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Questions orales

     

 Questions du 17/07/07

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 La numérisation du patrimoine culturel...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Fadila Laanan, Ministre de la culture, concernant :
« La numérisation du patrimoine culturel »


Madame la Ministre,
Le 14 juin dernier vous assistiez à la présentation officielle du Guide en ligne des manuscrits médiévaux conservés en Wallonie et à Bruxelles qui est un élément de votre politique de préservation et de valorisation du patrimoine culturel.

Je ne peux que me réjouir que cette initiative du Centre International de Codicologie ait abouti à la mise à la disposition du plus grand nombre d’ouvrages très anciens par centaines diffusant ainsi notre culture et notre savoir.

Ce résultat est le fruit d’une collaboration entre différents niveaux de pouvoir, chercheurs, experts et conservateurs ce qui est probablement le seul moyen pour pouvoir mener à bien une telle mission.

Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :

- Cette étape de numérisation de notre patrimoine culturel n’est qu’une pièce de l’immense puzzle que constitue cette mission dans sa globalité. La Communauté française lui a accordé 39.000€ de subsides et une dotation annuelle de 7000€. Cette dotation semble dérisoire, que prend-elle en charge  ?
- Est-elle suffisante pour espérer voir cette initiative s’inscrire dans le temps, un des buts avoués de la numérisation autant que la mise à disposition du public ?

- Ce Guide semble n’être qu’une première étape dont la suite serait la numérisation de tous les manuscrits en Communauté française.
- Cette deuxième étape est-elle déjà sur les rails ?
- Avez-vous une idée de son coût ?

- Par ailleurs, la Bibliothèque Royale qui est partie prenante dans la numérisation des 1300 manuscrits conservés en Communauté française, s’est lancée dans d’autres opérations de numérisation d’ouvrage très anciens. La Communauté française est-elle partie prenante dans ces autres numérisations ?
- Si oui, pouvez-vous me donner le budget y consacré ?

- Vous annoncez la présentation d’un plan de numérisation du patrimoine culturel en ajoutant que c’est votre grand enjeu. Je pense en effet qu’il est de taille. Vous ajoutez que tous les secteurs sont concernés. Ce plan concernera-t-il l’ensemble des secteurs dont le cinéma, la presse et les arts plastiques ?

- Vous parlez vous même de trouver un budget significatif. Il sera colossal et j’espère que vous en avez conscience. En combien de temps estimez-vous pouvoir atteindre votre objectif ?

- Vous parlez vous même de course contre la montre dans certains secteurs ?
- Cela veut-il dire que vous avez déjà établi des priorités ? Lesquelles ?

- Vous annoncez que lors de la présentation du plan de numérisation du patrimoine culturel vous présenterez un annuaire des institutions concernées. Comment vont s’opérer vos choix parmi ces institutions ?

- Pouvez-vous enfin me donner une estimation du budget global d’un tel plan ?

- Avez-vous des collaborations prévues avec le secteur privé ? Lesquelles ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre  Fadila Laanan,
– Le travail d’inventoriage des manuscrits médiévaux conservés en Communauté française, dans les institutions tant publiques que privées, est l’une des étapes d’un inventaire plus large sur l’ensemble du patrimoine culturel mobilier de notre Communauté Wallonie- Bruxelles.

Avant toute réflexion sur la numérisation du patrimoine, il faut inventorier celui-ci et recenser ses lieux de détention. Vu son expertise, le Centre international de codicologie pour les manuscrits médiévaux a été chargé de cette mission. Cette opération a effectivement nécessité un investissement de trente-neuf mille euros pour le travail d’inventaire et la conception du site www.cicweb.be.

La subvention récurrente de sept mille euros servira à la maintenance du site, opération qui s’inscrit dans les recommandations européennes sur les bonnes pratiques. Dans ce cadre, la collaboration avec la Bibliothèque royale, qui héberge le Centre international de codicologie, a consisté en l’élaboration informatique du site et non en l’inventaire. Si ce site ne donne pas directement accès aux manuscrits numérisés, il comporte une partie pratique sur les heures d’ouverture des institutions et les conditions de consultation des manuscrits.

Des vignettes présentent des pages remarquables des plus beaux manuscrits. De son côté, la Bibliothèque royale mène, depuis plusieurs années, une opération de numérisation des manuscrits de la Bibliothèque de Bourgogne, en collaboration avec la maison d’édition Brepols. Les manuscrits médiévaux ne font pas partie des objets patrimoniaux les plus en danger car leur support se conserve très bien dans de bonnes conditions d’hygrométrie et de luminosité.

La Communauté française collabore avec la Bibliothèque royale sur des projets précis comme la numérisation de la presse du XIXe siècle. Ceci permet la reconstitution en numérique de collections complètes grâce à la mise en commun des collections fédérales et de nos institutions.

De même, la bibliothèque numérique de la Communauté française ne peut être envisagée sans une collaboration avec la Bibliothèque royale, ne serait-ce que pour éviter les doublons, mais aussi pour numériser les éditions les plus remarquables de nos auteurs lorsqu’elles font partie des collections fédérales. La Communauté française mène des opérations comparables dans d’autres domaines comme les collections muséales ou les archives privées. Certains pans du patrimoine doivent effectivement être sauvegardés d’urgence.

C’est bien entendu le cas des collections de la Cinémathèque de la Communauté française, dont environ 15 % sont atteintes du syndrome du vinaigre. Il va de soi que le plan que je présenterai en septembre abordera l’ensemble des secteurs du patrimoine culturel mobilier.

Tous les domaines de la culture sont confrontés à la nécessité d’organiser l’archivage de leurs productions : archives historiques, audiovisuelles, littéraires, musicales. C’est à partir de leur priorité, en termes de conservation et de diffusion, ainsi que des budgets prévisionnels que le pool de valorisation numérique déterminera les priorités pour l’ensemble du patrimoine de la Communauté française.

Ma volonté est bien sûr de collaborer avec le secteur privé tant au niveau de la technologie qu’à celui de la levée des fonds. C’est ainsi qu’un certain nombre de spécialistes issus du privé ont été conviés à participer au pôle de valorisation numérique. Une progression budgétaire sur plusieurs années est indiquée dans la note « priorités culture » adoptée par le gouvernement le 7 novembre 2005. Nous aurons l’opportunité de revenir sur ce débat lorsque je présenterai mon plan au gouvernement en automne 2007.

M. Philippe Fontaine (MR). – Madame la ministre, ce que je viens d’entendre est assez décevant. Nous aurons une nouvelle en septembre. Vous nous avez mis l’eau à la bouche avec cette vitrine des manuscrits médiévaux.

Mais il n’y a rien derrière ! Il y a des années qu’on parle de numérisation et on en est toujours à étudier le problème. Pendant ce temps-là, les supports se dégradent. Je suis désolé de constater qu’on ne prend pas le problème à bras le corps.