Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
– Le travail d’inventoriage des manuscrits médiévaux conservés en Communauté française, dans les institutions tant publiques que privées, est l’une des étapes d’un inventaire plus large sur l’ensemble du patrimoine culturel mobilier de notre Communauté Wallonie- Bruxelles.
Avant toute réflexion sur la numérisation du patrimoine, il faut inventorier celui-ci et recenser ses lieux de détention. Vu son expertise, le Centre international de codicologie pour les manuscrits médiévaux a été chargé de cette mission. Cette opération a effectivement nécessité un investissement de trente-neuf mille euros pour le travail d’inventaire et la conception du site www.cicweb.be.
La subvention récurrente de sept mille euros servira à la maintenance du site, opération qui s’inscrit dans les recommandations européennes sur les bonnes pratiques. Dans ce cadre, la collaboration avec la Bibliothèque royale, qui héberge le Centre international de codicologie, a consisté en l’élaboration informatique du site et non en l’inventaire. Si ce site ne donne pas directement accès aux manuscrits numérisés, il comporte une partie pratique sur les heures d’ouverture des institutions et les conditions de consultation des manuscrits.
Des vignettes présentent des pages remarquables des plus beaux manuscrits. De son côté, la Bibliothèque royale mène, depuis plusieurs années, une opération de numérisation des manuscrits de la Bibliothèque de Bourgogne, en collaboration avec la maison d’édition Brepols. Les manuscrits médiévaux ne font pas partie des objets patrimoniaux les plus en danger car leur support se conserve très bien dans de bonnes conditions d’hygrométrie et de luminosité.
La Communauté française collabore avec la Bibliothèque royale sur des projets précis comme la numérisation de la presse du XIXe siècle. Ceci permet la reconstitution en numérique de collections complètes grâce à la mise en commun des collections fédérales et de nos institutions.
De même, la bibliothèque numérique de la Communauté française ne peut être envisagée sans une collaboration avec la Bibliothèque royale, ne serait-ce que pour éviter les doublons, mais aussi pour numériser les éditions les plus remarquables de nos auteurs lorsqu’elles font partie des collections fédérales. La Communauté française mène des opérations comparables dans d’autres domaines comme les collections muséales ou les archives privées. Certains pans du patrimoine doivent effectivement être sauvegardés d’urgence.
C’est bien entendu le cas des collections de la Cinémathèque de la Communauté française, dont environ 15 % sont atteintes du syndrome du vinaigre. Il va de soi que le plan que je présenterai en septembre abordera l’ensemble des secteurs du patrimoine culturel mobilier.
Tous les domaines de la culture sont confrontés à la nécessité d’organiser l’archivage de leurs productions : archives historiques, audiovisuelles, littéraires, musicales. C’est à partir de leur priorité, en termes de conservation et de diffusion, ainsi que des budgets prévisionnels que le pool de valorisation numérique déterminera les priorités pour l’ensemble du patrimoine de la Communauté française.
Ma volonté est bien sûr de collaborer avec le secteur privé tant au niveau de la technologie qu’à celui de la levée des fonds. C’est ainsi qu’un certain nombre de spécialistes issus du privé ont été conviés à participer au pôle de valorisation numérique. Une progression budgétaire sur plusieurs années est indiquée dans la note « priorités culture » adoptée par le gouvernement le 7 novembre 2005. Nous aurons l’opportunité de revenir sur ce débat lorsque je présenterai mon plan au gouvernement en automne 2007.
M. Philippe Fontaine (MR). – Madame la ministre, ce que je viens d’entendre est assez décevant. Nous aurons une nouvelle en septembre. Vous nous avez mis l’eau à la bouche avec cette vitrine des manuscrits médiévaux.
Mais il n’y a rien derrière ! Il y a des années qu’on parle de numérisation et on en est toujours à étudier le problème. Pendant ce temps-là, les supports se dégradent. Je suis désolé de constater qu’on ne prend pas le problème à bras le corps.