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Questions
du 26/04/07 |
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Le financement des manuels scolaires ... |
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Dominique Simonet, Vice Présidente et Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche scientifique et des Relations internationales, concernant :
« Le financement des manuels scolaires palestiniens par la Communauté française »
Madame la Ministre,
Je ne reviendrai pas sur la position du Gouvernement de la Communauté française (et du Gouvernement wallon d’ailleurs) qui va totalement dans le sens des conclusions du Conseil des Affaires générales de l’Union européenne du 30 janvier, à savoir de subordonner les aides futures au Gouvernement palestinien au respect des trois principes fondamentaux de non violence, de reconnaissance de l’Etat d’Israël et de l’acceptation des accords existants. Cet engagement n’ayant pas eu lieu, l’Union suspend donc partiellement son aide.
Dans la réponse à la question de mon éminent collègue Jean-Luc Crucke sur la suspension par l’Union européenne de l’aide accordée au gouvernement palestinien, vous précisiez en effet que l’Union européenne ne comptait pas interrompre totalement son aide, estimant, à juste titre, ne pas faire payer à la population le prix de ses décisions et qu’elle étudiait les moyens de faire parvenir de l’aide en contournant le gouvernement. Vous ajoutiez que la Région wallonne et la Communauté française aidaient elles aussi toujours les Palestiniens par le biais d’ONG et notamment dans le domaine de l’enseignement et de la formation. Vous évoquiez également la possibilité d’accroître ces aides au bénéfice des Palestiniens par le truchement des ONG pour organiser un partenariat universités palestiniennes et institutions d’enseignement supérieur de la Communauté française.
Madame la Ministre, avant d’aller plus avant, qu’il soit clair que je cautionne totalement la position actuelle de la Communauté française.
Cependant - certaines de vos collègues savent déjà que j’ai de saines lectures- j’ai lu dans le journal du mardi un dossier concernant la guerre des manuels scolaires à laquelle se livrent Palestiniens et Israéliens en truffant leurs manuels scolaires respectifs, aux dires des rédacteurs de ce dossier, de propos révisionnistes, de contrevérités et autres omissions toutes volontaires sur l’origine historique ou la réalité géographique de l’autre communauté. La confusion entre état, religion et enseignement est évidente semble-t-il.
L’Observatoire de l’impact de la paix épluche les manuels scolaires utilisés dans les territoires contrôlés par l’Autorité palestinienne et observe donc un certain nombre de problèmes dans l’utilisation qui en est faite. La réalité de la situation est que ces manuels scolaires ont été partiellement financés par l’Union européenne qui a manqué de vigilance par rapport au contenu de ces manuels.
Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :
- Dans quelle mesure, les aides que la Communauté française accorde aujourd’hui aux Palestiniens peuvent-elle servir au financement de manuels scolaires ?
- Il est en tout cas prévu d’envoyer des ouvrages scientifiques. S’agit-il d’ouvrages édités chez nous ou l’aide va-t-elle permettre de les éditer en Palestine ?
-N’est-il pas préoccupant, vu le contexte de ces aides, que celles-ci puissent servir d’une quelconque manière à alimenter la haine entre les peuples ?
- La Communauté française a jugé utile de se doter d’un outil de contrôle de ses propres publications à caractère scolaire. Dès lors qu’elle subventionne également l’édition de manuels scolaires à destination de la Palestine, une certaine forme de contrôle ne pourrait-elle aussi s’exercer sur ceux-ci ?
Enfin, Il apparaît que les manuels scolaires israéliens contiendraient également une subtile manipulation de leur contenu qui influence négativement la perception que l’on peut avoir du Palestinien ou de l’Etat palestinien.
- Est-il prévu dans les accords entre l’Etat d’Israël et la Communauté française des collaborations en matière d’enseignement ?
- Sous quelle forme ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre Marie Dominique Simonet,
– La réponse à votre question est très simple.
Le financement de manuels scolaires n’est pas un projet porté par la Communauté française mais bien par le ministre fédéral de la Coopération au développement, par l’intermédiaire de la coopération technique belge. Je vous invite donc à lui poser vos questions. Je crois d’ailleurs qu’il a déjà répondu à de nombreuses questions parlementaires sur ce sujet.
J’ajouterai que la Communauté française envoie en Palestine des ouvrages juridiques en langue française édités en Europe. En partenariat avec l’INRASI et l’IAD, nous soutenons également, par l’octroi de bourses de stages, la mise en place d’une structure de formation aux métiers audiovisuels à l’Institut des médias modernes de l’université Al-Quds. Nous aidons la section sciences du langage, orientation traductologie, à l’université de Bir Zeit, toujours sous forme de bourses de stages.
Notre coopération dans le domaine de l’éducation avec l’État d’Israël se traduit par des échanges boursiers, ainsi que par l’enseignement de la langue, de la littérature et de la culture françaises via deux lecteurs : l’un à l’université de Tel- Aviv et l’autre à l’université hébraïque de Jérusalem.
Nous préparons également un cycle de conférences sur la culture wallonne et bruxelloise dans les écoles secondaires israéliennes. La situation que vous décrivez est certes déplorable, mais la Communauté française ne participe au financement d’aucun manuel scolaire.
M. Philippe Fontaine (MR). – Madame la ministre, je vous remercie pour cette réponse et je me réjouis d’apprendre que la Communauté française n’est pas impliquée dans la rédaction de manuels scolaires qui viseraient plus l’endoctrinement que l’éducation.
Les quelques projets dont vous avez parlé montrent que notre collaboration en matière éducative va dans le sens du dialogue plutôt que dans l’entretien de la haine. Les conflits ne se règlent pas à coups mitraillettes, de bazookas ou autres armes.