Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
– La « Carte blanche » des parents d’élèves à haut potentiel, publiée ce 6 juillet 2007 dans La Libre Belgique, n’était malheureusement pas signée et l’école en question n’était pas identifiée. Il m’était dès lors difficile de prendre contact avec des parents insatisfaits ne donnant pas leurs coordonnées !
L’expérience menée par mon prédécesseur, le ministre Hazette, consistait à faire encadrer les enfants à haut potentiel par des jeunes gens dans le cadre du plan Rosetta. Il s’agit de jeunes de moins de vingt-six ans inscrits comme demandeurs d’emploi et, souvent, ne disposant pas d’un diplôme de l’enseignement supérieur ou même d’un CESS.
Je ne suis pas opposée à envisager des stratégies pédagogiques adéquates et adaptées, y compris un encadrement spécifique, pour les enfants à haut potentiel au même titre que pour les enfants dyslexiques ou dyscalculiques. Nous en parlons depuis trois ans.
Vous conviendrez que le procédé imaginé par mon prédécesseur était inefficace voire fallacieux d’un point de vue intellectuel. Si les enfants à haut potentiel nécessitent une attention particulière, ce n’est pas une raison pour les faire encadrer par des jeunes de très bonne volonté, certes, mais inexpérimentés et ne disposant pas du moindre titre ou de la moindre formation pédagogique. Dois-je rappeler le cas de ce jeune éducateur qui a attaché un enfant à sa chaise ?
Si l’on vous suivait dans cette voie, les enseignants seraient totalement désemparés car des jeunes gens relevant d’un plan Rosetta ne répondraient probablement pas à leurs attentes. Vous demandez ce qui a été entrepris concrètement pour ces enfants. D’abord, nous avons pérennisé l’action menée avec les universités et le réseau d’écoute et d’accompagnement des jeunes à haut potentiel.
À l’époque de mon prédécesseur, les organes de contrôle de la Communauté française, parmi lesquels l’Inspection des finances, ne voulaient plus entendre parler du projet tel quel. Ils l’estimaient trop peu respectueux de l’orthodoxie budgétaire et légale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car nous en avons modifié le montage.
Désormais, les universités peuvent travailler dans le calme et la sérénité, grâce à un financement annuel récurrent qui fait l’objet d’un avis positif et sans faille de l’Inspection des finances. Demandez aux universités ce qu’elles pensent de leurs nouvelles conditions de travail, la réponse sera claire ! C’est par une sensibilisation et une formation adéquate que l’on dotera les enseignants des outils appropriés pour faire face à cette problématique.
J’ai fait développer des modules de formation ad hoc – c’est une première dans notre système éducatif – pour le fondamental et le secondaire, mais aussi pour les CPMS et l’enseignement spécialisé. Je songe notamment à l’enseignement spécialisé de type 8 où l’on retrouve également des enfants à haut potentiel. Ces modules ont été élaborés l’année dernière et testés cette année dans des écoles normales, notamment la Haute École Defré de Bruxelles.
Étant donné le succès rencontré, ces modules sont aujourd’hui inscrits au catalogue de l’IFC et pourront être comptabilisés, dès septembre, dans les journées de formation obligatoire. La procédure de reconnaissance par l’IFC a duré plusieurs mois. Le dispositif de la formation continuée des enseignants en Communauté française développé par mes prédécesseurs est ce qu’il est, et j’ai tenu à m’y conformer. Aujourd’hui, grâce à la reconnaissance de l’IFC, les enseignants peuvent choisir ces formations. Je ne reviendrai pas sur l’arsenal des mesures prises pour aider les enseignants.
Sur le plan européen, le système éducatif de la Communauté française est l’un de ceux qui présentent la plus grande diversité d’outils : jury central, saut de classe, pédagogie différenciée, projets d’établissement spécifiques, liberté dans l’attribution des périodes/ professeur, etc. Nous devons faire preuve d’humilité face à ce qui s’est passé au Collège de Notre-Dame de Basse-Wavre et ne pas porter de jugement hâtif sur des faits dont nous ne connaissons pas les détails pour l’instant. Le haut potentiel est une problématique complexe et multiforme qui dépasse largement le champ scolaire. Si l’école doit participer, on ne peut exiger d’elle qu’elle règle toutes les difficultés ou qu’elle ne tienne pas compte de la diversité et de la richesse de notre société. C’est dans cet esprit que nous devons travailler avec les enfants à haut potentiel.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je vous remercie pour votre réponse mais, très honnêtement, je ne vois pas de grand changement par rapport aux réponses précédentes. L’essentiel de votre argumentation consiste à critiquer les actions de votre prédécesseur, madame la ministre-présidente, notamment le recours à des jeunes de moins de 26 ans n’ayant pas les compétences ou les capacités requises.
Aujourd’hui, on n’hésite pas à envoyer de jeunes enseignants frais émoulus de l’école normale dans des classes à discrimination positive, ce qui est une des causes des problèmes rencontrés dans notre enseignement.
Mme Marie Arena, – Je rappelle que nous parlons du plan « Rosetta ».
M. Philippe Fontaine (MR). – Il n’y a pas que des gens sans compétences qui travaillent dans ce cadre.
Mme Marie Arena, – Ceux qui ont des compétences se retrouvent dans l’enseignement avec leur titre, et non dans un plan « Rosetta ».
M. Philippe Fontaine (MR). - Il n’y a pas de pénurie chez les psychologues, vous le savez bien ! Vous critiquez systématiquement tout ce que le ministre Hazette a fait.
Mme Marie Arena, – Il n’a pas fait grand-chose !
M. Philippe Fontaine (MR). – Bien entendu, le ministre Hazette n’a rien fait, et c’est vous qui avez tout fait ! On voit d’ailleurs les résultats des dispositions que vous avez prises dans la précipitation. En tout cas, pour les enfants à haut potentiel, on ne peut pas dire que vous ayez travaillé dans la précipitation.
Vous avez commencé par supprimer ce qu’avait fait votre prédécesseur et, aujourd’hui, nous allons enfin avoir des modules de formation pour les enseignants. Je m’en réjouis mais le dossier n’a pas beaucoup progressé depuis que vous êtes en fonction.
Mme Marie Arena, – Adressez-vous aux universités, elles vous répondront !