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Questions orales

     

 Questions du 18/07/07

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 La création d’une grande université à...
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Dominique Simonet, Ministre de l’Enseignement Supérieur, concernant :
« La création d’une grande université à Mons par fusion de la Faculté polytechnique et de l’UMH »


Madame la Ministre,
Une nouveau projet de fusion entre les Facultés polytechniques de Mons et l’Université de Mons Hainaut a été présenté récemment en vue de créer l’Université de Mons.

L’objectif poursuivi est de créer une nouvelle entité plus forte dont l’offre de formation est plus « stable et plus diversifiée » pour reprendre les paroles d’un des deux recteurs mais leur ambition ne s’arrête pas là, il s’agit aussi « d’assurer une offre d’enseignement de qualité, de développer des équipes de recherche performantes et d’être attractif sur le plan international . » Le Hainaut, une fois de plus, est le parent pauvre en matière d’offre universitaire pour la province la plus peuplée de Wallonie et il s’agit de combler le retard important en terme d’accès des jeunes hennuyers aux études universitaires.

Les collaborations entre ces deux universités ne sont pas nouvelles puisqu’elles collaborent déjà à travers l’Académie Wallonie-Bruxelles. Elles envisagent d’ailleurs d’avoir des contacts plus étroits avec l’Académie Wallonie-Europe, autour de l’université de Liège.

Les deux universités posent évidemment certaines conditions dont le maintien des règles actuelles de financement pour 10 ans, offrant la stabilité recherchée ainsi qu’une augmentation des habilitations, car diversifier l’offre et garder les étudiants est à ce prix.

Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :

- Les délais annoncés portent sur le 1er janvier 2009, or vous devez décréter avant cela. Pensez-vous pouvoir tenir ce timing au risque de voir une nouvelle fois capoter le projet ?
- Les universités concernées demandent un engagement sur le financement sur 10 ans au moins. Pourrez-vous garantir ce financement ?
- Une offre plus diversifiée est prévue notamment un deuxième cycle en droit. L’impact concurrentiel sur les autres universités de la Communauté française a-t-il été évalué ?
- Les autres universités, qui collaborent avec les deux universités actuelles, cautionnent-elles ce rapprochement ?
- Lors du décret Bologne, les habilitations géographiques ont fait l’objet d’un grand marchandage. Est-il prudent de les modifier ?
- N’est ce pas la porte ouverte à d’autres demandes ?
- Les collaborations et synergies actuelles ont-elles fait l’objet de garanties pérennes ?

- Ne leur avez-vous pas également conseillé de renforcer leurs liens avec l’Académie Louvain dont un des membres est justement la troisième montoise, la FUCAM ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre  Marie-Dominique Simonet,
– Vous m’interrogez, monsieur Fontaine, sur les « fiançailles », selon votre propre terme, entre l’Université Mons-Hainaut et la Faculté polytechnique de Mons, célébrées le 6 juillet. Mon chef de cabinet s’y trouvait.

Cette démarche est intéressante car elle est fondée sur des complémentarités propres, fortes et réelles, non seulement pour les enseignements, mais également pour les équipements et infrastructures. Elle transcende les synergies existantes en confortant les acquis et les partenariats. De plus, je me réjouis que deux autres académies aient annoncé leur souhait de renforcer leur collaboration.

Il s’agit de l’Académie Wallonie- Europe et de l’Académie de Bruxelles. Tout ce qui permet d’accroître le potentiel de nos institutions d’enseignement supérieur, notamment leurs synergies et l’augmentation de leur qualité, doit être encouragé en Communauté française. Vos questions touchent à l’ensemble de notre paysage d’enseignement supérieur.

Le travail sur les avancées de nos académies mises en place par le décret de 2004 est constant. Le paysage de l’enseignement supérieur se modifie. Le gouvernement a voulu donner des outils aux institutions afin qu’elles avancent sans coercition, selon leur potentiel, leur rythme et leur environnement. Je ne crois pas que l’offre d’enseignement se réduira, dans la mesure où les habilitations actuelles ne se recouvrent pas mais se complètent.

Les institutions ont profité de leur association pour introduire toute une série de demandes. Je n’ai aucun a priori particulier à ce sujet. La seule question qui m’importe est d’améliorer l’ensemble de nos partenariats. Quant à savoir combien de temps elles peuvent bénéficier de statuts ou si de nouvelles habilitations sont envisageables, elles n’ont qu’à introduire une demande.

Celle-ci sera examinée en tenant compte du paysage général de l’enseignement supérieur en Communauté française et de l’efficacité escomptée. Nous verrons, en fonction de l’équilibre général, ce qu’il est possible de faire en inter- ou intra-académie. Il est vrai que le délai est court, mais si la volonté d’avancer existe, nous l’encouragerons.

D’ici à janvier 2009, nous ferons en sorte que l’essentiel de la structure juridique nouvelle soit mis en place. C’est de l’ordre du raisonnable, sauf à supposer que les partenaires rencontrent des difficultés imprévues. Ils ont, de plus, envisagé une période transitoire de cinq ans afin d’assurer une évolution harmonieuse et une convergence des pratiques de gestion.

Nous savons bien que, dans tout rapprochement de ce type, les pratiques ne sont pas les mêmes et qu’il faut rassurer et adapter le personnel. N’étant pas dans le pouvoir organisateur de ces deux institutions, je ne puis me prononcer sur la question des pertes d’emplois. Je pense néanmoins que ces institutions auront à coeur d’être attentives à leur personnel et je ne crois pas que ce rapprochement entraînera de prime abord des licenciements.

Il appartiendra cependant aux établissements d’imaginer le modèle qui leur conviendra. Nous savons tous qu’un acte juridique n’efface pas d’un coup de baguette magique le vécu et les habitudes. La période de cinq ans sera donc utile. Quand on voit la volonté que manifestent les deux institutions pour réussir le regroupement, j’ai le sentiment que l’on se dirige vers une issue heureuse dans des délais relativement courts.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je suis favorable à la réussite de ce mariage. Je pense que nous devons être rapides si nous souhaitons mener ce projet à bien. Les fiançailles ont déjà été célébrées à plusieurs reprises. Je crains que les négociations ne deviennent de plus en plus difficiles et que nous soyons confrontés, dans quelques années, à un nouvel échec de cette entreprise.

Cette fusion me paraît pourtant indispensable pour Mons et pour le Hainaut. Une université digne de ce nom verrait ainsi le jour. Les institutions sont là. Il est temps de comprendre que la collaboration s’impose. J’ai bien entendu votre intention.

Je pense qu’il nous faut poser, dès 2009, un acte fort. Nous devons concrétiser cet accord, quitte à ce que les négociations continuent, étape par étape. Je sais très bien qu’un tel projet ne peut être finalisé en un jour.