certainement pas supprimer les voyages pédagogiques. Il faut, au contraire, les rendre accessibles à tous. Je soutiens pleinement leur organisation si l’objectif pédagogique est avéré. Il faut toutefois noter que comme ces activités sont organisées dans le courant de l’année académique, elles sont soumises à la législation sur l’obligation et la gratuité scolaires, comme c’était déjà le cas sous la législature précédente.

Ces voyages étant choisis par l’équipe pédagogique et organisés dans le cadre des cours, tous les élèves, ou au moins un maximum d’entre eux, doivent donc normalement y participer. Permettre à 40 % des élèves de ne pas participer systématiquement à un projet pédagogique revient à cautionner l’absentéisme. Nous parlions tout à l’heure d’absentéisme scolaire avec M. Destexhe.

J’estime qu’il faut rester cohérent. Vous ne voulez certainement pas cautionner le « brossage » systématique de 40 % des élèves ! Les taux de participation aux classes de dépaysement relevés depuis plus d’un an permettent de tirer un bilan positif de la mesure et contredisent vos propos.

Dans le secondaire, sur 2 077 demandes d’autorisation, vingt-six ont été refusées en raison du trop faible taux de participation. Dans seulement la moitié de ces vingt-six cas, le taux était largement inférieur à l’ancienne norme de 75 %, ce qui aurait de toute façon entraîné un refus sous la précédente législature. Sur ces 2 077 dossiers, 246 ont fait l’objet d’une dérogation de l’administration, en raison d’une motivation adéquate et proportionnée. À ceux qui critiquent le manque de souplesse de la mesure, je réponds que la circulaire stipule clairement la possibilité d’une dérogation pour les taux de refus situés entre 75 et 90 %, et que les écoles y ont fait appel pour 246 voyages.

Ainsi, une classe comprenant une proportion importante d’élèves qui doublent et qui ont déjà participé au voyage pédagogique organisé l’année précédente peut obtenir une dérogation. Faire deux fois le même voyage aurait un effet négatif sur ces élèves. Ces derniers ne partiront pas, et l’école leur proposera un programme spécifique. Ce genre de dérogation est prévu et analysé par l’administration.

En matière de demandes d’autorisation, on enregistre une légère baisse des dossiers pour les voyages de très courte durée dans l’enseignement ordinaire, et un statu quo pour les voyages de longue durée. On constate également une forte augmentation des demandes dans l’enseignement spécialisé. De telles fluctuations prouvent que la mesure ne porte pas à conséquence et que ceux qui prétendent le contraire se trompent. Il n’y a donc pas de raison de soulever un problème qui ne se pose pas. Moins d’un pour cent des voyages ont été refusés en raison des nouveaux taux.

Cela montre que cette procédure est adéquate et juste, et que, grâce à elle, chaque enfant se voit proposer de partir au même titre que tous les autres élèves. Je fais totalement confiance aux équipes pédagogiques, aux parents d’élèves et au secteur médical. Vous parlez de certificats de complaisance, de fraudes et de faux dans le chef de certaines personnes. À ce jour, je n’en ai pas connaissance. Il serait utile que vous fassiez parvenir à l’administration les preuves de ce que vous avancez. Cela nous permettrait d’intervenir auprès des écoles concernées.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je remercie la ministre-présidente de sa réponse et de ses précisions sur l’application de la circulaire. En ce qui concerne les faux certificats, tout le monde sait évidemment qu’ils n’existent ni dans l’enseignement ni dans le monde du travail !

Sans doute le médecin ne peut-il pas toujours déterminer si le patient est effectivement capable de participer à une activité ou non, et s’il y a que vingt-six cas de refus de dérogation, ce sont vingt-six cas de trop. Je crains que, dans une classe d’élèves issus de milieux défavorisés, où il n’y pas de mixité sociale, certains parents influencés par leur religion et opposés à l’ouverture sur le monde refusent que leurs enfants participent à de tels voyages, même si les moyens financiers ont été dégagés.

Mme Marie Arena, – Dans le même ordre d’idées, certains parents refusent que leur fille participe au cours de gymnastique ou même de biologie.

M. Philippe Fontaine (MR). – Le danger est qu’une classe philosophiquement homogène ne puisse partir en voyage à cause d’un noyau dur qui veut l’en empêcher. Il conviendrait peut-être d’accorder des dérogations dans de tels cas.